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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les « révolutionnaires » égyptiens laminés mais toujours mobilisés

Les jeunes « révolutionnaires », moteurs de la révolte contre Hosni Moubarak en début d’année, ont raté le cap des législatives face aux islamistes, mieux implantés et organisés, mais ils se disent déterminés à poursuivre leur combat. « La période de transition a été un échec, un enchaînement de catastrophes et les forces révolutionnaires ont délaissé totalement les élections », reconnaît Moustapha Hussein, un médecin et blogueur de renom.
Les islamistes, toutes tendances confondues, ont raflé 65 % des voix lors de la première phase des législatives, dont la deuxième étape débute aujourd’hui et demain dans un nouveau tiers du pays. Quelques formations libérales nouvelles, comme le bloc égyptien du milliardaire copte Naguib Sawiris ou des personnalités comme Amr Hemzawi, analyste politique polyglotte élu au Caire, arrivent à tirer leur épingle du jeu. Mais aucun des blogueurs de renom, qui se veulent les gardiens de l’esprit « révolutionnaire », n’a à ce stade percé dans les urnes, et leur coalition-phare, « La révolution continue », a réalisé seulement 3,3 % des voix dans la première phase des élections. L’un des mentors historiques de la contestation anti-Moubarak, Georges Ishaq, du mouvement Kefaya, a été battu face à un islamiste à Port-Saïd.
Mi-novembre, les jeunes animateurs de la révolte anti-Moubarak ont à nouveau occupé l’emblématique place Tahrir au Caire pour réclamer la chute du conseil militaire aux commandes depuis le départ du Raïs le 11 février. Tout en démontrant qu’ils restaient mobilisés, ils n’ont pas obtenu gain de cause et ont focalisé leur attention sur le pouvoir militaire, quand dans le même temps les islamistes quadrillaient les circonscriptions.
« Les jeunes de la révolte de janvier n’ont pas de racines dans le pays », où l’on compte environ 40 % d’illettrés, souligne Antoine Basbous, de l’Observatoire des pays arabes, basé à Paris. « Ils sont influents parmi les élites urbaines qui surfent sur Internet, mais ils ont face à eux des Frères musulmans qui sont là depuis 80 ans. Ils sont divisés et n’ont pas d’autre stratégie que l’obstruction », relève-t-il. Les partis libéraux et les jeunes prodémocratie « ont cru qu’ils étaient en compétition les uns contre les autres, alors que la vraie compétition se jouait entre eux et les islamistes », reconnaît Moustapha Hussein.
Certains toutefois estiment que le mouvement porté en début d’année par le printemps arabe n’est pas prêt de s’éteindre. « Ce n’est pas le chapitre de la fin », estime le militant de gauche Hossam el-Hamalaoui. « Les généraux ont suscité les espoirs du peuple avec ce Parlement. Beaucoup de gens vont compter sur cette Assemblée pour résoudre des problèmes qui ne relèvent pourtant pas d’elle. La désillusion sera encore plus grande », prévoit-il. « Alors, il ne restera plus qu’à descendre dans la rue », ajoute-t-il.
Mona Seif, qui milite contre les procès de civils devant des cours militaires – des milliers depuis février –, dit ne pas être surprise par les résultats des élections et le faible soutien populaire aux manifestations contre l’armée. « Les révolutionnaires sont par définition en avance sur leurs concitoyens », explique-t-elle, en réponse à ceux qui taxent d’élitisme les mouvements prodémocratie, en les accusant d’être déconnectés de la société. Mais d’autres reconnaissent que les militants prodémocratie ne jouent pas à armes égales avec les Frères musulmans, le plus puissant des mouvements islamistes du pays, crédité à lui seul de 36 % des voix lors de la première phase du vote. « Nous ne promettons pas le paradis. Nous n’avons pas les ressources pour donner des emplois aux gens, comme les Frères musulmans le font », note Racha Azab, une journaliste et opposante.
©AFP
Les jeunes « révolutionnaires », moteurs de la révolte contre Hosni Moubarak en début d’année, ont raté le cap des législatives face aux islamistes, mieux implantés et organisés, mais ils se disent déterminés à poursuivre leur combat. « La période de transition a été un échec, un enchaînement de catastrophes et les forces révolutionnaires ont délaissé...

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