La Simulation du Parlement européen Canada-Québec (Specque) a été créée en 1998 par des étudiants en relations internationales de l’université de Laval. Rapidement, de nombreuses universités européennes et canadiennes se sont associées au projet qui rassemble chaque année des centaines d’étudiants, alternativement d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Pour sa quatorzième édition, les organisateurs ont choisi d’y inclure une délégation libanaise. « La diversité des profils a toujours été un de nos objectifs », assure Robin Huguenot-Noël, qui s’est chargé du recrutement des étudiants. « Cette année, nous avons voulu aller plus loin en faisant un appel à candidatures hors des frontières européennes et canadiennes. »
Les organisateurs contactent les milieux universitaires francophones d’Afrique et du Moyen-Orient et reçoivent des dizaines de candidatures. Finalement, ce sont cinq étudiants libanais venus de l’Université Saint-Joseph et de l’Université américaine de Beyrouth qui seront choisis. Pendant plusieurs mois, Zeina, Tracy, John, Béchara et Alain ont donc planché sur des sujets touchant au budget, à l’environnement, à la sécurité ou aux transports publics. Du 7 au 14 août, ils se sont mêlés aux participants venus des quatre coins de l’Europe et du Canada pour débattre en « commissions » et en « assemblées plénières ». L’ambiance est volontiers bon enfant, mais le fonctionnement se veut aussi proche que possible de celui des « vraies » institutions.
Comme dans un vrai Parlement, les eurodéputés d’un jour débattent de taxe carbone, de droit à polluer, de lutte contre le terrorisme. Les commissaires élaborent des textes qu’il leur faut corriger, amender, affiner, négocier. « Par exemple, nous avons pu discuter de la mise en place d’une taxe européenne globale », explique l’un d’entre eux. Les jeunes eurodéputés libanais sont même parvenus à faire voter une mention contre le régime de Bachar el-Assad, au prix d’intenses débats.
« Le premier jour, c’était très impressionnant pour nous », se souvient John, désigné chef de la délégation. « Les débats étaient d’une très grande qualité, nous n’osions pas prendre la parole. » Sans compter que, recrutée tardivement, la délégation libanaise a eu moins de temps pour se préparer à l’exercice. Rapidement, l’équipe se ressaisit pourtant et s’impose comme l’une des plus actives de la simulation. À tel point qu’à la fin, les étudiants libanais sont désignés ex aequo : « Meilleure délégation ».
L’exercice s’avère aussi être un vecteur d’échanges extrêmement efficace entre les jeunes Libanais et leurs homologues européens et canadiens. « Au départ, beaucoup parmi les participants avaient une vision assez négative et pessimiste de la politique libanaise », estime Maxime Staelens, un des organisateurs. « Paradoxalement, les échanges que nous avons eus avec les étudiants libanais nous ont permis de nous rendre compte que tout est encore plus compliqué que ce que nous imaginions ! Mais ce fut très enrichissant pour nous. Le regard qu’ils portent sur certains sujets relativise les problèmes qui semblent énormes aux Européens et aux Canadiens. »
John abonde dans son sens. « C’est vrai que, pour nous, évoquer la question de la préservation des phoques en Arctique est assez inhabituel. Au Liban, on a parfois l’impression que le débat politique se réduit à se positionner pour ou contre la Syrie », déplore-t-il. Du côté de la délégation libanaise aussi le mur des préjugés est tombé. Désormais, ils regardent différemment la politique européenne. « On pense toujours que l’Europe est un seul pays qui veut dominer le monde. On s’est rendu compte qu’à l’intérieur du Parlement, il y avait des avis très différents. Il n’y a pas une seule personne ou un seul pays qui impose sa volonté aux autres », explique Alain.
Théoriquement, les cinq étudiants étaient censés endosser le rôle d’eurodéputés français. Mais le naturel a vite repris le dessus. « Finalement, nous avons joué le rôle d’eurodéputés libanais », s’amuse Béchara. « Une partie des débats a tourné autour de la question du mariage homosexuel », se souvient John. « C’était trop loin pour l’horizon libanais. Parlons déjà du mariage civil ! » Malgré tout, ce sont les similitudes entre tous les participants qui sont ressortis de cette expérience. « Nous avons découvert une bande de jeunes étudiants européens et canadiens qui sont en fin de compte très semblables à nous : des jeunes ouverts, intelligents, remplis d’espoir et qui savent aussi s’amuser », résume Maxime Staelens.
Cette première ne restera pas sans suite. « L’année prochaine, la Specque se tiendra à Montréal et nous y sommes invités. Cette fois nous seront prêts, cette édition était un échauffement », s’enthousiasme déjà Béchara. À condition, ils le savent, de convaincre suffisamment de sponsors de les soutenir. Cette année, la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, le doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines de l’USJ, et le service culturel de l’ambassade de France à Beyrouth ont répondu à leur appel. Mais il en faudra beaucoup plus pour se rendre à Montréal.
Le groupe des cinq voit même beaucoup plus loin et s’imagine déjà accueillir la Specque à Beyrouth, en 2014. Un projet qui leur tient à cœur et pour lequel ils espèrent un soutien du gouvernement. Reste à savoir si celui-ci saura saisir la balle au bond.
Messieurs Vittrant et l'orient le jour je vous rappelle que le Quebec est au Canada. Quebecois et Canadien!!!! Quelle honte. Vive le Canada!!!
08 h 07, le 16 septembre 2011