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Liban - Société

La rue Badaro prend ses quartiers

La fête du quartier Badaro a eu lieu vendredi dernier. L'occasion de réunir anciens et nouveaux habitants, mais aussi de faire connaître le quartier.

Sur des tréteaux de fortune, une petite fille en tenue de danse s’apprête à déployer son talent devant une foule souriante touchée par sa grâce. Photo Josselin Brémaud


« Je suis plutôt surpris, les organisateurs de la fête n'ont pas lésiné sur les moyens. Surtout pour un petit quartier comme Badaro. » Dany, éducateur d'une cinquantaine d'années, pensait être de passage à la fête de son quartier ; à la vue de l'effervescence générale, il a décidé d'y rester un peu plus longtemps que prévu. De nombreuses animations se sont succédé vendredi après-midi le long de la rue Badaro pour « faire revivre le quartier », selon les mots de Mgr Nasr, à l'origine de la manifestation réunissant « riverains et responsables du quartier », mais aussi des personnes simplement venues pour connaître Badaro.
L'après-midi débute vers 17h par une prestation de la fanfare de l'armée, en rang et en rythme face à une foule encore éparse et désordonnée, acculée au trottoir sur lequel des stands divers sont déployés. Invités spéciaux de la fête, les commandos militaires réalisent ensuite plusieurs exercices de grand spectacle, tels un simulacre d'attaque de blindé, des sauts au milieu de cercles en flammes, ou des descentes en rappel le long d'un immeuble attenant à la rue. La présence de l'armée s'explique par la proximité de l'hôpital militaire, situé au sud du quartier.
Autre activité, autre proximité, les chevaux de l'hippodrome voisin viennent également créditer l'assemblée de quelques foulées d'un bout à l'autre de la rue. Peu à peu, les enfants investissent le centre de la chaussée, tout heureux de profiter d'un après-midi au cours duquel la voiture, pour une fois, est en infériorité numérique par rapport aux piétons. Débarrassée des véhicules qui prennent habituellement d'assaut les multiples trottoirs du quartier, la rue Badaro est surprenante à voir.

« La rue, chemin qui nous lie les uns aux autres »
Pour Dany, cette fête est la bienvenue, même si « cela ne changera pas le fait que c'est un quartier déserté, plutôt inabordable au niveau financier, et qui a perdu de son dynamisme ». Marée montante et descendante, la foule tangue d'un côté à l'autre de la rue, au gré des spectacles proposés. Dabké, chants avec les enfants, spectacle de danse : les activités s'enchaînent sans temps mort. Rita Saab-Moukarzel, qui a été chargée de communiquer sur l'événement, explique que près d'un millier de personnes se seraient déplacéss pour venir suivre la manifestation. Pour Mgr Nasr, qui déambule le long des stands, la fête est « un succès, étant donné que l'on n'attendait pas tant de monde dans cette rue ». Un lieu symbolique qui, à ses yeux, est le meilleur endroit pour une réunion citoyenne : « La rue, c'est le chemin qui nous lie les uns aux autres. C'est dans la rue que les citoyens des pays arabes ont fait entendre leurs revendications démocratiques, dernièrement. »
Georges, libraire, est installé depuis près de cinquante ans dans le quartier. Neuf bombes sont tombées sur son magasin au cours des années de la guerre; pourtant, il n'a jamais fermé boutique. Témoin privilégié de l'évolution du quartier, il déclare qu'à la suite du conflit « l'ambiance n'était plus la même, ici ». Il poursuit, enjoué : « Depuis 1975, c'est la première fois qu'un tel événement a lieu. C'est une excellente nouvelle. » Les organisateurs parlent déjà de renouveler l'expérience l'an prochain, après le succès de cette première édition. Entre-temps, plusieurs autres projets citoyens pourraient voir le jour dans le quartier, notamment pour la fête de Noël.

« Je suis plutôt surpris, les organisateurs de la fête n'ont pas lésiné sur les moyens. Surtout pour un petit quartier comme Badaro. » Dany, éducateur d'une cinquantaine d'années, pensait être de passage à la fête de son quartier ; à la vue de l'effervescence générale, il a décidé d'y rester un peu plus longtemps que prévu. De nombreuses animations se sont succédé...

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