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À La Une - L'Orient Littéraire

Les multiples histoires des révolutions arabes

Dialogue entre le journaliste Edwy Plenel et l'historien Benjamin Stora sur les révolutions en cours, Le 89 arabe questionne l'actualité et ouvre au lecteur de nouvelles perspectives.

Le journaliste Edwy Plenel

Commenter une révolution en direct n’est pas une simple tâche, c’est une activité constamment sujette aux incertitudes d’une histoire qui s’amuse à décevoir les plus hardis de ses explorateurs. Les révolutions, comme le soulignent Benjamin Stora et Edwy Plenel dans la préface de leur Le 89 arabe, ouvrent « l’horizon des possibles », et posent donc un défi à la narration historique de cet évènement. Ce défi historiographique, Stora et Plenel le relèvent en adoptant le style du dialogue, un style plus ouvert et plus contradictoire que l’essai ou la thèse, un style qui met en valeur la contingence et la radicalité de l’événement. Et ce qui émerge de ce dialogue à deux voix est une histoire des révolutions, moins linéaire, moins affirmative, mais plus vivante, une histoire à plusieurs temporalités, qui permet d’exhumer sous « les fausses évidences et… les illusoires certitudes » les différentes trajectoires de ces révolutions. Et cette histoire à plusieurs temporalités, les deux auteurs la maîtrisent bien, à partir de leurs professions respectives, celle d’un journaliste qui décrypte l’immédiat et celle d’un historien qui traque la longue durée.

 

Cette généalogie, plutôt qu’histoire, de ces révolutions arabes est une série de « reprises d’histoire », pour reprendre les termes de Stora, qui tisse plusieurs trajectoires autour de cet événement. Dans ce sens, les révolutions arabes sont un retour aux révolutions de 1989, mais plus fondamentalement un retour à la révolution démocratique de 1789, à ce « printemps des peuples essentiellement démocratiques, dans sa genèse comme dans son exigence », qui sera plus tard étouffé par les révolutions avant-gardistes du XXe siècle. Mais elles sont aussi la reprise d’une autre histoire, plus arabe et plus récente, celle de la décolonisation et de ses espoirs, quand « pendant un court moment les peuples arabes se vivaient comme étant au cœur de l’agenda mondial », une histoire avortée par les contre-révolutions des systèmes à parti unique, des républiques transformées en monarchie, et des régimes socialistes privatisés par la famille régnante. Et dans ce même mouvement de reprise d’histoire, ces révolutions réactualisent une histoire plus ancienne, l’histoire d’une ouverture sur la modernité, souvent idéalisée ou démonisée mais toujours désirée, qui commence avec la Nahda et se termine avec les déceptions successives du XXe siècle.

 

Retrouvez l'intégralité de cet article de L'Orient Littéraire à l'adresse suivante : www.lorientlitteraire.com

 

Commenter une révolution en direct n’est pas une simple tâche, c’est une activité constamment sujette aux incertitudes d’une histoire qui s’amuse à décevoir les plus hardis de ses explorateurs. Les révolutions, comme le soulignent Benjamin Stora et Edwy Plenel dans la préface de leur Le 89 arabe, ouvrent « l’horizon des possibles », et posent donc un défi à la...

commentaires (1)

Encore une fois, c'est trop tôt pour juger de ce qu'il en est et ce qui en sera des révolutions arabes. En toute modestie, je dirais que certains historiens et journalistes occidentaux ont souvent un regard sur le monde arabe, conditionné à la fois par un vague complexe de colonialisme et un idéalisme socio-politique occidental. Voir tout de suite un esprit révolutionnaire de 1789 dans les révolutions arabes, n'est-ce pas trop de précipitation ? Il n'y a aucune possibilité de laicité dans l'islam, et quelle révolution en est vraiment une sans laicité ? Ne commence-t-on pas à douter parfois de la révolution d'Ataturk même, la seule révolution laique du monde musulman, avec le parti islamique -même modéré- au pouvoir en Turquie ? Et si la révolution égyptienne tournait nettement et définitivement en faveur des Frères musulmans dans ce pays, que dira-t-on ? A une première issue de cette révolution, on a vu cheikh Youssef el-Qardaoui, amené du Qatar, comme "héros" de celle-ci à la place Tahrir, tandis que Mohammad el-Baradei en était littéralement banni. Il serait bon de s'arrêter sur l'opinion de la journaliste et militante égyptienne Nawal Saadaoui là-dessus. Les révolutions arabes sont nécessaires, un premier pas est en train de se faire, mais il faut attendre pour voir ce qu'il en sera.

Halim Abouchakra

03 h 44, le 14 août 2011

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Commentaires (1)

  • Encore une fois, c'est trop tôt pour juger de ce qu'il en est et ce qui en sera des révolutions arabes. En toute modestie, je dirais que certains historiens et journalistes occidentaux ont souvent un regard sur le monde arabe, conditionné à la fois par un vague complexe de colonialisme et un idéalisme socio-politique occidental. Voir tout de suite un esprit révolutionnaire de 1789 dans les révolutions arabes, n'est-ce pas trop de précipitation ? Il n'y a aucune possibilité de laicité dans l'islam, et quelle révolution en est vraiment une sans laicité ? Ne commence-t-on pas à douter parfois de la révolution d'Ataturk même, la seule révolution laique du monde musulman, avec le parti islamique -même modéré- au pouvoir en Turquie ? Et si la révolution égyptienne tournait nettement et définitivement en faveur des Frères musulmans dans ce pays, que dira-t-on ? A une première issue de cette révolution, on a vu cheikh Youssef el-Qardaoui, amené du Qatar, comme "héros" de celle-ci à la place Tahrir, tandis que Mohammad el-Baradei en était littéralement banni. Il serait bon de s'arrêter sur l'opinion de la journaliste et militante égyptienne Nawal Saadaoui là-dessus. Les révolutions arabes sont nécessaires, un premier pas est en train de se faire, mais il faut attendre pour voir ce qu'il en sera.

    Halim Abouchakra

    03 h 44, le 14 août 2011

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