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Lifestyle - Philippines

Palawan, île paradisiaque et terrain de guerre pour l’environnement

Les splendeurs naturelles de l'île pourraient disparaître en une génération, vu la frénésie de destruction qui anime des groupes cherchant à exploiter les ressources minières ou halieutiques.

Palawan abrite, parmi les plus belles plages du pays, des récifs de coraux exceptionnels, d’immenses forêts et deux sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Noel Celis/AFP

Pour les touristes, l'île de Palawan, à l'ouest des Philippines, est un paradis. Pour les défenseurs de l'environnement, c'est un terrain de guerre, où les militants écologistes risquent leur vie.
Cette île, promue par les autorités comme un lieu préservé, à la bordure occidentale de l'archipel, est emblématique d'une lutte qui traverse le pays, avec son cortège de menaces, de tortures et de meurtres.
Fin janvier, un vétérinaire, père de cinq enfants, Gerry Ortega, 47 ans, a été abattu dans un magasin de Puerto Princesa, la ville principale de Palawan. Il animait un programme radiophonique qui accusait de corruption des responsables politiques, soupçonnés d'accepter de l'argent en échange d'autorisations accordées pour des pêches ou des coupes de bois illégales. «Il avait reçu de nombreuses menaces de mort, raconte sa veuve, Patty. C'était un homme passionné par
l'environnement.»
Palawan abrite, parmi les plus belles plages du pays, des récifs de coraux exceptionnels, d'immenses forêts et deux sites classés au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais les défenseurs de l'environnement estiment que ces splendeurs pourraient disparaître en une génération, vu la frénésie de destruction qui anime des groupes cherchant à exploiter les ressources minières ou halieutiques.
Les eaux de Palawan fournissent plus de la moitié des produits de la mer consommés aux Philippines et des exportations pour plusieurs millions de dollars vers d'autres pays d'Asie. La pêche au cyanure ou à la dynamite a détruit nombre de récifs.
Les sous-sols recèlent du nickel, du cobalt et autres minerais, qui ont fait l'objet de centaines de demandes de permis d'exploitation. Pour résister, une campagne a été lancée pour demander l'interdiction de toute activité minière.
«Sur les cartes postales, c'est un endroit idéal pour le tourisme», souligne Robert Chan, avocat qui milite pour la défense de l'environnement et directeur général de Palawan NGO Network. «Mais si l'on parle des ressources utiles pour la biodiversité et la médecine, qui serviront aux générations futures, des forêts très anciennes ou des mangroves, des récifs coralliens, alors nous sommes en train de tout perdre», ajoute-t-il.
Plusieurs lois existent pour protéger la nature de Palawan, mais rien ne permet de lutter contre le mépris des lois et la corruption qui infusent toute la société philippine, notent les militants et certains hommes politiques. «Le principal obstacle (à la protection) est l'argent agité par les grands groupes et ceux impliqués dans des activités illégales», explique Edward Hagedorn, le maire de Puerto Princesa, un allié politique des défenseurs de l'environnement. Il a interdit l'industrie minière et la coupe de bois sur le territoire de sa commune, qui recouvre des forêts et des plages de sable blanc. Des personnes puissantes, y compris «des gens chargés de faire respecter la loi, des juges», ont tenté de le corrompre, pour pouvoir par exemple charger des chargements de pêche illégale dans des avions qui décollent de l'aéroport de la ville, raconte-t-il.
Au milieu de ce chaos judiciaire et politique, les activistes doivent endosser les responsabilités qui sont celles de la police ou du gouvernement, se retrouvant ainsi dans des situations dangereuses. L'avocat Robert Chan, qui forme les communautés locales à lutter contre l'abattage de bois illégal, cite l'exemple d'un collègue activiste. Il se battait contre la destruction de la mangrove quand il a été tué en 2006. «Il a été enterré près de la surface du sol, pour qu'on puisse le retrouver aisément, les testicules dans la bouche, la langue coupée, les yeux et ses ongles arrachés, le corps criblé de 16 coups de poignard.»
Beaucoup des défenseurs de l'environnement ont reçu des menaces de mort, comme Abdelwin Sangkula, et quatre ont été tués ces dernières années.
Abraham Mitra, le gouverneur de Palawan, qui préside également le Conseil de développement durable de l'île, n'a pas répondu aux demandes d'interviews de l'AFP. Ce Conseil de développement a récemment lancé une campagne de publicité dans la presse nationale pour réfuter les accusations des militants pour l'environnement, affirmant que les autorisations à l'industrie minière sont accordées de manière responsable.

© AFP
Pour les touristes, l'île de Palawan, à l'ouest des Philippines, est un paradis. Pour les défenseurs de l'environnement, c'est un terrain de guerre, où les militants écologistes risquent leur vie.Cette île, promue par les autorités comme un lieu préservé, à la bordure occidentale de l'archipel, est emblématique d'une lutte qui traverse le pays, avec son cortège de menaces,...

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