Ce délai est censé favoriser les contacts nécessaires pour atténuer la tension provoquée par ce dossier entre les composantes de la nouvelle majorité et de dégager un accord à même de sauver la face de tous, sans pour autant contrevenir aux principes de la comptabilité publique.
Toutes les parties étaient d’accord pour donner le temps au temps, au terme d’une série de concertations engagées tôt le matin par le président Michel Sleiman avec les ministres du PSP – qui refuse catégoriquement qu’une somme aussi importante soit confiée à la seule gestion de M. Bassil –, d’Amal et du Hezbollah. Ces concertations n’ont pas réussi à rapprocher les points de vue mais ont permis une entente pour ajourner l’examen du dossier afin d’éviter un vote qui, même s’il aurait donné satisfaction au CPL, aurait dans le même temps provoqué une cassure au sein du gouvernement, sachant que la partie ne serait pas pour autant gagnée par la faction du général Aoun.
En effet, même si le gouvernement votait le texte sans les garde-fous exigés par ses détracteurs, il n’est pas dit qu’il passerait le cap du Parlement, comme l’a relevé le ministre de l’Information par intérim, Waël Abou Faour, lors de la conférence de presse qu’il a tenue pour annoncer les résolutions du Conseil des ministres. Pour toutes ces raisons, l’ajournement de deux semaines a pu faire l’unanimité.
Conciliabules
Avant la réunion, le chef de l’État, avec à ses côtés le Premier ministre, Nagib Mikati, a conféré, à plusieurs reprises, avec le ministre des Transports, Ghazi Aridi, qui lui a fait part de l’intransigeance du chef du PSP, Walid Joumblatt, au sujet du point relatif au comité chargé de surperviser le projet et du refus de « se soumettre au chantage du général Aoun ». C’est que, parallèlement aux concertations de Baabda, des consultations étaient également engagées entre les ministres et leurs autorités politiques. MM. Sleiman et Mikati ont ensuite délibéré avec le ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, qui, lui aussi, leur communiquait régulièrement la position du président de la Chambre, Nabih Berry, au sujet des points qui étaient soulevés. Ils ont en outre tenu une réunion en présence des ministres Mohammad Fneich, Ali Hassan Khalil et Gebran Bassil, suivie d’un autre entretien avec M. Ghazi Aridi.
De source proche du PSP, on espère que le délai de deux semaines décidé permettra de dégager une solution tout en relevant que les observations de M. Joumblatt au sujet du projet rejoignent celles des présidents de la République, du Parlement et du Conseil. Selon les mêmes sources, il n’est pas question pour le leader druze de « plier devant l’escalade et l’intimidation auxquelles le CPL a recours ».
Dans le camp opposé, on considère que le problème « est à 90 % résolu ». Selon des sources du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, « les 10 % qui restent font l’objet d’un problème politique provoqué par le député Joumblatt, qui veut appliquer le principe du partage du gâteau ». De mêmes sources, on a dénoncé une « politique de deux poids, deux mesures », en s’interrogeant sur le point de savoir « pourquoi des crédits de près de 500 milliards de livres ont été dépensés par les Travaux, sans passer par les organes de contrôle ».
L’ajournement décidé à Baabda a ainsi tout l’air d’être un simple report du problème. À l’ouverture de la réunion du Conseil des ministres, le chef de l’État a annoncé que toutes les parties étaient d’accord pour « trouver une solution à la crise de l’électricité à travers un plan qui fasse l’unanimité » et pour « tenir cette question à l’abri des tiraillements et des surenchères politiques, et la traiter sur base du principe de la solidarité ministérielle ».
Un point sur lequel le ministre de l’Information par intérim, Waël Abou Faour, est revenu à plusieurs reprises au cours de sa conférence de presse, en précisant que le Premier ministre, Nagib Mikati, partageait le point de vue du président. Il a indiqué que les contacts pour régler l’affaire de la commission s’étaient poursuivis jusqu’à une heure tardive dans la nuit de mardi à mercredi et s’intensifieront au cours des prochains jours. « Le plus important aujourd’hui (hier) est que le dossier a été placé dans son contexte réel, c’est-à-dire technique, et qu’il n’est plus matière à un conflit politique. Il ne s’agit pas non plus d’une question en rapport avec la dignité de telle ou de telle autre partie », a-t-il dit, en insistant sur le fait qu’il est important pour le gouvernement de s’entendre à l’unisson sur le projet pour pouvoir le défendre au Parlement.
commentaires (2)
- Monsieur le Premier Ministre Mikati, vos promesses sont enregistrées. A quand l'électricité ? Ah ! vous devez recalculer les perspectives ? Alors attendons. Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
07 h 09, le 25 août 2011