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À La Une - Interview

Geagea à « L’OLJ » : Il revient au peuple syrien de décider de l’opportunité du plan de règlement décidé hier par la Ligue

C’est un constat plein d’amertume à l’égard de la mission des observateurs arabes en Syrie qu’a dressé hier soir le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, quelques heures après la conférence ministérielle de la Ligue arabe qui s’est tenue hier au Caire afin de prendre connaissance du rapport du chef de cette mission d’observateurs. Ce constat d’amertume, il l’a accompagné, dans une interview express accordée en soirée à L’Orient-Le Jour, d’une ferme condamnation du laxisme et de l’irresponsabilité dont fait preuve le gouvernement actuel vis-à-vis des multiples atteintes, syriennes et iraniennes, à la souveraineté libanaise, sans compter, au plan interne, le cafouillage au niveau du réajustement des salaires et l’inqualifiable détérioration des services publics, plus précisément en ce qui concerne l’électricité et les télécommunications.


Réagissant à chaud au plan de règlement annoncé hier par la Ligue arabe afin de mettre fin à la crise syrienne, le leader des FL a souligné qu’il revient en définitive au peuple syrien de se prononcer sur l’opportunité de ce plan. Il a toutefois émis des doutes quant à l’acceptation de ces propositions par le régime baassiste.


Évoquant par ailleurs le rapport du chef de la mission des observateurs arabes, le leader des FL l’a qualifié de « particulièrement décevant ». « Il ressort de ce rapport que les observateurs arabes sont soit déconnectés totalement de la réalité en Syrie, soit qu’ils sont complices (du régime syrien), a déclaré M. Geagea. Le document soumis hier à la conférence ministérielle arabe fait assumer en effet la responsabilité de la violence aussi bien au gouvernement syrien qu’à l’opposition. C’est à se demander si les observateurs avaient pour mission de s’entreposer entre les deux parties, ou au contraire de mettre un terme à la violence, d’assurer le retrait de l’armée syrienne des grandes localités, d’obtenir la libération des prisonniers politiques, et de garantir la libre circulation des journalistes, comme le stipule le protocole signé par la Ligue et le régime syrien. »
Et le leader des FL de préciser sur ce plan, en constatant que les observateurs en dévié de leur mission : « Le problème de base en Syrie est la révolte populaire qui secoue le pays depuis mars dernier. L’usage de la violence de la part de l’armée syrienne libre n’est qu’une conséquence de cette révolte populaire. Il faut donc s’attaquer au fond du problème et non pas à ses conséquences. Le mandat des observateurs a été reconduit pour une période d’un mois. Force est de relever dans ce cadre qu’au cours du premier mandat de ces observateurs, la violence s’est fortement accrue. Dans quel but le mandat est-il donc reconduit ? S’il s’agit de constater simplement le recours à la violence et de faire assumer la responsabilité aux deux parties, cette mission serait alors inutile car à la base, le but des observateurs, comme le prévoit le protocole, est non pas de constater la violence mais d’œuvrer à y mettre fin et de s’assurer du retrait de l’armée syrienne des villes. »

Hommage à la position saoudienne
Estimant ainsi que l’initiative de la Ligue arabe a fait chou blanc, M. Geagea souligne qu’il serait préférable dans de telles conditions de mettre fin à la mission des observateurs arabes et de transmettre le dossier syrien au Conseil de sécurité de l’ONU, ou à défaut à l’assemblée générale des Nations unies. Dans ce cadre, le leader des FL a rendu hommage à la position de l’Arabie saoudite qui a retiré ses observateurs de la mission de la Ligue car leur maintien, a-t-il précisé, reviendrait à « couvrir les tueries qui se produisent quotidiennement dans les localités syriennes ».
M. Geagea a appelé à ce propos les autres pays arabes à suivre l’exemple de l’Arabie saoudite et à retirer leurs observateurs. « Si cette mission doit se poursuivre, a toutefois ajouté le leader des FL, il faudrait que cela soit conditionné impérativement par un retrait effectif de l’armée syrienne des villes et par un engagement sans équivoque du régime syrien à respecter le droit de l’opposition à s’exprimer librement, parallèlement à l’organisation dans un délai d’un mois d’un référendum, sous l’égide de l’ONU, portant sur le maintien ou non du président Bachar el-Assad au pouvoir. »

