Un soldat yéménite ayant fait défection se cache derrière des sacs de sable pendant les clashs d’hier à Sanaa. Mohammad Huwais/AFP
Rappelons que ces violences avaient éclaté lorsque les forces fidèles au président Saleh ont ouvert le feu sur des manifestants qui avaient décidé de marcher de la place du Changement vers le centre de la capitale. Des affrontements ont ensuite éclaté entre des unités fidèles au chef de l’État, dont la garde républicaine commandée par son fils aîné Ahmad, et la première division blindée du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar, dont les troupes protègent la place du Changement. Les combats se sont alors étendus à plusieurs quartiers de Sanaa, dans une apparente tentative de la garde républicaine d’encercler leurs adversaires.
Des accrochages aux armes légères et moyennes ont opposé hier à al-Hassaba (nord de Sanaa) les hommes du puissant chef tribal Sadek al-Ahmar, rallié à la contestation, et ceux d’un dignitaire tribal fidèle au président Saleh, Saghir ben Aziz, dont la résidence a été touchée par « 13 obus », selon des sources tribales. Six personnes ont été tuées dans ces accrochages.
La circulation était paralysée dans les secteurs des combats, notamment la rue Zoubeiri, nouvelle ligne de démarcation séparant désormais le nord de Sanaa tenu par le général Ahmar du sud de la capitale contrôlé par le camp loyaliste.
En outre, quatre autres personnes ont péri à Sanaa, selon des témoins et des sources médicales. Deux femmes ont été tuées par des tireurs embusqués sur les toits des immeubles qui ont visé la place du Changement où campent des manifestants anti-Saleh, et deux hommes sont morts dans un bombardement du secteur.
Les habitants de Sanaa avaient passé une quatrième nuit terrés dans leurs domiciles, apeurés par les déflagrations, et la circulation était paralysée dans la capitale où la plupart des magasins étaient fermés. Les routes menant à la capitale sont également restées fermées pour le troisième jour consécutif.
Malgré les combats, les protestataires sont demeurés dans le camp de toile érigé sur la place du Changement, proche de l’université de Sanaa, depuis février, même si un incendie s’est déclaré dans certaines tentes après la chute d’obus hier sur la place, selon des témoins. Un cessez-le-feu décrété par le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi s’est ainsi effondré, alors que le médiateur du Golfe Abdellatif Zayani a quitté Sanaa bredouille mercredi, estimant que les conditions n’étaient pas réunies pour un règlement du conflit. M. Hadi assure l’intérim en l’absence de M. Saleh qui se trouve en Arabie saoudite.
Dans ce contexte, le haut-commissaire pour les droits de l’homme de l’ONU a estimé que le Yémen se trouve à un « carrefour très dangereux et sensible ». Navi Pillay a relevé dans un communiqué qu’une mission de l’ONU au Yémen en juin dernier avait conclu à un « déploiement de force excessive » de la part du régime yéménite pour réprimer les manifestations. « Ces derniers jours, nous avons vu une répétition des mêmes tactiques “avec pour résultats” d’autres pertes en vies humaines », a-t-elle ajouté, insistant qu’il est décevant que les leçons n’aient pas été tirées et que des violations se soient répétées.
(Source : AFP)