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Culture - Exposition

Sur la toile perlée et aérienne de Catherine Gran

Parmi les paquets en carton, des personnages suspendus entre passé et présent surgissent des œuvres grand format et semblent vous fixer étrangement. Ces huiles, signées Catherine Gran, sont exposées à la galerie Aïda Cherfan jusqu'au 31 mars.

« Vie de couple », huile grand format.

Sur fond d'une palette aux couleurs basiques (terre, brun et gris), traversée par des incursions de rouge, de vert et de rose, parfois même d'une nouvelle teinte que l'artiste découvre et intègre pour jouer avec les contrastes, Catherine Gran croque des personnages qu'on dirait british. Lascifs, nonchalants, vêtus à la mode dandy, ces caractères-là sont «pourtant hors temps» et n'appartiennent à aucune délimitation géographique. «Ils composent simplement mon univers», dira-t-elle.
Un univers que Gran, née d'une famille d'artistes à Moscou, s'est construit au fil du temps. «Je suis arrivée en France à l'âge de 15 ans. Ayant déjà décidé à sept ans de faire du dessin mon métier, j'ai poursuivi donc des études à l'École nationale supérieure des arts décoratifs. Mon univers esthétique s'était d'abord forgé en grande partie en Europe de l'Est, raconte-t-elle. L'art russe est en effet très varié et je suis très sensible à sa manière d'interpréter les canons de l'art occidental ou de faire des révolutions créatives comme dans les années 1920. D'ailleurs, je puise mon inspiration auprès d'artistes russes, comme Rodtchenko ou Petrov-Vodkine.» Après avoir commencé par un univers en noir et blanc, celui de la gravure, Gran se met à la peinture à l'huile «en faisant parfois des infidélités à mes grandes toiles dans mes séries à l'encre de Chine», dira-t-elle.

 

Pour l'amour des belles choses...
Quand on l'interroge sur sa manière de travailler, l'artiste reconnaît que même si elle prend un peu de temps pour terminer une toile, elle ne la quitte pas avant de l'achever, pour ne pas briser la magie : «Ma recette est simple, dit-elle: affronter chaque tableau, s'entendre avec lui et le comprendre avant de passer à un autre.» C'est ce dialogue permanent et renouvelé qui apparaît dans les œuvres sensorielles de Catherine Gran.
Il y a quelque chose de pesant, mais aussi de léger dans ces corps lourdement affalés sur les fauteuils mais, comme le dit Catherine Gran, «les propos ne sont nullement d'ordre philosophique, mais purement esthétique». Les silhouettes sont encadrées par des boîtes en carton «élastiques, modulables et semblables à des cubes legos, qui leur servent de socles, de murs, de couloirs et de tables», et avec lesquelles elle parvient à structurer l'espace à l'infini. Des traits et des figures géométriques, comme la sphère, achèvent de donner à cette composition un dynamisme sensible. «J'aime cette idée d'intégrer dans une toile des éléments étrangers, à la manière du crâne anamorphosé dans Les Ambassadeurs de Holbein ou les nimbes en aplats dorés des saints dans les œuvres de la Renaisance», avoue Catherine Gran.
À travers le choix des teintes et l'emploi du carton comme thème récurrent sur le canevas, la transparence et la luminosité produites par des petites ampoules dissimulées dans ce labyrinthe de boîtes, Gran a pu faire ressortir de l'ordinaire et du quotidien l'immatériel, le non-visible et le surprenant. La toile est cet espace de liberté où l'artiste effectue un jeu d'équilibre constant entre les contrastes ouvrant la porte à des possibilités non explorées.
Présenter des champs esthétiques nouveaux en se confrontant aux défis des techniques de la peinture, c'est ce que propose Catherine Gran, toujours en quête du beau, sur son canevas soyeux et sensoriel, lisse jusqu'à devenir évanescent, presque irréel.

Sur fond d'une palette aux couleurs basiques (terre, brun et gris), traversée par des incursions de rouge, de vert et de rose, parfois même d'une nouvelle teinte que l'artiste découvre et intègre pour jouer avec les contrastes, Catherine Gran croque des personnages qu'on dirait british. Lascifs, nonchalants, vêtus à la mode dandy, ces caractères-là sont «pourtant hors temps»...

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