Or, « les spéculateurs ne misent plus seulement sur une poursuite du chaos en Libye, mais aussi sur des troubles en Arabie saoudite », dont la situation est très surveillée, ajoute Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix. Le royaume, premier exportateur mondial de brut, a connu vendredi dernier des manifestations de faible ampleur et pourrait pâtir de la contagion des forts mouvements de contestation des pays voisins, en particulier Bahreïn. Dans ce contexte, même en cas d'apaisement en Libye, « si un autre pays arrête sa production, ou tout simplement si la menace d'une telle interruption venait à surgir, les prix s'envoleront au-delà des 150 dollars », observe David Hufton, du courtier PVM.
« Si c'est en Arabie saoudite, ils vaudront même davantage », précise-t-il. Un scénario de la banque Nomura envisage un baril grimpant jusqu'à 220 dollars en cas de graves troubles en Algérie.
Hier après-midi, le baril s'échangeait à 105,57 dollars à New York et à plus de 114 dollars à Londres. Alors que le spectre d'une pénurie hante les marchés, « la demande physique (des pays consommateurs, soucieux de renforcer leurs stocks) augmentera plus que ce que représentent les pertes réelles de production », poursuit M. Hufton.
Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a pour sa part assuré hier que l'offre de brut était « très adaptée » aux besoins des marchés mondiaux et indiqué que le royaume avait une capacité de production supplémentaire de 3,5 millions de barils par jour (mbj) si nécessaire. L'Arabie saoudite a certes accru sa production, mais pourrait ne pas être à même de remplacer le brut libyen, très léger et à faible teneur en soufre (« light sweet »). Du pétrole de même qualité se retrouve en Algérie et au Nigeria, pays qui ne sont pas non plus exempts de tensions. « C'est peut-être au Nigeria (premier producteur africain, NDLR) que réside le principal risque d'une nouvelle rupture d'approvisionnement » après la Libye, avertit ainsi Barclays Capital, notant les risques d'une hausse des attaques des infrastructures énergétiques avant les élections présidentielles d'avril.
Du côté des pays consommateurs, « les stocks américains sont surabondants, mais ce n'est pas le cas partout. Fin janvier, les stocks de brut en Europe étaient à leur plus bas niveau depuis six ans pour cette époque de l'année », souligne de son côté le centre d'études CGES. Selon lui, « l'important recul des stocks pétroliers mondiaux » au deuxième semestre 2010 s'explique par une consommation robuste, tirée par une très solide demande asiatique, en particulier en Chine. Cette demande pourrait ralentir face à la flambée des prix du brut, mais ne devrait pas diminuer pour autant, renchérissait Mark Williams, économiste de Capital Economics.
Signe d'une anxiété croissante, la Maison-Blanche a indiqué dimanche réfléchir à un recours aux réserves stratégiques des États-Unis, une mesure habituellement prise en dernier ressort. Au total, les réserves des pays membres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) correspondent à quelque 90 jours de leurs besoins d'importations. Sur les marchés du pétrole, cette année sera celle « de tous les périls », conclut Barclays Capital.
(Source : AFP)
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