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Moyen Orient et Monde

Une traque de longue haleine

La maison dans laquelle vivait Oussama Ben Laden, à Abbottabad, ville située à une cinquantaine de kilomètres d’Islamabad. Farroq Naeem/AFP

C'est l'été dernier, après des années passées à collecter et analyser des renseignements, que la traque de Ben Laden s'est accélérée. Elle s'est accélérée quand les services américains ont fini par remonter à la résidence qu'il occupait au nord d'Islamabad, selon le récit d'un responsable américain.
« Dès le moment où nous avons identifié Ben Laden comme une menace, la CIA a rassemblé des éléments sur les personnes de son cercle proche, dont ses messagers personnels », a raconté un haut responsable de l'administration Obama sous couvert d'anonymat lors d'une conférence téléphonique. L'un de ces messagers intéressait particulièrement les services américains. Des membres d'el-Qaëda capturés avaient donné son « nom de guerre » et l'avaient présenté comme un protégé de Khaled Cheikh Mohammad, le « cerveau » des attentats du 11-Septembre, et un assistant de confiance d'Abou Faraj al-Libbi, le numéro trois d'el-Qaëda capturé en 2005. « Ils ont aussi présenté cet homme comme l'un des seuls messagers en qui Ben Laden avait confiance et ont indiqué qu'il se pouvait qu'il vive avec lui et le protège. Mais pendant des années, nous n'avons pas pu l'identifier par son vrai nom ni savoir où il se trouvait », confie ce haut responsable.
Ce n'est qu'en 2007 que son identité est découverte. Mais pas question pour le haut responsable de la révéler. Il y a quelques mois, les Américains finissent par découvrir la zone où le messager se trouvait, avec son frère : au Pakistan. « Mais nous n'arrivions toujours pas à savoir exactement où ils vivaient ». Ils prenaient beaucoup de précautions. « Le fait qu'ils soient si prudents nous a confortés dans le sentiment que nous étions sur le bon chemin », confie-t-il.
Août 2010 : la percée. Leur habitation est enfin localisée, c'est un « complexe à Abbottabad » dans un quartier peuplé de militaires à la retraite. Barack Obama est informé. « Quand nous avons vu le complexe dans lequel les deux frères vivaient, nous avons eu un choc », confie le haut responsable. Le complexe occupe un vaste terrain. Il est « huit fois plus grand que les autres maisons du quartier ». Quand il a été construit en 2005, il se trouvait au bout d'une petite route non goudronnée. Depuis, d'autres maisons ont été construites alentour.
Satellites, drones, renseignement humain ? Le haut responsable ne détaille pas comment les observations ont été réalisées mais chaque détail de cette résidence est dûment expertisé. Les mesures de sécurité ? « Extraordinaires », selon lui. Des murs s'élèvent jusqu'à 5,5 mètres et sont surmontés de barbelés, l'accès n'est possible que par « deux portails sécurisés ». Autre incongruité, les occupants brûlent leurs ordures quand les voisins bénéficient d'un service de ramassage. L'immeuble d'habitation lui aussi détonne dans l'environnement avec le « peu de fenêtres sur la façade extérieure » et ses trois étages surmontés de murs de deux mètres pour pouvoir monter sur le toit tout en se protégeant des regards indiscrets. Pas d'Internet, de téléphone.
Comment les deux frères pouvaient-ils s'être offert cette propriété évaluée à un million de dollars où ils vivent avec leurs familles et avec une troisième famille qui ressemble fort à celle de Ben Laden ?
Après avoir étudié la question « sous tous les angles », la conclusion s'impose : il y a une « forte probabilité » qu'il s'agisse bien du chef d'el-Qaëda.
Vendredi, à 08h20 (12h20 GMT) Barack Obama autorise l'opération. Deux jours plus tard (dimanche après-midi à Washington, très tôt lundi matin au Pakistan), « une petite équipe américaine » s'embarque à bord d'hélicoptères pour cette « opération particulièrement dangereuse », poursuit un autre haut responsable américain. Le raid se veut « chirurgical » pour ne pas provoquer de victimes parmi les femmes et enfants qui occupent la résidence ou les voisins. Ben Laden, un de ses fils et les deux frères, ses messagers, sont tués ainsi qu'une femme utilisée comme « bouclier humain par un combattant ». Une autre femme est blessée. Le haut responsable dit ne pouvoir entrer dans les détails et ne précise pas si des prisonniers ont été faits.
L'un des hélicoptères a des ennuis mécaniques, il ne peut redécoller. Les commandos le détruisent et s'entassent à bord d'un autre appareil avec le corps de Ben Laden. Les commandos seront restés 40 minutes au sol, la traque est finie.
(Source : AFP)
C'est l'été dernier, après des années passées à collecter et analyser des renseignements, que la traque de Ben Laden s'est accélérée. Elle s'est accélérée quand les services américains ont fini par remonter à la résidence qu'il occupait au nord d'Islamabad, selon le récit d'un responsable américain.« Dès le moment où nous avons identifié Ben Laden comme une menace, la CIA a...

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