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À La Une - Révolte

L'ONU s'inquiète de crimes contre l'humanité en Syrie

L’attaque contre un train à Homs fait un mort au lendemain des manifestations de plus d’un million de personnes

Manifestation de centaines de milliers de personnes à Hama vendredi. Stringer

Au lendemain de manifestations monstres à Hama (centre) et Deir el-Zour (est), et de manifestations nocturnes dans plusieurs villes, l’armée poursuit samedi la répression à travers le pays d’après la page Facebook Sham news network (SNN). Une campagne d’arrestations aurait eu lieu aujourd’hui dans le quartier de Baraza à Damas et la ville de Deraa (sud) serait soumise à un siège de l’armée. La télévision Al-Arabiya a rapporté de sources militantes que des francs-tireurs se trouvent sur certains toits de la ville. L’armée serait également entrée à Homs, à Saida, à Jabal el-Zawiya, à Sarja et à Roueiha. Parallèlement, des manifestations ont eu lieu à Jawbar près de Damas, à Ezaz près d’Alep et à Nahta (sud), d’après des sources militantes. Des manifestations ont également eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi selon SNN dans plusieurs quartiers de Homs ainsi qu’à Deir el-Zour, Hama, Rastane, Sarmine, Jassem et Jableh.

Des experts des Nations unies des droits de l'Homme ont déclaré vendredi que la répression par les forces de police syriennes du mouvement de protestation dans ce pays pourrait s'identifier à des crimes contre l'humanité. « Sur la base des informations dont nous disposons, les Conseillers spéciaux considèrent que l'ampleur et la gravité des violations indiquent qu'il y a une sérieuse possibilité que des crimes contre l'humanité aient pu être commis et continuent d'être commis en Syrie », ont déclaré tor à tour Francis Deng, le conseiller spécial du secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon pour la prévention du génocide, et Edward Luck, un autre conseiller spécial pour les droits de l'homme. MM. Deng et Luck ont réclamé une « enquête indépendante, approfondie et objective » sur la situation en Syrie, où des manifestations contre le régime ont été réprimées par la force. Les conseillers de l'ONU se sont également fait l'écho d'appels du secrétaire général au gouvernement syrien d'autoriser un accès humanitaire à certaines régions et de faciliter la visite dans le pays d'une mission d'enquête mandatée par le Conseil des Nations unies sur les droits de l'homme. « Sans ces mesures, il sera très difficile de désamorcer les tensions actuelles et de prévenir une escalade de la violence », ont-ils encore estimé en appelant toutes les parties à ne pas « recourir à la force ».

A coté de la répression du régime, d’autres types de violences voient le jour dans le pays. Aujourd’hui, samedi, « le conducteur d'un train reliant Alep (nord) à Damas a trouvé la mort dans un accident provoqué par des « saboteurs » ayant démonté des rails, a affirmé l'agence officielle Sana. « Ils (les saboteurs) ont démonté des rails et le train est sorti de sa trajectoire », a expliqué Sana. « La voiture du conducteur s'est embrasée. Le conducteur du train est mort, et plusieurs voyageurs ont été blessés », a-t-elle ajouté. Le conducteur est mort carbonisé dans le déraillement du train, qui a percuté une ligne électrique à haute tension, affirment les autorités syriennes. Selon le gouverneur de Homs, le train transportait 400 voyageurs, des militaires et des civils, et seul le « destin » a empêché que le bilan ne soit plus lourd. « Les saboteurs sont venus en moto. (Ils) tendent à multiplier ce type d'opérations et nous devons leur tenir tête », a déclaré Hassan Abdelal. Homs est depuis plusieurs jours le théâtre de violents affrontements entre l'armée syrienne et les manifestants qui réclament le départ de Bachar el-Assad. Dans la nuit de vendredi à samedi, deux explosions ont retenti en provenance d'une école militaire, ont rapporté des habitants. Des fusillades ont aussi été entendues et des ambulances ont afflué en direction de cette école militaire, située dans le vieux quartier d'Al-Waar, ont dit deux habitants interrogés au téléphone par Reuters. « De la fumée s'est élevée de l'enceinte. Les blessés ont été transportés vers un hôpital militaire. Il semble qu'il y ait eu une sorte d'opération à l'intérieur de l'académie militaire », a dit un témoin cachant son identité. En recourant à la manière forte, le président Assad, qui appartient à la minorité alaouite, a provoqué des tiraillements au sein des forces armées, affirment des diplomates et des militants qui font état de défections en nombre limité parmi les soldats, majoritairement sunnites.

