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Égypte : les Frères musulmans participent au dialogue avec le pouvoir

Le puissant mouvement des Frères musulmans, jusqu'ici bête noire du régime égyptien, devait participer dimanche au dialogue national auquel le pouvoir l'a convié pour tenter de trouver une issue à la crise qui secoue le pays, un tournant dans sa relation avec l'Etat.
Entretemps, l'armée a renforcé sa présence sur la place Tahrir, emblème de la contestation contre le président Hosni Moubarak dans le centre du Caire, et la vie semblait doucement reprendre dans la capitale, où de nombreux commerces et banques ont rouvert au treizième jour de la révolte.
"Nous allons (au dialogue) principalement pour discuter de la transition, de l'élection d'un nouveau président et d'un nouveau Parlement qui représente le peuple", a déclaré à l'AFP un haut responsable des Frères musulmans, Essam al-Aryane.
Le vice-président Omar Souleimane a annoncé jeudi les avoir invités au dialogue organisé avec les diverses forces politiques sur des réformes démocratiques, alors que M. Moubarak est contesté depuis le 25 janvier par un mouvement populaire sans précédent qui réclame son départ immédiat.
C'est la première fois que le régime appelle la confrérie islamiste, officiellement interdite depuis 1954, au dialogue.
Le Guide suprême de la confrérie, Mohammed Badie, s'était dit vendredi prêt au dialogue avec M. Souleimane mais seulement après le départ de M. Moubarak.
D'après M. Al-Aryane, la participation de la confrérie à cette réunion prévue dans la journée au siège du Conseil des ministres est destinée à "protéger la révolution".
"Les manifestations sont un droit légitime, elles se poursuivront si les revendications des jeunes ne sont pas satisfaites", a-t-il affirmé. "Si elles ne sont pas satisfaites, les Frères reverront leur position".
Dans la nuit, la confrérie a annoncé avoir décidé d'"entamer un dialogue" avec les responsables du pouvoir "pour savoir à quel point ils (étaient) prêts à accepter les demandes du peuple".
Samedi, le bureau exécutif du Parti national démocrate (PND) du président Moubarak a démissionné, une annonce saluée par Washington comme une étape "positive" vers une transition démocratique.
"En tant que président du PND, le président Moubarak a décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti", a indiqué la télévision publique.
M. Badrawi, plus ouvert à des contacts avec l'opposition que les caciques du parti, remplace également le fils de M. Moubarak, Gamal, longtemps considéré comme son dauphin, à la tête du comité politique du PND.
Les Etats-Unis ont néanmoins ajouté attendre "des gestes supplémentaires".
La Maison Blanche a rappelé que le président Barack Obama, dans des entretiens avec plusieurs dirigeants étrangers, avait souligné la nécessité d'une "transition ordonnée, pacifique, qui commence maintenant" en Egypte.
Sur la place Tahrir, les barricades formées par les anti-Moubarak, présents encore dimanche par centaines et rejoints petit à petit par des Cairotes sur la place, étaient toujours là, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Des dizaines de manifestants étaient toujours assis devant les chars de l'armée pour les empêcher de partir de Tahrir, où l'ambiance était calme et des centaines de manifestants se réveillaient après une nouvelle nuit dans des tentes improvisées, malgré le couvre-feu nocturne.
Les routes étaient remplies d'automobilistes et de piétons et les embouteillages étaient de retour tout comme les klaxons des voitures. Une messe a débuté devant un millier de fidèle à Tahrir en présence d'un cheikh arborant un exemplaire du Coran aux côtés du prêtre copte qui dirigeait la messe. "Une seule main, une seule main", répétaient les fidèles d'une seule voix.
M. Moubarak avait réuni samedi pour la première fois le nouveau Premier ministre Ahmad Chafic, les ministres du Pétrole et des Finances ainsi que le chef de la Banque centrale.
Cette réunion "est une preuve qu'il (M. Moubarak) s'accroche à sa position et veut montrer au peuple qu'il est toujours là", a estimé le chef du mouvement d'opposition Kefaya, Georges Ishaq, alors qu'à l'étranger, la presse faisait état de plusieurs scénarios pour assurer une sortie digne au président.
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent dans le calme. Des affrontements entre policiers et manifestants antigouvernementaux durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro et anti-Moubarak le 2 février avaient fait environ 300 morts et des milliers de blessés, selon l'ONU, un bilan non confirmé par d'autres sources.
Le puissant mouvement des Frères musulmans, jusqu'ici bête noire du régime égyptien, devait participer dimanche au dialogue national auquel le pouvoir l'a convié pour tenter de trouver une issue à la crise qui secoue le pays, un tournant dans sa relation avec l'Etat.Entretemps, l'armée a renforcé sa présence sur la place Tahrir, emblème de la contestation contre le président Hosni...