L’affaire des pêcheurs du Nord
Le leader des FL s’est par ailleurs élevé contre l’enlèvement par les autorités syriennes des trois pêcheurs au large des côtes du Liban-Nord, et a réfuté la thèse selon laquelle ces derniers se livraient à un trafic d’armes en direction de la Syrie, soulignant que si tel était le cas, le régime syrien n’aurait pas accepté de libérer deux de ces pêcheurs (le troisième ayant été tué). « À l’exception de la position du président de la République qui a condamné cette agression, nous n’avons perçu aucune réaction franche de la part du gouvernement, a déploré M. Geagea. Le gouvernement doit demander des excuses aux Syriens qui devraient en outre accorder des indemnités aux pêcheurs. »
Soulignant que l’exécutif devrait ordonner le déploiement de l’armée le long des frontières avec la Syrie « car c’est de cette façon qu’il serait possible de mettre fin à la contrebande d’armes, si celle-ci existe réellement », M. Geagea a exprimé sa vive inquiétude à la suite de la recrudescence depuis quelque temps des atteintes et des agressions contre les opposants syriens en territoire libanais. « Le Liban a toujours été le pays des libertés, a déclaré M. Geagea. Nous ne pouvons donc tolérer que des opposants syriens soient la cible d’agressions ou de vexations pour la seule raison qu’ils sont contre le gouvernement actuel en Syrie. Il est déplorable à ce sujet que certains services de sécurité libanais portent atteinte aux opposants syriens. Un tel comportement doit cesser. »


M. Geagea a par ailleurs stigmatisé les propos du chef de la brigade el-Quds des gardiens de la révolution iranienne, Kassem Suleimani (qui a considéré que le Liban-Sud est soumis à l’influence de Téhéran), de même qu’il a condamné la position attribuée au régime syrien (qui aurait reproché au gouvernement libanais d’avoir permis à Ban Ki-moon et à Ahmet Davutoglu d’avoir critiqué le régime syrien à partir de Beyrouth). « Ces deux attitudes prouvent que Damas et Téhéran ne perçoivent le Liban que sous l’angle d’un terrain de confrontation, a déclaré M. Geagea. Nous rejetons ces deux positions au niveau de la forme et du fond. Le Liban est le pays de la liberté d’expression, à plus forte raison lorsque ce sont le secrétaire général de l’ONU ainsi que le ministre des Affaires étrangères d’un pays ami qui s’expriment à Beyrouth. »

Les services publics
Abordant ensuite le volet des services publics, M. Geagea a noté que la situation des réseaux d’électricité et de téléphone mobile n’a jamais été aussi désastreuse et a atteint « son plus bas niveau depuis dix ans ». « Les ministres (aounistes) concernés disent qu’un blocage au niveau du gouvernement les empêche d’appliquer les réformes qu’ils nous promettent depuis longtemps, a souligné M. Geagea. Si tel est réellement le cas, ils devraient démissionner. S’ils ne le font pas, ils assument alors l’entière responsabilité de la dégradation actuelle. »
Commentant enfin le refus du ministre du Travail, Charbel Nahas, de signer le décret sur les indemnités de transport car il le juge « illégal », M. Geagea souligne que c’est au Conseil d’État et non à un ministre de juger de la légalité ou de l’illégalité d’un décret. « Le gouvernement a voté sur ce plan et a pris une décision, a déclaré le leader des FL. Le ministre doit donc se soumettre à la décision du gouvernement ou présenter sa démission. »

C’est un constat plein d’amertume à l’égard de la mission des observateurs arabes en Syrie qu’a dressé hier soir le chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, quelques heures après la conférence ministérielle de la Ligue arabe qui s’est tenue hier au Caire afin de prendre connaissance du rapport du chef de cette mission d’observateurs. Ce constat d’amertume, il l’a...
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