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Culture - Cimaises

Dans la secrète intimité du non-dit

« Désirs, cauchemars et rêves » est le thème de cette exposition collective qui réunit une série d'œuvres à la galerie The Running Horse jusqu'au 15 juin. Une seconde édition qui brise toutes les limites d'un imaginaire contemporain débridé.

« Les rêves de jour », de Carlo Keshishian.

Ils s'appellent Aaron Johnson, Carlo Keshishian, Emi Miyashita, Greely Myatt et David Siepert. Leurs œuvres ne se ressemblent pas et n'ont en évidence aucun point commun. Sauf un seul, bien sûr. Ainsi, si ces œuvres photographiques, sculpturales ou picturales se côtoient dans ce même espace c'est parce qu'elles évoquent les désirs, les fantasmes, les rêves de chacun, mais aussi parce qu'elles n'admettent aucune catégorisation ni label.
À travers le travail de ce groupe d'artistes, c'est le dit et le non-dit, l'obscur éclairé, le fantasme devenu réalité qui sont exprimés, créant ainsi une passerelle entre le regard et l'artiste.
Pénétrer les fantasmes et les rêves de l'autre relève en effet du voyeurisme mais, dans le cas de cette exposition, il s'agit plus d'une sublimation de l'inconscient intime de tout être. À ce propos, on ne peut que citer Louise Bourgeois qui disait : « Je ne connais rien d'aussi gratifiant que le travail d'un artiste qui permet de sublimer le banal et le quotidien. »
À travers cette démarche artistique où tout fantasme se transforme en une métaphore symbolique dans laquelle chacun y trouve sa propre lecture, c'est la vie humaine qui est célébrée dans ses multiples facettes.
Léa Sednaoui explique les raisons de ce choix d'artistes qui semblerait de prime abord étrange « On a choisi un groupe d'artistes qui explorent l'esprit humain et tentent de matérialiser l'inconscient sous différents aspects. » Dans chaque œuvre il y a un sentiment de répulsion et d'attraction, de compréhension et de malentendu qui se dégage, créant des contradictions à la fois muettes et bavardes.

Mondes intérieur et extérieur
Ainsi, pour Aaron Johnson (L'avaleur d'épées), c'est le contenu ou le sujet qui contredit la forme employée. Son monstre grotesque aux yeux exorbités et meurtriers contraste totalement avec un traitement de couleurs gaies et exubérantes. En usant d'une technique nouvelle (peindre à l'envers pour redécouvrir l'image à l'endroit), Johnson prouve que la peinture n'est pas morte comme certains le prétendent.
Miyashita (artiste japonaise) crée, pour sa part, des fantasmes sexuels pourtant hors contexte. Seins arrondis et phallus microcosmiques croqués au crayon - si petits qu'il faut se servir d'une loupe pour les voir - évoluent sous le chapiteau d'un grand cirque, jouent aux trapézistes et aux acrobates. Une manière ludique de représenter ce thème si récurrent de nos jours.
Quant à Carlo Keshishian, c'est à travers des « doodles » répétés en spirales, à la manière des années 70, que l'artiste (très peu prolifique) sonde les non-dits. Dans ce cercle psychédélique à la limite du vertige, c'est le monde intérieur qui est représenté sur une grande toile sans cadre ou sur petits formats.
À sa façon, Greely Myatt s'approprie les médias modernes pour suggérer les mots. À travers des formes devenues familières (les bulles de mangas et des bandes dessinées), le lecteur parvient à comprendre le message et à réagir par le seul médium employé. Le sculpteur manie un acier qu'il courbe sous forme de nuages et marie le bois et le plâtre pour exprimer un Damm it dans un petit cornet de glace tombé au sol. C'est certes l'usage d'une nouvelle expression artistique.
Enfin, David Siepert présente une série de photographies de maisons la nuit. En manipulant l'objectif, il a su introduire la lumière d'une manière béante. Sélectionnées dans différents lieux, les demeures semblent ainsi inertes, abandonnées, contrastant avec la lumière si vivante. Les secrets intérieurs que ces demeures dissimulent derrière des volets clos sont encore une fois en totale adéquation avec le thème de cet affichage.


* The Running Horse (Quarantaine). Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi de 12h00 à 19h00 et les samedis de 14h00 à 17h00. Tél. : 01/562778.
Ils s'appellent Aaron Johnson, Carlo Keshishian, Emi Miyashita, Greely Myatt et David Siepert. Leurs œuvres ne se ressemblent pas et n'ont en évidence aucun point commun. Sauf un seul, bien sûr. Ainsi, si ces œuvres photographiques, sculpturales ou picturales se côtoient dans ce même espace c'est parce qu'elles évoquent les désirs, les fantasmes, les rêves de chacun, mais...

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