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Lifestyle - Patrimoine

À Rome, l’Institut de pathologie du livre « soigne » les écrits précieux

Toutes sortes de spécialistes, comme des artisans, des chimistes et des biologistes, travaillent à la réparation d’ouvrages.

Un ouvrage endommagé par des termites exposé à l’institut. Alberto Pizzoli/AFP

Guerres, inondations, rats ou termites, l’Institut de la pathologie du livre de Rome offre depuis plus de 70 ans son savoir-faire pour « soigner » les livres et écrits précieux endommagés par des évènements en tous genres ou pour expertiser une œuvre.
Fondé en 1938, « cet institut interdisciplinaire a été le premier de ce genre au monde », raconte Marina Bicchieri, responsable du département chimie de l’institut, sollicité même pour une exposition du célèbre autoportrait de Léonard de Vinci. L’Icpal est l’institution de référence en Italie pour tous les problèmes liés à la conservation et à la restauration des livres et des archives, et le Vatican y a aussi recours quand il a besoin d’une aide hautement spécialisée. « Les principaux problèmes que nous rencontrons sont dus à l’eau, à la chaleur, la poussière et aux insectes. Certaines bactéries réussissent même à proliférer dans des bibliothèques », explique Flavia Pinzari, responsable du département biologie.
Le musée à l’intérieur de l’institut illustre en détail les types de dégâts que peuvent subir les ouvrages avec des livres percés de trous gros comme le poing faits par des termites, d’autres « mangés » par des champignons ou des rats, quand ils ne sont pas troués par des balles. « Après les récentes inondations en Toscane, nous avons été appelés par les autorités locales pour les aider avec leurs archives inondées », explique Mme Pinzari. L’institut leur a conseillé de « congeler les livres car cela empêche l’eau de diluer l’encre et les micro-organismes de se propager, puis, dans un second temps, nous lyophiliserons l’eau, la faisant passer de l’état solide à celui de gaz, évitant qu’elle n’abîme les livres », poursuit Mme Pinzari.
Dans cet institut, travaillent coude-à-coude chimistes, biologistes, spécialistes de la littérature ou artisans habiles à relier les livres à l’ancienne, reconstruisant les pages en papier ou en parchemin, et recollant les miniatures des vieux manuscrits. Ils utilisent des microscopes électroniques à rayons X, mais aussi des poinçons, de vieilles presses ou des instruments spéciaux pour « vieillir » artificiellement le papier. « Nous consultons les vieilles recettes, certaines datant du Moyen Âge, pour élaborer les couleurs et certains types d’encre. En consultant des fragments des rouleaux de la mer Morte, nous avons découvert une encre fabriquée, entre autre, avec du sang », raconte Mme Pinzari. Mme Bicchieri et une des collaboratrices du département chimie ont ensuite créé une encre en donnant un peu de leur sang pour étudier ses différentes caractéristiques.
L’institut s’appuie aussi sur un réseau d’entreprises spécialisées, en Italie et à l’étranger, pour la fabrication de différents types de parchemin, ou au Japon pour la fabrication d’un papier spécial qui sert à « reconstruire » les pages endommagées. Une restauratrice travaille avec un poinçon sur une lettre de l’ex-dirigeant italien Aldo Moro et « insère » un minuscule fragment de papier japonais dans un trou situé dans un angle de ce document en le « collant » à l’aide d’une pellicule spéciale très fine, fabriquée à l’institut. « Ces lettres seront photographiées puis insérées dans des pochettes très fines faites avec une sorte de plastique spécial qui respire, permettant leur consultation », explique Mme Pinzari à propos des dernières lettres du leader démocrate-chrétien avant son assassinat par ses ravisseurs, les terroristes des Brigades rouges. « Le livre n’aime pas bouger, voyager. Il s’adapte à son environnement, même quand il n’est pas idéal, mais c’est le changement de température et d’humidité et la manipulation qui lui causent le plus de dégâts », dit Mme Bicchieri qui parle des documents dont elle s’occupe comme s’il s’agissait de ses enfants. « Même les livres les plus anciens ont été écrits et sont faits pour être lus. Nous devons donc trouver le juste milieu entre consultation et conservation », ajoute Mme Pinzari.
L’institut a créé il y a deux ans une école pour les restaurateurs qui suivent une formation théorique et pratique de cinq ans à l’issue de laquelle ils pourront travailler de manière indépendante dans ce domaine.
         (Source : AFP)
Guerres, inondations, rats ou termites, l’Institut de la pathologie du livre de Rome offre depuis plus de 70 ans son savoir-faire pour « soigner » les livres et écrits précieux endommagés par des évènements en tous genres ou pour expertiser une œuvre.Fondé en 1938, « cet institut interdisciplinaire a été le premier de ce genre au monde », raconte Marina Bicchieri,...

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