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Moyen Orient et Monde - Analyse

Le facteur économique, un risque supplémentaire pour le régime de Damas

Les commerçants de Damas et d’Alep risquent de remettre en question leur loyauté politique.
L’économie flageolante risque à long terme de devenir une menace réelle pour le régime autocratique de Bachar el-Assad, selon des experts. « Il y a encore certaines cartes qui peuvent faire basculer les choses en Syrie, et l’économie est l’une d’elles », affirme un diplomate occidental à Damas. « À mesure que la révolte se prolonge et que les industriels et commerçants de Damas et d’Alep ferment leurs établissements et licencient leur personnel, ils pourraient commencer à remettre en question leur loyauté politique », dit-il sous le couvert de l’anonymat. La bourgeoisie et la classe commerçante risquent aussi de remettre en question leur loyauté politique s’ils ne trouvent pas d’alternatives viables, ajoutent les experts. Le milieu des affaires dans la capitale Damas et la deuxième ville de Syrie Alep reste jusqu’à présent fidèle au régime et se garde bien de se mobiliser dans les rues comme c’est le cas dans d’autres régions.
Mais, plus de trois mois après le début de la révolte populaire, l’économie autrefois stable de la Syrie accuse le coup : le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses perspectives pour le pays et la saison touristique est au point mort. M. Assad a lui-même reconnu que l’économie dirigée de son pays était menacée « d’effondrement », suggérant que la Syrie devait rechercher un « nouveau modèle économique ». « L’économie syrienne va très mal et cela affecte tout le monde en Syrie, notamment les gens du commerce, de l’industrie et du tourisme », explique Lahcen Achy, expert économique au centre Carnegie Middle East Center à Beyrouth. Le FMI a prévu un taux de croissance de 3 % en 2011 contre 5,5 % l’année dernière. « La Banque centrale de Syrie s’est gardée d’épuiser ses réserves en devises, qu’elle observe de très près », affirme de son côté un banquier au Liban qui opère également en Syrie. « Cela signifie que le déficit budgétaire de la Syrie est important et que ces réserves sont en déclin », estime M. Achy.
Mais c’est surtout le tourisme, florissant ces dernières années, qui paie les frais. Le secteur représente 12 % du PIB syrien et des revenus de l’ordre de 6,5 milliards de dollars et fait travailler environ 11 % de la main-d’œuvre. Aujourd’hui, les rues des villes historiques de Syrie sont désespérément vides, et des milliers de familles sont à la recherche d’un revenu. En Syrie, le taux officiel de chômage s’établit à 8 % bien que des experts indépendants avancent un chiffre plus élevé.
Par ailleurs, « beaucoup ont déjà suspendu leurs investissements », dit M. Achy. « Les investisseurs du Golfe, en particulier les Qataris, et d’ailleurs, réévaluent leurs placements en Syrie. » Et la chute constante des revenus pétroliers n’arrangent pas les choses.
Ces dernières années, M. Assad a mis en œuvre une série de réformes économiques, dont la bancarisation, le lancement de la Bourse de Damas et les épargnes en devises. Mais « au moment où beaucoup de gros épargnants se précipitent pour retirer de l’argent, le plafond de retrait imposé est très bas », dit le banquier. Dans une tentative d’apaiser les protestataires, M. Assad a annoncé des avantages économiques accordés notamment aux fonctionnaires et aux étudiants. Mais même ces mesures pourraient aiguiser la colère des gens non concernés. « Assad fait des concessions coûteuses pour le budget mais toute la population n’en bénéficie pas », selon M. Achy. « L’inégalité sociale persiste et les régions défavorisées continueront de protester. »
           (Source : AFP)
L’économie flageolante risque à long terme de devenir une menace réelle pour le régime autocratique de Bachar el-Assad, selon des experts. « Il y a encore certaines cartes qui peuvent faire basculer les choses en Syrie, et l’économie est l’une d’elles », affirme un diplomate occidental à Damas. « À mesure que la révolte se prolonge et que les industriels et...

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