Caroline Simonelli, forte d’une longue et brillante carrière, a ainsi assuré la crédibilité du projet face aux donateurs privés et obtenu, pour The Creative Space, du matériel, dont des tissus italiens d’une qualité rare.
Au sein de l’atelier, les deux amies ont assuré divers cours (couture, drapage...) pour les élèves qui ont reçu pour consigne d’expérimenter immédiatement ces techniques nouvelles et de les utiliser pour servir leur créativité. En plus d’une formation de deux mois, c’est bien un véritable lieu d’échanges et de liberté que Sarah Hermez a voulu offrir à ces jeunes femmes passionnées mais sans opportunités, âgées de 16 à 22 ans.
Pour se rapprocher de personnes présentant leur profil, la jeune entrepreneuse s’est donc fait aider d’organismes tels que des orphelinats, mais aussi l’Unrwa ou encore les Centres pour les femmes, présents dans les camps palestiniens.
Eman al-Aswad, Baraa al-Abdallah, Carmen Havatian, Nourhan Abedlatif et Sophie Youssef ont été choisies parmi plus de trente personnes auditionnées tout d’abord pour la passion de la mode qu’elles montraient, mais également parce qu’elles avaient toutes une expérience du travail à la main, qu’elles avaient reçu une formation ou qu’elles étaient autodidactes.
Très vite, les jeunes femmes ont assimilé les cours dispensés et le petit groupe a été traversé par une certaine émulation : en dix semaines, chaque personne a produit une dizaine de robes, ce qui dépasse de loin les espérances de Caroline Simonelli et de Sarah Hermez, qui s’étonne encore : « C’est fou ce qu’elles sont capables de faire une fois qu’on leur donne de la liberté. »
Les deux femmes considèrent déjà que l’entreprise est un succès au vu de la production de l’atelier, mais également d’un point de vue humain : les jeunes femmes, de confessions et d’histoires personnelles différentes, ont saisi cette occasion pour faire un pas vers l’autre. Parmi elles, trois sont palestiniennes et sortent ainsi des camps, travaillant aux côtés d’une Libanaise et d’une Arménienne. Ce pari un peu fou de mixité sociale autour de la mode semble donc relevé, selon le souhait des deux instigatrices, pour qui « faire de la mode pour de la mode » n’était plus une option.
Le « programme pilote » touche bientôt à sa fin : une exposition aura lieu à l’atelier de The Creative Space à partir du 17 août, à 21 heures, et ce, durant trois jours. Les robes seront vendues aux enchères et les profits partagés entre The Creative Space et les jeunes femmes.
La question du futur de l’atelier se pose maintenant de manière cruciale et, avec elle, l’avenir de ses élèves : à long terme, The Creative Space caresse l’ambition de devenir une école dont les professeurs ne seraient autres que certaines jeunes femmes de cette session et celles à venir. Certaines d’entre elles voudraient faire partie de l’aventure pendant encore longtemps, d’autres voudraient monter leur propre marque. Toutes refusent de travailler pour une entreprise au sein de laquelle leur marge de liberté serait sans doute limitée.
L’avenir de The Creative Space reste toutefois suspendu aux ventes réalisées lors de cette première exposition, mais également aux dons et prêts reçus afin que cette aventure de presque trois mois puisse se pérenniser.
The Creative Space
Saifi Urban Gardens
Gemmayzé.
Exposition/vente aux enchères : 17 août : 21h-minuit.
18 et 19 août : 12h-19h.
Bravo! C'est genial surtout continuez.
23 h 46, le 10 août 2011