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Économie - Emploi

L’OIT adopte une convention « historique » sur les travailleurs domestiques

Le texte est destiné à améliorer le cadre de protection de millions de personnes dans le monde, sous-payées et soumises à des horaires extensibles.

« C’est un moment historique pour le monde entier », s’est félicité le secrétaire général du bureau de l’OIT, Juan Somavia. Sébastien Feval/AFP

Les 183 États membres de l’Organisation mondiale du travail (OIT) ont adopté hier une convention « historique » sur les travailleurs domestiques, destinée à améliorer le cadre de protection de millions de personnes dans le monde, sous-payées et soumises à des horaires extensibles.
Le texte, discuté depuis le début de la 100e assemblée de l’OIT, a été accepté sous un tonnerre d’applaudissements par plus des deux tiers des représentants des gouvernements, des employés et employeurs de l’organisation tripartite.
« C’est un moment historique pour le monde entier », s’est félicité le secrétaire général du bureau de l’OIT, Juan Somavia, lors d’un point de presse.
« Cette convention établit que les travailleurs domestiques sont des travailleurs » et « que d’être un travailleur signifie avoir des droits, une voix, un accès à une vie décente », a-t-il ajouté.
Pour l’OIT, l’adoption de cette 189e convention constitue de fait une réalisation majeure dans la mesure où il s’agit du premier instrument juridique contraignant concernant ces travailleurs de l’ombre dont le nombre ne cesse de grandir.
Selon les données de son secrétariat (BIT), les domestiques – essentiellement des femmes dont beaucoup sont des migrantes – représentent un minimum de 52,6 millions de personnes dans le monde, soit 4 à 10 % de l’emploi dans les pays en développement et jusqu’à 2,5 % dans les pays industrialisés.
Un chiffre qui a augmenté de 89 % entre 1991 et 2008 et pourrait même déjà atteindre les 100 millions de personnes, certains pays sous-évaluant leurs statistiques, selon le BIT.
Nombre d’entre eux sont sous-payés, le travail domestique faisant partie des professions les plus faiblement rémunérées, d’après le BIT, sans horaire ni protection sociale.
Ainsi, 56 % des travailleurs domestiques n’ont pas de lois fixant des limites d’heures de travail tandis que 45 % n’ont pas de jour de repos, a rappelé M. Somavia, soulignant qu’il était grand temps de s’attaquer à cette part informelle de l’économie pour la rendre enfin visible.
La convention prévoit comme mesure principale de garantir à ces femmes de ménage, gardes d’enfants ou cuisiniers... un traitement similaire à celui dont bénéficient les autres catégories d’employés.
Elle stipule également de leur assurer un jour de repos par semaine et entend empêcher leurs employeurs de les obliger à rester sur leur lieu de travail pendant leurs congés.
Le document doit désormais être ratifié par au moins deux pays pour entrer en vigueur. Pour ces derniers, il aura un caractère contraignant.
Ainsi, « son approbation n’a pas été une tâche facile », a reconnu M. Somavia.
Si la grande majorité l’ont accepté, y compris les pays du Golfe, l’Inde, l’Indonésie ou encore le Bangladesh, très réticents au départ, certains pays se sont abstenus, comme la Grande-Bretagne.
La représentante britannique a expliqué que Londres « ne sera pas en mesure de ratifier le texte », offrant déjà selon elle « une large protection aux travailleurs domestiques ».
Elle a également fait valoir qu’il serait difficile d’appliquer les mêmes normes notamment sanitaires et de sécurité à des employés dans des foyers et dans des entreprises.
Malgré tout, la directrice du programme sur les conditions d’emploi du BIT, Manuela Tomei, se veut optimiste quant à la ratification du texte qui a été conçu, selon elle, avec beaucoup de « flexibilités » pour pouvoir être plus facilement adaptable aux lois nationales.
« La volonté politique est là », a assuré Mme Tomei. D’ores et déjà, les Philippines et l’Uruguay ont fait part de leur intention de le ratifier.
Reste, selon les ONG, que la partie n’est pas encore gagnée.
« Il y a encore beaucoup à faire », a reconnu la responsable du Réseau international des travailleurs domestiques, Myrtle Witbooi, se félicitant malgré tout « de ce grand jour ».
(Source : AFP)
Les 183 États membres de l’Organisation mondiale du travail (OIT) ont adopté hier une convention « historique » sur les travailleurs domestiques, destinée à améliorer le cadre de protection de millions de personnes dans le monde, sous-payées et soumises à des horaires extensibles.Le texte, discuté depuis le début de la 100e assemblée de l’OIT, a été accepté sous un tonnerre...

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