Hier, plus de 1,2 million de Syriens ont manifesté contre le régime, mais onze civils ont été tués dans la dispersion de rassemblements, selon des militants. Comme chaque vendredi depuis le début de la révolte mi-mars, les Syriens étaient appelés à manifester après la prière hebdomadaire. Dans leurs appels à manifester, les militants de la page Facebook « Syrian Revolution 2011 » avaient dédié la journée à Homs, où au moins 54 personnes ont péri depuis samedi. « À Deir ez-Zor, ils étaient plus de 550 000 à la fin de la manifestation, et à Hama, ils étaient plus de 650 000 », selon Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), précisant que les forces de sécurité étaient absentes dans ces deux villes. Selon M. Abdel Rahmane, les manifestants ont scandé des slogans contre le régime et exprimé leur solidarité avec les villes assiégées par les forces de sécurité, en particulier Homs. Dans cette ville située à 160 km au nord de Damas, plus de 25 000 personnes se sont rassemblées hier dans le jardin Al-Oulou, dans un quartier majoritairement sunnite, tandis que d’autres quartiers étaient toujours assiégés par les forces de sécurité, selon l’OSDH. Et les violences n’ont pas cessé hier : « Deux manifestants ont été tués par les tirs des forces de sécurité qui ont dispersé des manifestations » à Homs, a déclaré Abdel-Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l’homme. Plus au nord, « deux manifestants ont été poignardés devant la mosquée Amné à Alep par des miliciens fidèles au régime qui ont pénétré dans la mosquée et attaqué » les fidèles, a-t-il ajouté, précisant que des dizaines d’autres manifestants avaient été blessés ou interpellés. Il y a eu aussi deux morts et plusieurs blessés à Mleiha, dans la province de Damas, un autre mort à Aazaz, dans la province d’Alep, et un manifestant tué dans le village de Kfar Rouma, dans la province d’Idleb, selon les militants. À Damas également, des milliers de personnes ont manifesté dans la capitale après la prière du vendredi. Ils étaient environ 5 000 dans le quartier Midane et des milliers d’autres sont sortis de trois mosquées du quartier Hajar el-Assouad en scandant des slogans réclamant la liberté. Plus encore, des milliers de militaires ont été déployés tôt hier matin, isolant le quartier de Roukn el-Dine où vit une importante communauté kurde. Selon M. Abdel Rahmane, « Roukn el-Dine est totalement isolé, des barrages sont érigés à toutes les entrées. Des milliers d’agents de sécurité patrouillent et procèdent à des perquisitions dans des maisons et à des arrestations ». Dans la soirée, des ambulances se succédaient dans ce quartier. Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs autres villes du pays, du nord au sud. 

Sur le plan diplomatique, la France a de nouveau condamné la « fuite en avant sans issue » que constitue la répression des manifestations contre le régime syrien, et a appelé l’armée syrienne à cesser de « faire régner la terreur parmi les civils ». « L’armée et les autres forces de sécurité doivent savoir qu’elles devront rendre compte de leurs actes », a déclaré à la presse le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a regretté que le Conseil de sécurité de l’ONU « ne puisse pas s’exprimer » sur la répression « brutale et inacceptable » des manifestations contre le régime syrien. À Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s’est déclaré « horrifié » par le « meurtre de manifestants pacifiques » en Syrie où « plus de 1 500 civils ont été tués par le régime », dans un communiqué.

Au lendemain de manifestations monstres à Hama (centre) et Deir el-Zour (est), et de manifestations nocturnes dans plusieurs villes, l’armée poursuit samedi la répression à travers le pays d’après la page Facebook Sham news network (SNN). Une campagne d’arrestations aurait eu lieu aujourd’hui dans le quartier de Baraza à Damas et la ville de Deraa (sud) serait soumise à...

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