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Moyen Orient et Monde - Reportage

De jeunes passeurs de frontière nourrissent leurs familles en Syrie

Les gendarmes turcs n’empêchent généralement pas les enfants de traverser la zone de démarcation entre les deux pays pour ravitailler leurs proches.

Deux jeunes Syriens passent illégalement en Turquie pour apporter des vivres à leurs familles. Mustafa Ozer/AFP

Ils ont de 10 à 15 ans, mais leur responsabilité est bien plus grande que leur âge : chaque jour, ces jeunes Syriens passent en Turquie pour apporter des vivres à leurs familles. Mahdi, 13 ans, tire sur sa cigarette, fatigué mais résolu : « Je viens d’arriver et je vais attendre l’après-midi pour ramener du pain, de l’eau et des biscuits », dit-il dans le village turc de Güveççi (Sud), d’où l’on peut voir le territoire syrien, de l’autre côté de la colline. Accompagné de plusieurs autres garçons de son âge, Mahdi explique qu’il est « le garçon de courses » de sa famille de dix personnes, dont cinq frères et des grands-parents.
La plupart des enfants que l’on croise dans les rues de Güveççi viennent des camps de fortune érigés par des milliers de déplacés syriens aux abords de la frontière turque, qu’ils hésitent à franchir dans la crainte de ne plus pouvoir regagner leurs foyers. Les déplacés, dont plusieurs ont témoigné d’atrocités commises par les forces syriennes, se sont regroupés sur une étroite bande de terre. La Turquie, qui accueille déjà sur son territoire environ 10 000 réfugiés, fournit également de l’aide humanitaire à ces déplacés, côté Syrie. Mais plus loin en territoire syrien, c’est la disette, selon des sources locales.
Les gendarmes turcs n’empêchent généralement pas les enfants de passer la frontière pour aller au ravitaillement. « Une fois un gendarme turc m’a aidé à transporter mon sac qui contenait une vingtaine de pain », explique Rafik, 14 ans. « Viens, je vais te montrer comment on fait, mais il faut faire attention, c’est dangereux pour les grands », dit Mohammad, 15 ans, qui retrace son itinéraire dans la zone de démarcation. Il faut, dit-il, passer par des sentiers à travers les bois, et attendre que les gendarmes turcs de faction sur la route qui longe la frontière aient le dos tourné, pour piquer un sprint vers la Syrie. Et là-bas, la situation est incertaine, voire périlleuse. Certains des jeunes « ravitailleurs » viennent des hameaux syriens contrôlés par l’armée, dont Hidr-i Jous, à quelques kilomètres de la frontière. Un frontalier, qui sert de passeur aux journalistes qui vont en Syrie recueillir des témoignages, explique que cette escapade est désormais risquée, car « l’armée syrienne avance ». Karim, un membre syrien de sa famille qui l’a rejoint mardi pour acheter des médicaments en Turquie, assure qu’il n’y a plus rien à manger dans son village de 3 000 habitants, dont il ne veut pas dévoiler le nom, « de peur de représailles des hommes de Bachar ». « Il n’y a plus rien. Les soldats patrouillent à la lisière du village et tout le monde a peur. On envoie les enfants chercher du pain mais ils ne peuvent transporter que trois ou quatre sacs, ça ne suffit pas », explique-t-il.

           (Source : AFP)
Ils ont de 10 à 15 ans, mais leur responsabilité est bien plus grande que leur âge : chaque jour, ces jeunes Syriens passent en Turquie pour apporter des vivres à leurs familles. Mahdi, 13 ans, tire sur sa cigarette, fatigué mais résolu : « Je viens d’arriver et je vais attendre l’après-midi pour ramener du pain, de l’eau et des biscuits », dit-il dans le village...

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