L’art, un moyen d’exprimer sa souffrance

L’organisation non gouvernementale Kafa, qui milite pour les femmes victimes de violence, expose dès demain au CCF les travaux conçus dans ses deux ateliers dirigés par des psychothérapeutes et des assistantes sociales. Cette présentation s’inscrit dans le cadre d’un traitement par une psychothérapie de l’art, « This Is Me... Speaking Out ! » (C’est moi... qui m’exprime). L’objectif est de laisser des groupes de huit femmes exprimer leur souffrance grâce à la peinture, la céramique, la poterie ou encore le dessin sur plâtre. Chaque œuvre est accompagnée d’un texte de sa créatrice.
Rima Abi Nader, responsable de l’exposition et du centre d’écoute de l’organisation caritative, suit avec ses trois collègues ces femmes violentées à plusieurs niveaux, psychologique, mais aussi social et légal. Elle est très fière de montrer les progrès de ses protégées. Le choix des formes et des couleurs est révélateur du bon fonctionnement de la thérapie. À titre d’exemple, l’utilisation de couleurs foncées illustre un certain mal-être. La réalisation de plusieurs autoportraits traduit la vision que ces femmes ont d’elles-mêmes au cours du traitement. Certaines d’entre elles se sont déjà pliées à l’expérience, il y a deux ans, avec des ateliers de photographie. Ces personnes profitent de la possibilité d’extérioriser leur souffrance avec l’aide de différents supports.

Un long combat
Le travail de l’association ne se résume pas au soutien envers les femmes. Plusieurs équipes travaillent sur différents projets, comme la protection des enfants abusés sexuellement, le trafic et l’exploitation des femmes ou des travailleurs migrants. L’ONG tente même de sensibiliser les hommes et propose aux volontaires une aide médicale par le biais de sa clinique. Une cellule est également spécialisée dans la préparation des lois ou textes, avec notamment une campagne de sensibilisation prévue du 25 novembre au 10 décembre.
Cette exposition rappelle aussi aux députés le projet de loi sur la protection des femmes et des enfants contre la violence domestique. Ce document, rédigé en 2007 par 58 ONG dont Kafa, a été approuvé en Conseil des ministres en 2010, mais n’a toujours pas été validé par le Parlement. Les avancées et les actions de Kafa n’en restent pas moins louables.