Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Diplomatie

La Russie vole à la rescousse de la Syrie

Moscou bloque une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU en pensant à sa situation interne, estiment les analystes.
Le refus de Moscou de condamner à l’ONU la Syrie pour la répression en cours chez ce vieil allié n’a fait que se renforcer avec les protestations en Russie contre le pouvoir de Vladimir Poutine, opposé par principe aux changements de régime, relevaient hier des analystes.
Moscou bloque depuis des semaines une résolution au Conseil de sécurité condamnant la répression sanglante orchestrée depuis mars par Damas contre le mouvement de contestation, dont le bilan s’établit selon l’ONU à au moins 5 000 morts. Après l’intervention lundi soir de la haut-commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, devant le Conseil de sécurité, où elle a annoncé ce nouveau bilan des victimes, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont revenus à la charge. Paris a jugé que le « silence » des Nations unies était un « scandale » et Berlin a estimé qu’il était « nécessaire pour les pays au Conseil de sécurité qui hésitent encore de changer d’avis ». « Nous pensons maintenant que le Conseil de sécurité doit agir », a pour sa part affirmé l’ambassadeur britannique à l’ONU, Mark Lyall Grant. « Nous estimons incroyable que le Conseil de sécurité n’ait pas parlé ces derniers mois », a quant à elle déclaré Rosemary DiCarlo, ambassadrice adjointe des États-Unis à l’ONU.
 
Lavrov rejette les critiques « immorales »
La réponse russe ne s’est pas fait attendre et elle n’a pas changé depuis le double veto russo-chinois d’octobre. « Ceux qui refusent de faire pression sur la partie extrémiste et armée de l’opposition (en Syrie) sont les mêmes qui nous accusent de bloquer le travail du Conseil de sécurité de l’ONU. Je considère que cette position est immorale », a déclaré hier le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dans une référence claire aux Occidentaux. « Nos partenaires (...) ne veulent pas condamner les violences des groupes armés extrémistes contre les autorités légales » de Syrie, a-t-il souligné, estimant que les opposants voulaient « provoquer une catastrophe humanitaire en vue de permettre une ingérence étrangère dans le conflit ». Il a ainsi accusé des opposants d’attaquer « des barrages de la police, des administrations publiques, des établissements d’études, des hôpitaux » à Homs, sans jamais évoquer les exactions commises par les fidèles du régime de Bachar el-Assad.
« La Russie est par principe opposée aux changements de régime à l’étranger, une pratique occidentale, américaine. Nous sommes traditionnellement contre l’ingérence dans les affaires intérieures », relève Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique internationale. À cela s’ajoutent aussi des intérêts en Syrie, un allié de l’époque soviétique qui abrite toujours une base navale russe à Tartous et qui reste un gros acheteur d’armements fabriqués en Russie. Pour Alexandre Choumiline, spécialiste du Moyen-Orient à l’Institut des États-Unis et du Canada à Moscou, la Russie campera d’autant plus sur cette position que le régime de Vladimir Poutine fait face au plus important mouvement de contestation depuis l’arrivée au pouvoir en 2000 de l’ex-agent du KGB. L’opposition russe a rassemblé des dizaines de milliers de personnes samedi à Moscou pour contester la victoire aux législatives du 4 décembre du parti au pouvoir et dénoncer des fraudes massives. Le scrutin a également été critiqué par les Occidentaux, notamment par la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton. Elle « nous tape dessus avec ces élections et nous la frappons avec la Syrie », explique M. Choumiline, « s’il n’y avait pas le conflit en Syrie, nous aurions trouvé une autre raison ». « La position russe ne découle pas tant des évènements en Syrie mais de considérations politiques internes, notamment depuis les élections. Le pouvoir, Vladimir Poutine veulent montrer leurs muscles sur des positions antioccidentales », poursuit-il.

L’UE demande à Moscou d’assumer ses responsabilités
Mais, en dépit de ces désaccords complexes, l’Union européenne va tenter de convaincre la Russie de s’associer aux sanctions contre le régime Assad lors du sommet avec le président Medvedev jeudi et vendredi à Bruxelles, a assuré hier la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. « J’espère une action du Conseil de sécurité. Tous ses membres doivent prendre leurs responsabilités car la situation est extrêmement urgente », a-t-elle affirmé. « Nous avons besoin d’un consensus international pour isoler le régime de Damas », a-t-elle plaidé, afin de contraindre le président Assad de « mettre fin à la violence contre sa population et permettre la transition ». Les États-Unis également ont répondu hier à M. Lavrov, pressant Moscou de se joindre à une action mettant fin au silence « impensable » du Conseil de sécurité. « Franchement, nous pensons qu’il est plus que temps que le Conseil de sécurité de l’ONU hausse le ton », a lancé la porte-parole du département d’État, Victoria Nuland. « Nous appelons de nouveau tous nos partenaires au sein du Conseil de sécurité à prendre des mesures et à s’exprimer au nom des innocents en Syrie... et cela comprend la Russie », a-t-elle continué. « C’est le régime Assad qui est immoral », a répliqué Mme Nuland à M. Lavrov, « de par la violence perpétrée contre son propre peuple ».
(Source : AFP)
Le refus de Moscou de condamner à l’ONU la Syrie pour la répression en cours chez ce vieil allié n’a fait que se renforcer avec les protestations en Russie contre le pouvoir de Vladimir Poutine, opposé par principe aux changements de régime, relevaient hier des analystes.Moscou bloque depuis des semaines une résolution au Conseil de sécurité condamnant la répression...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut