« Le processus a été entamé avec succès (...). La police et les douaniers kosovars, ensemble avec l’Eulex (la mission de police et de justice de l’UE) et la KFOR (la force de l’OTAN au Kosovo), se trouvent maintenant à deux postes-frontières », a déclaré le Premier ministre kosovar, Hashim Thaçi. « J’appelle les citoyens à la paix et à la retenue », a dit M. Thaçi à Pristina, à l’issue d’une réunion de son cabinet. Il a affirmé que les décisions de son gouvernement n’étaient dirigées contre « aucun groupe ethnique ».
Le déploiement de douaniers européens sur les postes-frontières a été confirmé à Bruxelles par Maja Kocijancic, porte-parole de Catherine Ashton, le chef de la diplomatie européenne. Les experts de l’Eulex ont commencé à mener « les opérations douanières en présence d’agents des douanes du Kosovo », a-t-elle précisé, en ajoutant que « cette opération est totalement conforme au mandat d’Eulex ». Les routes locales étant bloquées par des manifestants serbes, des hélicoptères de l’Eulex ont atterri près des deux postes-frontières de Jarinje et de Brnjak pour y déposer des policiers et des douaniers, ont constaté des journalistes sur place. Il s’agit de passages frontaliers où le gouvernement kosovar, dominé par les Albanais, avait déjà tenté en juillet de déployer des policiers et des douaniers, pour faire respecter un embargo commercial visant la Serbie, provoquant la colère de la population serbe locale et des incidents dans lesquels un policier kosovar albanais a été tué. Les deux passages sont depuis contrôlés par les militaires de la KFOR.
Anticipant le déploiement de la police kosovare à Jarinje et Brnjak, des Serbes du nord du Kosovo ont bloqué jeudi soir les routes menant vers les deux postes-frontières. Ils ont garé des camions en travers des routes menant à la frontière et quelque 350 personnes étaient rassemblées en fin de matinée à la barricade dressée près du passage de Jarinje. Plusieurs dizaines de manifestants serbes se sont rassemblés également à Brnjak. Le ministre serbe pour le Kosovo, qui s’est rendu auprès des manifestants, a également appelé au calme. « Nous ne pouvons défendre nos intérêts que de façon pacifique (...). Nous n’avons ni les armes, ni l’armée, ni la police, mais seulement les gens qui sont prêts à défendre leurs foyers et leurs familles », a déclaré M. Bogdanovic, cité par l’agence de presse Tanjug.
Le négociateur en chef serbe dans le dialogue avec le Kosovo, Borko Stefanovic, a affirmé que la Serbie n’avait pas d’objections à la présence de l’Eulex à la frontière, mais qu’elle s’opposait au contrôle des postes-frontières par les seuls policiers kosovars. M. Thaçi a pour sa part invité les autorités serbes « à renoncer enfin à leurs vains efforts visant à déstabiliser la région et à accepter une fois pour toutes que le Kosovo est indépendant, un et indivisible ».
Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet, a déclaré jeudi soir à New York être « très préoccupé » par la situation et a mis en garde contre toute opération qui « pourrait conduire vers une nouvelle flambée de violence ». De son côté, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a appelé hier au « calme » et à la « retenue » dans le nord du Kosovo.
(Source : AFP)