Des milliers de partisans de Saleh ont fêté son retour à Sanaa sur l’une des principales places de la capitale, parallèlement aux affrontements avec l’opposition dans d’autres quartiers. Mohammad Huwais/AFP
La situation s’était relativement calmée en début d’après-midi à Sanaa mais les combats ont repris plus tard dans la journée, notamment dans le centre de Sanaa où les affrontements étaient violents. Les forces pro-Saleh tiraient des obus sur le quartier el-Hassaba (Nord), où les hommes du puissant chef tribal Sadek el-Ahmar, rallié à la contestation, étaient engagés dans des combats contre ceux d’un dignitaire tribal fidèle à M. Saleh, Saghir ben Aziz, selon des sources tribales. En fin d’après-midi, des tirs d’armes automatiques et des explosions retentissaient dans plusieurs quartiers de la capitale, mais surtout à el-Hassaba, ont indiqué des habitants.
En tout et pour tout, dix-huit personnes ont donc été tuées et 56 autres ont été blessées hier dans les combats, a rapporté Al-Sahwa.net, le site d’information du principal parti d’opposition, le parti islamiste al-Islah (réforme). Cela porte à 115 le bilan des morts depuis le regain des violences dimanche, selon des sources médicales et proches des belligérants.
À la mi-journée, des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées rue Sittine, jouxtant la place du Changement à Sanaa où ont été placés les cercueils de 40 personnes tuées dans les combats pour une prière collective. Sur la rue Sabiine, jouxtant le palais présidentiel, des milliers de pro-Saleh ont également prié à la mémoire de 21 militaires, dont les cercueils ont été exposés à la foule, et lancé des slogans à la gloire du président.
Plus encore, à Taëz, au sud-ouest de Sanaa, une personne a été tuée et deux blessées dans la chute d’obus sur la place de la Liberté alors qu’un hôtel a pris feu, a-t-on appris auprès de protestataires.
Sur le plan diplomatique, la Maison-Blanche a pressé M. Saleh d’ « engager une transition complète du pouvoir » et « condamné l’usage de la force » contre les manifestants, tandis que Paris a demandé au président yéménite d’engager rapidement le plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe.
Au pouvoir depuis 33 ans, M. Saleh a refusé jusqu’ici de céder en signant un plan de sortie de crise élaboré par les monarchies arabes du Golfe, malgré les pressions internationales. Le Yémen se trouve à un « carrefour très dangereux et sensible », a estimé le haut-commissaire pour les Droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, après la vague de violences qui a éclaté dimanche lorsque les pro-Saleh ont ouvert le feu sur des manifestants dans la capitale.
(Source : AFP)