Ces précisions, qui sonnent comme autant de mises en garde, sont fournies au moment où les GI commencent à plier bagages en prévision d’un retrait définitif d’ici à la fin du mois. Sans doute pour s’en aller voir si, sous des cieux tout aussi peu cléments, il n’y aurait pas à mettre un peu d’ordre. Il ne faudrait pas douter que la partie visée par tout ce tintamarre guerrier est l’Iran. En fait, l’affolement du baromètre irano-américain a commencé en 1953, quand les États-Unis ont entrepris, avec l’aide des services de renseignements britanniques, de renverser le gouvernement de Mohammad Mossadegh, un héros aux yeux de ses concitoyens depuis qu’il avait nationalisé l’industrie pétrolière et donc attenté aux sacro-saints droits occidentaux sur l’or noir. Malgré le lâchage du chah à la veille de février 1979, les rapports avaient continué d’aller de mal en pis, jusqu’à l’affaire des otages de l’ambassade US puis l’appui à Bagdad dans son duel sanglant avec l’Iran, la « guerre des tankers », et enfin l’actuelle épreuve de force sur le nucléaire.
À chaque phase de la détérioration des rapports entre les deux grands ennemis répondait un engagement encore plus marqué de l’Amérique aux côtés de ses alliés régionaux, qui se traduisait par la fourniture de matériel militaire : F-15S chasseurs, hélicoptères d’attaque AH-64, blindés lourds M1 Abrams à l’Arabie saoudite ; 13 milliards de dollars à l’Égypte sur une période de dix ans, alors que la dette du Caire se monte déjà à quelque 4,2 milliards de dollars ; modernisation des chasseurs F-16, système de radars et hélicoptères Blackhawk à la Jordanie, pour un montant global de 11,38 milliards. Incapable de contrer cette mobilisation – on l’a bien vu lors du déroulement de l’opération Praying Mantis –, la République islamique a préféré se préparer à une guerre asymétrique comprenant munitions intelligentes, mines antipersonnel, tirs nourris de missiles et blindés légers. À cet arsenal – imposant quoi que l’on dise – s’ajoute la possibilité pour les ayatollahs de bloquer à tout moment le trafic naval à travers le détroit d’Ormuz par lequel transite une partie du pétrole exporté par les pays du Golfe et de perturber les fournitures à l’Europe de l’Ouest et à certaines contrées asiatiques.
À quelques mois d’élections cruciales, la partie ne s’annonce pas facile pour l’administration démocrate, tenue par l’engagement d’amputer les crédits militaires d’au moins 450 milliards de dollars sur une période de dix ans en vue de réduire le déficit budgétaire. Ces derniers temps, un accent particulier est mis sur une participation plus active des principales parties concernées. C’est à ce titre que les Irakiens devront participer aux manœuvres Eager Lion 12 appelées à se dérouler l’an prochain en Jordanie, que Qataris et Émiratis ont pris part aux bombardements de l’OTAN en Libye, que les Bahreïnis sont présents, de manière symbolique, en Afghanistan, qu’une force saoudienne a été dépêchée à Bahreïn pour mater la rébellion des chiites, majoritaires dans le royaume.
La perspective de se retrouver en confrontation directe avec l’Iran n’enchante pas les pays du Golfe, soucieux de rester frileusement couverts par l’ombrelle yankee. Très peu pour eux, la tactique de Gribouille, qui s’était jeté à l’eau pour éviter la pluie. Comment ne pas les comprendre ?
Kamel, comprito. Mais, pour être plus compréhensif et clair, tu dois parfois changer certains mots et user de certaines virgules. Avec tout mon respect. Anastase Tsiris
13 h 28, le 16 décembre 2011