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Culture - Mois de la francophonie

Au CCF, Luc Chareyron fait l’éloge de la « Pifométrie »

Luc Chareyron est à la salle des conférences du CCF de Beyrouth, ce soir et demain à 20h30, pour donner, justement, une conférence sur la « Pifométrie ». Un spectacle ovni mêlant sciences et sémantique, et qui promet des giclées de rires.

Un langage aussi décalé que poétique. Photo DR

Comment parler sur un ton sérieux en faisant « l'éloge de la pifométrie » ? Faire une conférence devant une audience avec un tableau, une table et plein de chiffres arithmétiques et de mesures d'unité à l'appui en suscitant l'hilarité ? Comment convaincre cette même audience que chacun d'entre nous est né avec un pifomètre incorporé dans la tête, qu'on n'a nul besoin de l'acheter en pharmacie, ni même dans une épicerie, mais qu'à puiser dans notre jargon populaire pour se rendre compte que nous sommes tous « à un poil près », des pros du pifomètre ?
Si le comédien seul en scène vous dit « qu'il y a belle lurette que le bus est passé et qu'il va falloir marcher une sacrée trotte sous cette pluie de tous les diables pour pouvoir se rendre à perpette », personne ne viendra contester pourquoi la trotte est sacrée, la lurette est belle ou la pluie issue de tous les diables. Au contraire, tout le monde en conviendra de la justesse des propos et trouvera la syntaxe très claire. Magie de la pifométrie, cette science juste et précise, colorée et fleurie, qui a même été établie dans un site propre à elle. Si, si, faites des recherches.
C'est parce que Luc Chareyron, comédien et musicien, a fait l'éloge de cette science, dans un texte écrit par lui, et qu'il a fait plus de trois cents tournées dans plusieurs pays de la planète, expliquant ses fondements et ses règles, qu'il est promu aujourd'hui au rang de d'ingénieur pifométricien de l'Ensip.

Sémantique et sciences
Depuis le Conservatoire de Grenoble en 1989 à la fondation d'Archipel Théâtre à Tournon-sur-Rhône en 1993 et de ses spectacles dans cette compagnie où il signe quatre mises en scène, à l'année 1997 où il participe à l'aventure musicale de « Gérard Morel et les Garçons qui l'accompagnent », ce natif de l'Ardèche n'a pas cessé de mélanger les genres et mêler les disciplines artistiques.
Après avoir rejoint l'équipe de « Carcara » et fait partie de la création des « Pièces détachées » en 2001, Chareyron crée en 2005 cette conférence sur la pifométrie qui rend également hommage à la langue française et à sa richesse.
« Au pif » évoque le flair, « l'intuition, le senti, le ressenti et ne peut donc rentrer dans la case de la science, car cela touche le domaine de l'à peu près », dira Chareyron. Ce jongleur des mots avoue avoir été conquis par cette idée de pifométrie, ce langage qui n'appartient ni à l'argot ni au vocabulaire classique, mais qui demeure jusqu'à présent très usité tout en étant indéfinissable. « Je suis tombé sur un document mis sur le Net, élaboré en plusieurs points, explique le comédien, où l'on faisait par exemple la différence entre une bonne moitié et une petite moitié, un petit bout de temps et un sacré bout de temps. Ce système pifométrique expliqué avec ses unités de temps, de volume ou de quantité, et qui semblait très sérieux, m'a interpellé et a été le point de départ de mon texte. »
La conférence à mi-chemin entre des affirmations hermétiques et drôles, entre l'à peu près et le précis, officié par Luc Chareyton, aussi décalé qu'absurde, flirte également avec la poésie de ce langage français. Alors canular, comédie ou science, qu'importe ? L'essentiel est d'en rire.
Comment parler sur un ton sérieux en faisant « l'éloge de la pifométrie » ? Faire une conférence devant une audience avec un tableau, une table et plein de chiffres arithmétiques et de mesures d'unité à l'appui en suscitant l'hilarité ? Comment convaincre cette même audience que chacun d'entre nous est né avec un pifomètre incorporé dans la tête, qu'on n'a nul besoin...

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