Geagea : Les chrétiens ne seront pas des faux témoins face aux atrocités en Syrie

Le chef du parti des Forces Libanaises (FL) Samir Geagea a prononcé samedi soir un discours émaillé de messages au patriarche maronite Béchara Raï, au cours de la messe annuelle en hommage aux "martyrs de la résistance libanaise". La messe, organisée dans le stade Fouad Chéhab à Jounieh, était présidée par l'ancien patriarche, le cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, en présence de nombreux hauts responsables politiques et d'une foule de supporters.

"Les chrétiens d'Orient n'ont peur de personne, a lancé M. Geagea à l'ouverture de son discours. La présence des chrétiens dans la région n'a jamais été une question de chiffres, mais de valeurs et de spiritualité. Notre existence même représente un droit et un message important pour toute la région". "Les chrétiens d'Orient ne seront pas des faux témoins devant les atrocités du régime syrien. Et les institutions censées représenter les valeurs humaines ne doivent pas servir de bouclier protégeant un régime qui s'est montré prêt à tout pour rester en place", a-t-il affirmé dans une illusion claire à Mgr Raï, qui a récemment émis des propos controversés sur la situation en Syrie. "La peur d'une montée de l'extrémisme est légitime, mais elle ne doit pas servir d'excuses pour justifier la répression et les massacres", a souligné M. Geagea car, selon lui, "il n'y a pas plus extrémiste que le régime actuel en Syrie." "Qui a attaqué les chrétiens au Liban?, a-t-il demandé. Qui a détruit nos églises? Qui a bombardé Achrafieh, Zahlé et Aïn el-Remmeneh? (…) Qui a tué Béchir Gemayel, Kamal Joumblatt, René Mouawad et Rafik Hariri? Qui a laissé derrière lui des armes illégitimes et qui prennent actuellement le Liban en otage?", a-t-il lancé dans une allusion à peine voilée au régime baasiste.

Dans son discours qui a été interrompu à de nombreuses reprises par les applaudissements de la foule, M. Geagea a par ailleurs accusé le gouvernement libanais de mettre le pays dans une confrontation avec la communauté internationale en raison de ses prises de position vis-à-vis de la situation en Syrie. "L'image que ce gouvernement reflète du Liban représente le contraire de ce qu'est réellement ce pays", a-t-il dit.

Le chef des FL a également profiter de cette occasion pour lancer un appel au Hezbollah qui, selon lui, "se place au-dessus de la loi au nom de la résistance". "Certains au sein du Hezbollah pensent que ce sont les armes qui font la force du Liban, a indiqué M. Geagea. Mais ceux-là oublient que la présence de ces armes n'est plus tolérable, surtout après les récents développements régionaux. Les armes illégitimes constituent un fardeau pour les citoyens et le gouvernement et j'appelle le Hezbollah à les soumettre aux autorités libanaises sans délai."

Enfin, M. Geagea a rendu un vibrant hommage au cardinal Sfeir, soulignant que c'est la première fois qu'un patriarche préside la cérémonie. "Nous avons parmi le cardinal Sfeir qui s'inscrit dans la lignée historique des patriarches maronites qui ont été des pionniers dans la lutte pour la liberté et l'indépendance", a lancé le chef des FL.

Le patriarche Sfeir a eu droit à deux longs "standing ovation" de la part de toutes les personnalités présentes et de la foule de partisans rassemblés sur le lieu de la cérémonie.

Raï au Sud-Liban

De son côté, le patriarche Raï qui effectuait aujourd'hui une tournée dans le Sud-Liban a salué les réalisations des Forces libanaises, dans un message lu par l'évêque Roland Abou Jaoudé. "Vous êtes devenus aujourd'hui des résistants d'une autre nature qui sèment l'espoir dans le cœur de nos jeunes et l'amour pour la patrie", dit le message de Mgr Raï.

Plus tôt dans la journée, Mgr Raï avait rendu un hommage à la résistance des habitants du Sud face aux agressions israéliennes. Après s'être rendu à Tyr et à Cana, le patriarche maronite s'est dirigé à Alma al-Chaeb. "Sans votre résistance, nous ne serions pas aujourd'hui ici parmi vous, a dit le patriarche, tout en mettant l'accent sur l'importance de la coexistence islamo-chrétienne dans le pays. "Nous prions pour la stabilité du Liban et celle du sud", a-t-il ajouté. "La Croix et le Croissant ne seront jamais divisés, avait-il dit plus tôt dans la journée, à Cana. C'est cette coexistence, si bien ancrée, qui fait du Liban un message, un exemple de vie pour le monde entier."