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Moyen Orient et Monde - Contestation

Bahreïn choisit la force face aux manifestants

L'opposition chiite se retire du Parlement.

Des policiers délogent par la force les manifestants installés place de la Perle, à Manama. Joseph Eid/AFP

L'armée bahreïnie s'est déployée en force hier à Manama, « pour assurer la sécurité des citoyens et des résidents, et protéger leur liberté et leurs biens des actes de violences », selon un communiqué militaire « numéro un ». « Toutes les mesures ont été prises pour rétablir l'ordre et la sécurité publics », a ajouté l'armée, avant de demander aux habitants d'éviter de se rassembler aux « endroits sensibles ». Des véhicules blindés de l'armée ont été déployés dès la matinée dans les endroits stratégiques de la capitale.
Ce déploiement est intervenu après que les forces de sécurité eurent, dans la nuit de mercredi à jeudi, évacué de manière musclée des milliers de protestataires qui campaient place de la Perle. Selon des témoins, les forces antiémeute ont attaqué les protestataires soudainement, faisant usage de gaz lacrymogènes mais également, selon l'opposition, de balles en caoutchouc et de balles à fragmentations.
Trois personnes ont été tuées et 195 ont été blessées, selon un bilan officiel. Ces nouveaux décès portent à cinq le nombre de personnes tuées depuis le début de la contestation lundi à l'initiative d'internautes.
C'est la première fois dans une monarchie arabe du Golfe que se déroule une manifestation de cette ampleur pour réclamer des réformes politiques.
Devant la presse, le ministre bahreïni des Affaires étrangères, cheikh Khaled ben Ahmad al-Thani, a justifié l'intervention policière par la nécessité d'empêcher un « conflit confessionnel et une crise économique ». Il a rejeté les critiques, appelant à « ne pas préjuger des résultats de l'enquête » destinée à faire la lumière sur les violences.
Le sit-in de la place de la Perle à Manama était animé par des manifestants chiites, majoritaires dans le pays gouverné par une dynastie sunnite.
La dure répression du sit-in a provoqué le retrait du principal mouvement de l'opposition du Parlement, al-Wefaq, chiite (18 des 40 sièges), annoncé par son chef, cheikh Ali Salmane. Ce dernier a déclaré que les opposants, dont son groupe, exigeaient la démission du gouvernement et des réformes politiques qui consacrent « le principe d'une alternance pacifique au pouvoir. Nous avons appelé le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, à œuvrer à protéger les civils à Bahreïn ».
Profondément inquiets, les alliés régionaux du petit royaume ont tenu à Manama une réunion extraordinaire de leurs chefs de diplomatie à l'issue de laquelle ils ont exprimé leur « soutien total à Bahreïn aux plans politique, économique, sécuritaire et de la défense ». « Notre sécurité est une responsabilité collective et il n'est pas question d'accepter les ingérences étrangères », ont affirmé dans un communiqué les ministres du Conseil de coopération du Golfe (Bahreïn, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït).
Le président américain Barack Obama, dont le pays est un allié de Bahreïn, s'est dit pour sa part opposé à l'usage de la violence contre les manifestants, alors que la secrétaire d'État Hillary Clinton a déclaré que les auteurs des violences devaient en être tenus responsables. Le secrétaire à la Défense Robert Gates s'est entretenu par téléphone avec son homologue bahreïni. Bahreïn abrite le siège de la Ve flotte américaine et est le port d'attache des bâtiments de guerre américains en mission dans le Golfe.
M. Ban a indiqué pour sa part que la situation dans les pays du Moyen-Orient touchés par les manifestations exigeait « des réformes audacieuses, pas la répression ». L'Union européenne a aussi déploré les violences. L'Iran, qui se sent proche de la population bahreïnie majoritairement chiite, a demandé à Manama de « tenir compte des demandes de la population ». Par ailleurs, Londres a décidé de réexaminer les licences d'exportation d'armes vers ce pays du Golfe et de les annuler si elles ne répondent plus « aux critères définis » par le Royaume-Uni, a annoncé hier soir le Foreign Office.
Enfin, l'agence de notation Fitch a placé la note « A » de Bahreïn sous surveillance négative.

L'armée bahreïnie s'est déployée en force hier à Manama, « pour assurer la sécurité des citoyens et des résidents, et protéger leur liberté et leurs biens des actes de violences », selon un communiqué militaire « numéro un ». « Toutes les mesures ont été prises pour rétablir l'ordre et la sécurité publics », a ajouté l'armée, avant de demander aux...

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