Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Droits de l’homme

Le cas d’Ai Weiwei, ou comment la Chine bâillonne les dissidents

Le silence inhabituel de l’artiste Ai Weiwei suite à sa libération surprise mercredi montre que les dissidents chinois sont contraints par les autorités de renoncer à leurs droits s’ils veulent être libres, selon des organisations assurant leur défense. Ai, qui avait participé à la conception du stade olympique, le « nid d’oiseau » de Pékin, avait été arrêté le 3 avril dans un contexte de durcissement du régime contre les dissidents. Hier, cet artiste connu, qui qualifiait encore l’an dernier les membres du gouvernement de son pays de « gangsters », s’est contenté de se déclarer « heureux d’être libre » et a refusé de commenter les conditions de sa remise en liberté après plus de deux mois et demi de détention au secret.
Ai Weiwei, qui a selon le gouvernement chinois avoué s’être rendu coupable d’évasion fiscale, a précisé « avoir été libéré sous caution et ne pouvoir donner aucune information ». Il n’a pas le droit de quitter Pékin. « Il est fort probable que les dissidents ont promis de se tenir tranquilles pendant un moment. C’est une grande perte pour la société chinoise », a estimé Joseph Cheng, politologue à la City University de Hong Kong.
Comme d’autres dissidents, Ai Weiwei s’était fait le porte-parole de ceux qui subissent les injustices du système, en l’occurrence des parents qui ont perdu leur enfant dans le séisme du Sichuan en 2008 parce que les écoles étaient mal construites.
« Si même ces petites valves pour relâcher la pression sont bouchées, cela n’augure rien de bon pour la stabilité de la Chine », estime M. Kine en allusion au rôle joué par les opposants.
Ai est le dernier d’une série de dissidents muselés par l’appareil répressif chinois. Il figure parmi des dizaines d’activistes, d’avocats des droits de l’homme et d’opposants arrêtés depuis février, après des appels à des « rassemblements du jasmin » dans les principales villes chinoises inspirés par les récents soulèvements dans plusieurs pays arabes.
Les détenus qui ont été relâchés depuis ont, à de rares exceptions près, refusé de parler de leurs conditions de détention ou de celles attachées à leur libération. Les avocats Teng Biao, Jiang Tianyong et Li Fangping, très engagés dans des affaires sensibles mettant en cause l’arbitraire des autorités, sont dans ce cas.
Zeng Jinyan, l’épouse du dissident Hu Jia, a déclaré récemment qu’il fallait s’attendre à ce que son mari ne s’exprime pas publiquement lorsqu’il aura fini dimanche de purger une peine de trois ans et demi de prison. Elle a précisé avoir appris par la police que Hu Jia ne pourrait vraisemblablement pas mener une vie « normale » après sa libération, ce qui laisse supposer que sa liberté sera fortement entravée.
L’avocate Li Tiantian, relâchée fin mai après trois mois de détention, a écrit dans une série de messages sur Twitter que la police était au courant de détails sur sa vie sexuelle et menaçait de salir sa réputation. Elle a relaté cet épisode sous forme de fable sur son blog, apparemment pour éviter de susciter l’ire des autorités. Dans la fable, un frelon furieux pique à maintes reprises un oiseau.
L’oiseau obtient finalement d’être laissé en paix en promettant de :
– ne pas parler de ce qui s’est passé durant les derniers mois ;
– de ne pas nuire à la réputation du frelon ;
– de ne pas inciter d’autres animaux à aller attaquer le nid des frelons.
(Source : AFP)
Le silence inhabituel de l’artiste Ai Weiwei suite à sa libération surprise mercredi montre que les dissidents chinois sont contraints par les autorités de renoncer à leurs droits s’ils veulent être libres, selon des organisations assurant leur défense. Ai, qui avait participé à la conception du stade olympique, le « nid d’oiseau » de Pékin, avait été arrêté le 3...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut