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Liban - Éclairage

Le PM et la reconnaissance de la communauté internationale

Avec son discours hier au Conseil de sécurité, le Premier ministre Nagib Mikati a obtenu une reconnaissance internationale de facto de son gouvernement, en dépit de toutes les tentatives et de toutes les rumeurs qui circulent au sujet de son isolement par la communauté internationale. Plus même, alors que le chef de l’État qui l’avait précédé à New York n’avait pas eu de rencontre avec les responsables américains (il n’en avait sans doute pas sollicité), la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton lui a consacré un entretien de 18 minutes, suivi par un aparté de 7 minutes avec son adjoint Jeffrey Feltman. Même si, selon les sources du 14 Mars, ces entretiens ont essentiellement porté sur l’engagement du Liban à respecter les résolutions internationales et sa position vis-à-vis de ce qui se passe en Syrie, il n’en demeure pas moins que Mikati est considéré désormais par l’Occident comme un interlocuteur officiel valable. Les thèses avancées par le 14 Mars sur le coup d’État constitutionnel qui aurait permis l’arrivée au pouvoir de l’actuel Premier ministre et sur le fait que son gouvernement serait celui du Hezbollah sont donc tombées de facto. Sinon, cela signifierait que l’administration américaine a entamé un dialogue indirect avec le Hezbollah...
De son côté, Nagib Mikati n’a pas modifié ses positions face à ses interlocuteurs américains. Selon ses proches, il aurait expliqué à M. Feltman que la situation en Syrie est un sujet très délicat pour le Liban, et, par conséquent, il n’est pas question de demander à ce pays d’adopter une position hostile au régime syrien au sein du Conseil de sécurité. En même temps, il a assuré à Mme Clinton que le Liban respectera ses engagements envers les résolutions internationales, notamment à l’égard du financement du TSL. Il aurait ainsi répété à ses interlocuteurs américains les positions qu’il affiche ouvertement dans ses entretiens avec la presse. Tout comme il a repris dans son discours la position du Liban en faveur de la proclamation de l’État palestinien, en dépit des pressions occidentales exercées sur le Liban à ce sujet.
Mikati est donc resté fidèle à lui-même, cédant là où il estime pouvoir le faire et s’accrochant à ses principes sur d’autres points, le tout avec calme et courtoisie, sans jamais provoquer ses interlocuteurs. Il continue de naviguer dans les eaux centristes, sans tenir compte des critiques qui lui sont adressées par ses adversaires, mais aussi au sein de la nouvelle majorité.
En effet, un débat se déroule actuellement au sein de la nouvelle majorité sur l’avantage d’avoir Nagib Mikati pour Premier ministre. Certaines personnalités rappellent que ce dernier veut financer le TSL, alors que le 8 Mars y est opposé. Il n’a pas ouvert le dossier des faux témoins, comme le réclamait le 8 Mars. Il refuse de changer les fonctionnaires (sunnites) qui ont contrevenu à la loi, comme le réclame le général Aoun, notamment le directeur général des FSI, le chef de l’unité des renseignements aux FSI, le procureur général près la République, le directeur d’Ogero et le secrétaire général de la présidence du Conseil. Il défend avec pugnacité les prérogatives sunnites. Il est en conflit permanent, parfois discret et parfois ouvert, avec le général Michel Aoun et il ne concède rien à ses alliés au sein de la majorité. Pour toutes ces raisons, ces personnalités au sein de la majorité se demandent si c’était vraiment une bonne idée d’avoir voté en faveur de Mikati pour la présidence du Conseil. D’autant qu’aux yeux de la minorité, ce gouvernement est celui du 8 Mars, alors qu’à cause de Mikati, ce camp ne parvient pas à gouverner et prendre les décisions qu’il réclamait du temps où il était dans l’opposition.
Les partisans de Mikati au sein de la majorité (et ils sont nombreux) réfutent ces arguments. Pour eux, le choix de Mikati reste particulièrement judicieux, d’abord pour montrer à tous que ce gouvernement n’est ni celui du 8 Mars ni celui du Hezbollah. De plus, les relations et la stature internationales de Mikati ont permis d’amortir le choc provoqué par la chute du gouvernement de Saad Hariri. En cette période particulièrement troublée dans la région, il fallait une personnalité qui rassure à la fois l’intérieur et l’extérieur, tout en ayant un engagement clair en faveur de la résistance. C’est le cas de Mikati qui, en dépit de sa souplesse affichée, ne cède pas sur l’essentiel, notamment sur le Hezbollah et la position officielle à l’égard des événements de Syrie.
Comment compte-t-il toutefois s’y prendre pour respecter son engagement par rapport au financement du TSL ? Cela reste la grande question, d’autant que le courant du Futur, qui avait songé un moment à présenter une loi en ce sens au Parlement par le biais de ses députés, a renoncé à l’idée pour ne pas faciliter la tâche au Premier ministre, en lui permettant d’éviter de soulever ce dossier au gouvernement et de laisser le Parlement décider seul. Or au sein du gouvernement, ce dossier est un sujet de discorde. Le Hezbollah, le CPL, les Marada et Amal sont opposés au financement du TSL alors que le président de la République (et ses ministres), Nagib Mikati (et ses ministres) et les ministres de Walid Joumblatt y sont favorables. Si le dossier est donc soumis au vote, la majorité des ministres y sera opposée et le projet sera rejeté. Le Premier ministre a songé à contourner cet obstacle par le biais d’une formule différente qui consisterait à publier un décret présidentiel qui serait signé par lui-même et par le ministre des Finances, sans passer par l’examen du Conseil des ministres. Mais déjà des voix ministérielles se sont élevées pour affirmer que le financement du TSL doit être examiné en Conseil des ministres. Bref, la tâche ne sera pas facile, mais il n’est pas non plus question pour le Premier ministre de ne pas remplir ses engagements. Les médiateurs s’emploient déjà à trouver une issue légale à ce qui semble être une mission impossible, mais toutes les parties concernées sont convaincues qu’un compromis sera finalement trouvé, car la communauté internationale ainsi que l’alliance qui a permis à Nagib Mikati de devenir Premier ministre sont de plus en plus convaincues que son gouvernement doit rester en place.
Avec son discours hier au Conseil de sécurité, le Premier ministre Nagib Mikati a obtenu une reconnaissance internationale de facto de son gouvernement, en dépit de toutes les tentatives et de toutes les rumeurs qui circulent au sujet de son isolement par la communauté internationale. Plus même, alors que le chef de l’État qui l’avait précédé à New York n’avait pas eu de rencontre...
commentaires (1)

