L’on a vu beaucoup d’interventions non justifiées. Sous de faux arguments, qui n’étaient même pas basés sur le droit d’ingérence mais sur de fausses preuves accusant l’Irak de détenir des armes de destruction massives. Une coalition menée par les États-Unis y a mené alors une guerre meurtrière qui a eu pour conséquence le démembrement du pays et la persécution des chrétiens, de telle façon qu’il n’en reste qu’un nombre limité, qui vivaient sur les terres qui sont les leurs avant même l’avènement de l’ère chrétienne.
Prônant une philosophie folle de démocratisation forcée du Proche-Orient, George W. Bush a mis le pays à feu et à sang avec les résultats désastreux qu’on connaît.
L’aventure se renouvelle cette fois avec la guerre en Libye, où les puissances occidentales, sous de faux arguments de droit d’ingérence, ont mené une guerre contre le pouvoir en place (nous ne débattons pas de la légitimité du pouvoir de Kadhafi, mais du principe d’ingérence). Ils ont fabriqué de toutes pièces « un cas » pour changer l’ordre établi. Ils ont prétexté qu’il y aurait un pseudo-génocide à Benghazi pour envoyer leur machine de guerre contre le gouvernement en place. Cette fois, le faux argument était le doit d’intervention et la vraie raison, économique bien sûr, mais aussi la « vengeance » franco-anglaise de celui que Paris et Londres accusent des attentats de Lockerbie et de l’UTA. L’on se pose une question légitime : est-ce que l’OTAN va intervenir pour empêcher le massacre qui s’y prépare à Bani Walid par les nouveaux maîtres de la Libye ?
Ou bien est-ce toujours le principe des deux poids, deux mesures qui prévaut ?
Encore une fois, l’indifférence ou la méconnaissance de la nature du pays sera à la base des rancœurs qui vont perdurer des dizaines d’années entre les régions libyennes et les tribus qui les composent.
L’exemple de la Syrie est présent à notre esprit. Le pouvoir minoritaire en place depuis 1970 est mis à mal par les opposants. La question principale est de savoir s’il y a lieu d’appliquer le droit d’ingérence humanitaire ou seulement d’appliquer des pressions sur ce pouvoir en l’amenant à démocratiser. Il n’y a pas de génocide, il y a une violente répression. Donc une intervention militaire n’est pas justifiée ; elle est même répréhensible. Tout le monde s’accorde à penser qu’une ouverture démocratique rapide et non étudiée est fatale pour la cohésion du pays et risque de le démembrer avec un danger sous-jacent pour les chrétiens de Syrie et à terme ceux du Liban si les extrémistes prennent le pouvoir. Il y aura certainement alors des exactions et des massacres dont seront victimes les deux communautés. Donc, est-ce trop demander que la transition se fasse plus calmement, parrainée par la communauté internationale ?
L’on se demande pourquoi ces mêmes puissances jalouses du droit international n’ont pas évoqué le droit d’ingérence pour se porter au secours des chrétiens d’Irak, massacrés et poussés à l’exil... Comment peut-on avoir confiance en ces pays après un abandon aussi honteux ?
Pour ne pas suivre L’exemple malheureux de l’Irak, il est donc nécessaire, pour l’intérêt de tous, que la transition en Syrie se fasse sans violence.
Alors, si ceux qui se sont offusqués de la position du patriarche maronite, lequel essaie de pousser vers une transition pacifique de la crise, peuvent mobiliser des armées pour défendre les chrétiens d’Orient, nous serons corps et âme avec eux. Mais s’ils ne le peuvent pas, qu’ils ne portent pas la responsabilité d’affaiblir celui qui porte le fardeau, non seulement de la défense de sa communauté, mais aussi de celle du reste des communautés chrétiennes d’Orient.