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Actualités - Révolte

Un gouvernement parallèle en Syrie ?

Téhéran et Ankara appellent Assad à s'engager sur la voie des réformes.

Le président Ahmadinejad a reçu, lundi soir, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. Iranian Presidency/HO/

Un gouvernement parallèle formé de personnalités "indépendantes et d'experts sans étiquette" sera mis sur pied lors d'une conférence prévue samedi à Damas pour préparer l'après Bachar el-Assad, a annoncé dans la nuit de lundi Haïsam el-Maleh, figure de l'opposition syrienne. "Il ne s'agira pas d'un véritable gouvernement, mais d'un gouvernement fantôme. Ce sera un gouvernement régional. Chaque ministre opérera en tant que figure dirigeante de sa région", a-t-il expliqué lors d'une visite en Turquie. Son objectif, a-t-il poursuivi, sera de guider les mouvements d'opposition, les manifestations hostiles à Bachar el-Assad et de faire en sorte que le pays dispose d'une administration alternative lorsque le régime tombera, ce qu'il juge inévitable.

Rien n'indique toutefois que ce régime autorisera la tenue de la conférence de samedi. Toute négociation politique doit avoir lieu sous l'égide des autorités, a fait savoir Damas.

L'ancien magistrat âgé de 81 ans fait partie des détenus politiques libérés en mars dans le cadre d'une première amnistie destinée à apaiser les manifestants qui réclament le départ du président. Comme une cinquantaine d'autres représentants de l'opposition, Haïsam al-Maleh a refusé de prendre part au dialogue national proposé par les autorités. Et au début du mois, il avait déjà proposé la mise sur pied d'un gouvernement de "salut national".

 

 


Les vitres brisées de l'ambassade française à Damas. Louia BESHARA/AFP


Au lendemain de l'épreuve de force qui a atteint son paroxysme hier lundi avec les attaques perpétrées contre les ambassades américaine et française à Damas, même les alliés de Bachar el-Assad semblent s'inquiéter.

L'Iran et la Turquie ont ainsi prôné des réformes politiques en Syrie et dans les autres pays arabes secoués par des révoltes populaires, lors d'une visite à Téhéran du ministre des Affaires étrangères turques, Ahmet Davutoglu, dans le cadre d'une tournée régionale. "Aucun gouvernement ne peut priver son peuple de la liberté et de la justice", a affirmé le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lors d'une rencontre lundi soir avec le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. "La République islamique d'Iran estime que tous les gouvernements de la région peuvent diriger leur pays en faisant des réformes et en réalisant les revendications populaires", a ajouté M. Ahmadinejad selon un compte-rendu de la rencontre publié mardi par le site de la présidence. Ce compte-rendu ne mentionne pas explicitement la Syrie, mais la crise syrienne a été au coeur des entretiens de M. Davutoglu avec les dirigeants iraniens, selon les medias. "La Syrie est un pays cher et frère de la Turquie et a des relations très proches avec l'Iran (...) Chaque pays a ses propres structures, mais les demandes de la population pour des réformes doivent être prises en considération", a estimé de son coté M. Davutoglu cité par les médias iraniens.

La France, de son côté, a de nouveau affiché son exaspération. Le Premier ministre français, François Fillon, a estimé mardi que le "silence" du Conseil de sécurité de l'ONU sur les violences en Syrie devenait "insupportable", ajoutant que le président syrien "a franchi toutes les limites". "La France a déposé avec d'autres pays européens une résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies qui est bloquée par la Russie et la Chine", a rappelé sur la radio privée Europe 1 François Fillon, pour qui le régime syrien "est dans une fuite en avant". Le ministre des Affaières étrangères, Alain Juppé, a, de son côté, déclaré que la France envisageait une saisine du Conseil de sécurité de l'Onu.

L'administration Obama a également franchi un pas en estimant lundi soir, pour la première fois après quatre mois de répression en Syrie, que le président Assad avait "perdu sa légitimité". Un jugement asséné par la secrétaire d'État Hillary Clinton, quelques heures après l'annonce que l'ambassade américaine à Damas avait été prise pour cible par, selon Washington, des "voyous" soutenant le régime syrien. Plus tard, la chef de la diplomatie américaine s'est faite plus précise, reprochant au régime d'avoir "soit autorisé, soit suscité" l'attaque. "De notre point de vue, Assad a échoué à honorer ses promesses, il a recherché et accepté l'aide de l'Iran sur la manière de réprimer son peuple", a-t-elle lancé lors d'une conférence de presse. "Le président Assad n'est pas indispensable et nous n'avons absolument rien investi dans le fait qu'il reste au pouvoir", a encore dit Mme Clinton, avertissant le dirigeant syrien qu'il ferait "une erreur" en pensant que les États-Unis redoutent sa chute.

 

Manifestations, dans la nuit de lundi à mardi, à Lattaquié et à Ramel. Vidéo publiée par les militants anti-régime de S.N.N.


Un gouvernement parallèle formé de personnalités "indépendantes et d'experts sans étiquette" sera mis sur pied lors d'une conférence prévue samedi à Damas pour préparer l'après Bachar el-Assad, a annoncé dans la nuit de lundi Haïsam el-Maleh, figure de l'opposition syrienne. "Il ne s'agira pas d'un véritable gouvernement, mais d'un gouvernement fantôme. Ce sera un gouvernement...