À toutes ces questions, une seule réponse: rien de plus qu'un ordinateur branché à un grand écran et un acteur, sorte de passeur d'images, de photos, de clichés, mais aussi de mots et d'émotions. Rabih Mroué et rien que lui, sagement attablé derrière son ordi, jouant au chat avec sa «souris», questionnant l'auditoire, s'interrogeant lui-même, présentant ses excuses pour des actes qu'il a faits alors qu'aucun responsable politique n'en a présenté à la population.
Rabih Mroué, comédien subtil, caractère spontané (tellement spontané qu'on a l'impression à certains moments qu'il improvise ou qu'il cause simplement avec son public), raconte des histoires. Rabih Mroué maniant la langue arabe, savoureusement, décryptant les codes de l'esprit à satiété fouille dans sa mémoire ainsi que dans la nôtre. Rabih Mroué, mariant la nonchalance à la vivacité, la profondeur à la légèreté, recyclant ses archives de guerre, des petites comme des grandes, sa mémoire personnelle, publique, jongle avec les stockages de l'esprit, soi-disant inutiles, mais tellement précieux car ils illustrent ce personnage multidisciplinaire. Son humour est caustique et incisif, loin de toute critique malfaisante et gratuite. Son esprit bien que prétendant se disperser n'est jamais dévoyé.
Rabih Mroué peuple la scène. Seul devant son ordi, il ne se déplacera que deux fois pour des gestes anodins. C'est un semeur d'idées. La phrase à peine lancée au milieu de l'audience fait son chemin et grandit puis grossit dans un rire comme une vague salvatrice. Durant cette heure partagée avec un public de fidèles, le comédien affirme avoir épousseté ses archives, fait le vide dans sa tête et aussi, par conséquent, «deletera » tous les «folders» de sa machine à mémoire et les déposera dans son «recycle bin». Par ce geste preste et prompt, Rabih Mroué aura invité le public à réfléchir, tout en se divertissant, sur les couloirs du temps qu'on traverse parfois sans s'y attarder.
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