Rechercher
Rechercher

Économie - Histoire

L’Argentine était il y a dix ans au bord du défaut... comme la Grèce

L’Argentine était il y a dix ans au bord d’un défaut, comme la Grèce aujourd’hui, mais son « modèle » de sortie de crise est difficilement applicable au pays européen malgré des similitudes frappantes.
« Longue récession, forts déficits, chômage en hausse, parité fixe, absurdes plans de rigueur », énumère, dans une interview avec l’AFP, l’ancien ministre argentin de l’Économie Roberto Lavagna (2002-2005).
Le père du spectaculaire rétablissement argentin, qui a permis au pays sud-américain d’enchaîner des taux de croissance « à la chinoise », voit dans la crise grecque des erreurs « très similaires » à celles commises avec l’Argentine.
Mise en garde lundi par le FMI contre le risque d’un défaut en cas de nouveaux retards de son plan de rigueur, Athènes a repris immédiatement les contacts avec ses créanciers pour discuter de la poursuite de l’aide au pays.
L’UE et le FMI ont mis en place en 2010 un plan de sauvetage de 110 milliards d’euros de prêt sur trois ans. Les Européens ont ensuite promis, le 21 juillet, près de 160 milliards d’euros.
Dans le cas de l’Argentine, un premier plan de sauvetage du FMI portant sur 40 milliards de dollars (29,4 milliards d’euros), puis un deuxième sur 29,5 milliards de dollars (21,6 milliards d’euros) se sont avérés incapables en 2001 d’empêcher la débâcle du pays.
Comme dans le cas de la Grèce qui refuse d’envisager une sortie de la zone euro, l’Argentine écartait toute dévaluation, respectant coûte que coûte une parité instaurée par la loi : 1 peso = 1 dollar.
« Un taux de change rigide associant des pays à forte productivité à d’autres dont la compétitivité est bien plus faible, cela ne peut qu’engendrer une crise », dit M. Lavagna.
Pour stopper les retraits bancaires et empêcher la chute des établissements financiers, l’Argentine gèle en décembre 2001 tous les dépôts. La mesure déclenche la plus grave crise économique et sociale de l’histoire du pays.
Une forte dévaluation est décidée : les Argentins voient leur épargne en dollars reconvertie en pesos, perdant dans l’opération 50 % du montant initial.
« Il arrive un moment où la situation devient intenable : c’est ce qui est arrivé en Argentine », dit Belen Olaiz, économiste chez Abeceb.com.
Le chômage dépasse en 2002 la barre de 20 % et le nombre de personnes en dessous du seuil de pauvreté atteint 50 %.
L’Argentine, après avoir déclaré un moratoire sur sa dette, écarte toute négociation avec ses créanciers et impose ses conditions.
« Le défaut de l’Argentine a été célèbre car le pays a imposé, en restructurant sa dette, une réduction de 75 % », relève la même économiste.
Surtout, « toutes les dettes en dollars ont été reconverties en pesos suivant la parité 1 dollar = 1 peso, alors qu’on dévaluait fortement le peso : l’effacement de la dette a été spectaculaire », explique-t-elle.
« Si la Grèce voulait réussir une opération similaire, elle devrait non seulement faire défaut, mais quitter l’euro, adopter de nouveau le drachme et convertir toute sa dette en euros en drachmes », dit Belen Olaiz.
Ces mesures ont un coût : l’Argentine est devenue un paria sur les marchés.
Or, grâce à un boom des matières premières qui tombe à pic, elle peut s’en passer. Dès 2003, le pays enregistre entre 7 et 8 % de croissance annuelle en moyenne, à l’exception de 2009.
Ce rétablissement est dû à la capacité d’exportation d’un pays qui est une puissance agricole mondiale. Difficile à comparer avec la Grèce.
« Lors de la chute du président Fernando De la Rua (1999-2001), le prix du soja était en dessous de 200 dollars la tonne », résume Belen Olaiz, ajoutant : « Il est depuis des années proche de... 600 dollars. Dans le succès de l’Argentine, la chance a aussi sa part. »
©AFP
L’Argentine était il y a dix ans au bord d’un défaut, comme la Grèce aujourd’hui, mais son « modèle » de sortie de crise est difficilement applicable au pays européen malgré des similitudes frappantes.« Longue récession, forts déficits, chômage en hausse, parité fixe, absurdes plans de rigueur », énumère, dans une interview avec l’AFP, l’ancien ministre argentin de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut