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Économie - Tribune

Questions très « électriques »

Les transferts du Trésor à l’Électricité du Liban (EDL) ont dépassé les mille milliards de livres libanaises pour la première fois en 2006 et continuent depuis sur leur lancée. Pour les cinq années 2006-2010, ils ont totalisé 9 335 milliards de livres, soit 6,2 milliards de dollars américains. Les perspectives pour 2011 vont dans le même sens : 631 millions de dollars pour les cinq premiers mois (derniers chiffres officiels disponibles) ; une simple extrapolation permet de prévoir plus d’un milliard et demi de dollars pour l’ensemble de l’année.
L’EDL était avant 1975 une entreprise parfaitement rentable, comme d’ailleurs toutes les compagnies d’électricité du monde. Depuis, l’EDL n’a fait qu’accumuler des déficits de gestion de plus en plus énormes, sans parler de près de deux milliards en dépenses d’investissement non remboursés à l’État.

Pourquoi ?
Est-ce parce que les tarifs sont trop bas ? Ils sont pourtant parmi les plus chers du monde. Par exemple, nous payons plus cher qu’en France, même avec un euro cher.
Est-ce parce que les pertes techniques sont trop élevées ? Pourquoi se montent-elles à plus de 15 %, alors que la moyenne mondiale se situe à 8-9 % ? Nos centrales de production sont-elles trop vétustes ? Pourtant les usines de Beddawi et de Zahrani, qui représentent 40 % de la capacité installée, sont récentes.
Est-ce parce que nous n’utilisons que les trois quarts de notre capacité installée ? Est-ce parce que les réseaux de transmission sont insuffisants pour porter toute la production potentielle au consommateur ?
Est-ce parce que nos centrales tournent au fuel, devenu trop cher ? Pourtant les centrales de Beddawi-Zahrani ont été conçues pour tourner également au gaz, moins cher et moins polluant.
Est-ce enfin parce que les pertes « non techniques », bel euphémisme pour désigner les factures impayées et les connections illégales, représentent entre 20 et 30 % de la production ?
Le fait est que, d’après l’EDL, nous fonctionnons actuellement avec 1 600-1 650 MW alors que la demande est de 2 500-2 600 MW. Le trou est donc de 1 000 MW et ira crescendo. Il faut donc produire plus, beaucoup plus.
Un plan global adopté en juin 2010 prévoit de porter la capacité fonctionnelle à 4 000 MW à l’horizon 2014. Une partie de ce plan vient d’être approuvée par le gouvernement. Cette première phase vise à construire de nouvelles centrales et à réhabiliter celles en place afin d’augmenter la production de 700 MW, mais aussi, et c’est là l’essentiel, à réduire les pertes techniques et « non techniques » et à améliorer le système de transmission, de distribution et de collecte. Elle ambitionne également d’accroître l’efficacité de l’EDL et d’attirer les investissements privés.
Le volet relatif à l’augmentation de la production et à la réduction des pertes techniques est tout à fait réalisable en principe. Mais si l’autre volet (l’essentiel) marque le pas, nous n’aurons fait que creuser encore plus le trou du Trésor en proportion à l’accroissement de la production. En effet, en passant de 1 650 à 2 350 MW, les transferts à l’EDL risqueraient de dépasser les 2 milliards de dollars par an, toutes choses égales par ailleurs !
Le gouvernement actuel pourra-t-il mettre les bouchées doubles pour exécuter rapidement ce deuxième volet, en particulier la réduction des pertes « non techniques », l’amélioration de la collecte et l’encouragement des investissements privés ? Et s’il le peut, aura-t-il la volonté politique de le faire ?
Cela sans parler du coût financier occasionné par le déboursement de 1,2 milliard de dollars en bons du Trésor (à un taux d’intérêt de 8 % ? ), même échelonné sur quatre ans. Gardons quand même l’espoir que les bailleurs de fonds extérieurs viendront à la rescousse avec des prêts doux.
Un point demeure obscur cependant : comment le financement est-il échelonné sur quatre ans alors que cette première phase devra être bouclée en beaucoup moins de temps (on parle d’un an) car, ne l’oublions pas, d’ici à quatre ans nous devrions jouir de 4 000MW d’après le plan global ?
Pour terminer, deux questions : allons-nous faire tout notre possible pour carburer au gaz, source d’énergie moins chère et beaucoup moins polluante ? Encore une fois, les 900MW des centrales de Beddawi et Zahrani sont du type « combined cycle », c’est-à dire conçues pour fonctionner indifféremment au gaz ou au fuel.
Qu’allons-nous faire pour le tarif ? Est-ce vrai qu’il avait été établi dans le temps à raison d’un baril de pétrole à 30 dollars alors que celui-ci avoisine les 100 dollars aujourd’hui ? Si c’est vrai, pourquoi payons-nous le kWh plus cher qu’en France ?
Les transferts du Trésor à l’Électricité du Liban (EDL) ont dépassé les mille milliards de livres libanaises pour la première fois en 2006 et continuent depuis sur leur lancée. Pour les cinq années 2006-2010, ils ont totalisé 9 335 milliards de livres, soit 6,2 milliards de dollars américains. Les perspectives pour 2011 vont dans le même sens : 631 millions de dollars pour les...

commentaires (1)

Je me demande si les présentateurs d’émissions politiques sur les différentes chaines locales auront un jour l'audace, le courage de poser ces questions aux responsables au lieu de s'embourber avec eux dans des débats - déboires - politiques fertiles et futiles même pas digne d'une serpillière et d'un manche à balai mais abrutissant comme tout par contre.. Cet article est trop bon.. mais il faudrait lui donner vie, sinon, il est complètement inutile.. sinon, c'est la faillite du pays, la pauvreté pour 60 a 70% des citoyens mais certainement pas des dirigeants, ayant droit à l'immunité de droit divin, mêmes sur nos vies..

A. Chouchon

07 h 57, le 14 septembre 2011

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Commentaires (1)

  • Je me demande si les présentateurs d’émissions politiques sur les différentes chaines locales auront un jour l'audace, le courage de poser ces questions aux responsables au lieu de s'embourber avec eux dans des débats - déboires - politiques fertiles et futiles même pas digne d'une serpillière et d'un manche à balai mais abrutissant comme tout par contre.. Cet article est trop bon.. mais il faudrait lui donner vie, sinon, il est complètement inutile.. sinon, c'est la faillite du pays, la pauvreté pour 60 a 70% des citoyens mais certainement pas des dirigeants, ayant droit à l'immunité de droit divin, mêmes sur nos vies..

    A. Chouchon

    07 h 57, le 14 septembre 2011

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