Un vrai malin ce Mikati, il se taille une stature internationale alors qu'une tentative "d'attentat politique" avait été orchestré les 1ers jours de sa présidence par les 14 mars. Il passe entre les mailles du filet des 8 mars par des prise de position courageuses et indépendantes. Je pense que c'est surtout que la confiance reigne entre les acteurs de la majorité, en comparaison de l'ancienne équipe. C'est un PM qui n'a pas peur du travail en tout cas, son style pas trop vite le matin , doucement l'après midi lui fera éviter les pièges du confondre vitesse et précipitation. Faut dire que la région marche sur des oeufs, et qu'une fois la situation en Syrie et en israel clarifiée, notre PM nouveau pourra mettre les turbos.Scarlett nous dit: il rassure l'intérieure et l'extérieure! et elle même alors ??

Jaber Kamel

00 h 49, le 28 septembre 2011

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Commentaires (1)

  • Un vrai malin ce Mikati, il se taille une stature internationale alors qu'une tentative "d'attentat politique" avait été orchestré les 1ers jours de sa présidence par les 14 mars. Il passe entre les mailles du filet des 8 mars par des prise de position courageuses et indépendantes. Je pense que c'est surtout que la confiance reigne entre les acteurs de la majorité, en comparaison de l'ancienne équipe. C'est un PM qui n'a pas peur du travail en tout cas, son style pas trop vite le matin , doucement l'après midi lui fera éviter les pièges du confondre vitesse et précipitation. Faut dire que la région marche sur des oeufs, et qu'une fois la situation en Syrie et en israel clarifiée, notre PM nouveau pourra mettre les turbos.Scarlett nous dit: il rassure l'intérieure et l'extérieure! et elle même alors ??

    Jaber Kamel

    00 h 49, le 28 septembre 2011

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