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Moyen Orient et Monde

Israël irrité par le « lâchage » américain de Moubarak

Pour certains, Obama commet la même « erreur » que Carter en 1979 face à la révolution iranienne.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu s'est abstenu de fustiger publiquement le soutien de l'administration Obama à la contestation en Égypte, pour ne pas envenimer les relations avec un président américain que la droite au pouvoir n'a jamais beaucoup apprécié. Mais le ton général en Israël, dont les États-Unis sont le grand allié, est critique, aussi bien dans les milieux gouvernementaux que dans la presse et parmi les analystes.
« On a l'impression que Washington était très pressé de balancer par-dessus bord le président égyptien Hosni Moubarak » dès qu'il est devenu un allié encombrant, a déclaré à l'AFP un haut responsable israélien, qui a requis l'anonymat. « S'il est vrai qu'au cours des derniers jours, la position américaine est devenue plus nuancée, elle n'en revient pas moins à un lâchage. Ce qui est très inquiétant », a-t-il souligné. « La fidélité est une valeur inestimable, particulièrement au Proche-Orient », a-t-il poursuivi, estimant qu'au-delà des critiques « à l'égard du régime autocratique » de M. Moubarak, son prompt abandon par Washington risquait de miner la crédibilité de la politique étrangère américaine. Il relève aussi « la confusion et l'incohérence des positions américaines » en référence aux déclarations de soutien à M. Moubarak de l'émissaire du président américain en Égypte, Frank Wisner, avec lequel l'administration américaine a aussitôt pris ses distances.
Depuis le début des troubles en Égypte, Israël craint que l'émergence d'un pouvoir islamiste au Caire menace le traité de paix avec son voisin et bouleverse la donne stratégique régionale.
Dori Gold, ancien ambassadeur d'Israël à l'ONU et proche du chef du gouvernement, a reproché dans la presse au président Obama de commettre la même « erreur » que son prédécesseur Jimmy Carter en 1979 face à la révolution iranienne, en refusant de soutenir un régime en place au nom de la démocratie. « Tout un chacun comprend que Moubarak doit partir. Mais nous pouvions nous attendre à ce que Washington n'abandonne pas un homme qui depuis des décennies était son meilleur appui, un véritable barrage contre l'islamisme », écrit le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot. « Si les Américains se conduisent de la sorte vis-à-vis du régime égyptien, que devront penser leurs autres alliés dans la région ? » s'interroge le journal.
Pour Eytan Gilboa, professeur de sciences politiques de l'université Bar Ilan, près de Tel-Aviv, Washington a « planté un couteau dans le dos de son allié » égyptien alors qu'il « pouvait le critiquer de façon plus discrète ». En dépit du soutien unanime du Sénat américain à cette politique, M. Gilboa ne craint pas qu'Israël soit logé un jour à la même enseigne, compte tenu du soutien dont dispose l'État hébreu dans l'opinion publique américaine. À court terme, ce chercheur estime même que la position d'Israël en Occident pourrait être renforcée si l'État hébreu apparaît « comme seul allié stable face à la menace de l'islamisme ». « Israël n'a rien à craindre de l'évolution de la politique américaine, mais beaucoup de ce qu'il se passe en Égypte », estime en revanche le politologue Shlomo Avineri, de l'Université hébraïque de Jérusalem, qui craint une montée en puissance des Frères musulmans opposés à l'accord de paix avec Israël.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu s'est abstenu de fustiger publiquement le soutien de l'administration Obama à la contestation en Égypte, pour ne pas envenimer les relations avec un président américain que la droite au pouvoir n'a jamais beaucoup apprécié. Mais le ton général en Israël, dont les États-Unis sont le grand allié, est critique, aussi bien dans les milieux...

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