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Culture - art

Les étranges "têtes de caractère" du sculpteur Messerschmidt

Il plisse les yeux, creuse le front, retrousse la bouche, semblant exprimer un immense dégoût : c'est une des "têtes de caractère" de Franz Xaver Messerschmidt, sculpteur singulier et troublant, contemporain des Lumières, auquel le Louvre consacre une première exposition en France.

L'artiste se pinçait en se regardant dans un miroir pour obtenir les expressions grimaçantes qu'il reproduisait ensuite.

Né en Bavière, mais d'abord célèbre à Vienne, Messerschmidt est essentiellement connu pour une série de têtes en métal, à la fois hyperréalistes dans leur facture et totalement expressionnistes par leurs tensions et leurs rictus.
Il commença à les sculpter en 1771 dans la capitale autrichienne où il est membre de l'Académie des Beaux-Arts et portraitiste installé : il réalise des bustes du couple impérial et de personnalités des Lumières viennoises. On ignore combien de têtes Messerschmidt a réalisées pendant sa vie, mais 49 nous sont connues et 21 présentées au Louvre.
Constituées principalement d'un alliage d'étain et de plomb, parfois en albâtre, jamais vendues malgré des offres généreuses, elles ont accompagné le sculpteur tout au long d'une carrière de plus en plus incertaine en raison des troubles psychiques qui l'affectent très tôt et entraînent son expulsion de l'Académie en 1774.
Confronté à ses délires, Messerschmidt va sans doute trouver dans ses visages déformés une manière d'exorciser les esprits maléfiques qui le persécutent et lui causent des souffrances psychiques et physiques.
Selon l'écrivain allemand Friedrich Nicolai, qui lui rendit visite deux ans avant sa mort en 1783 à 47 ans, l'artiste se pinçait en se regardant dans un miroir pour obtenir les expressions grimaçantes qu'il reproduisait ensuite. Pour autant, les têtes ne sont pas des autoportraits, même si certaines sont présentées comme telles. Ainsi "l'artiste tel qu'il s'est imaginé en train de rire", où un homme affublé d'un improbable couvre-chef rit comme le Joker de "Batman".
Plus de dix ans après la mort de Messerschmidt à Presbourg (aujourd'hui Bratislava), 49 têtes ont été exposées à l'hôpital communal de Vienne. C'est à cette occasion que leur furent attribuées les titres encore utilisés aujourd'hui mais souvent triviaux : "L'Odeur forte" ou "L'Homme qui baille", saisissante représentation d'un être dont est soigneusement reproduit jusqu'à l'intérieur de la bouche grande ouverte.
Difficile d'établir une chronologie puisque aucune tête n'est datée. Le commissaire de l'exposition Guilhem Scherf, a choisi une répartition par catégories, en résonance avec l'obsession du classement de l'époque des Lumières : "têtes au rictus prononcé avec des coiffures diverses", "têtes rondes au cou rentré".
Avec Nicolai, les historiens d'art contemporains voient aussi chez Messerschmidt l'influence des travaux médicaux sur la typologie des caractères d'après les traits anatomiques, et plus largement celle des débats de son temps sur l'expression esthétique des passions humaines.
Mais la force obscure des têtes du sculpteur vient d'abord de leur prise directe avec sa folie, leur conférant une esthétique presque intemporelle. Ce n'est pas un hasard si elle seront remises au goût du jour lors de la Sécession viennoise par des amateurs d'Egon Schiele et Gustav Klimt.
Né en Bavière, mais d'abord célèbre à Vienne, Messerschmidt est essentiellement connu pour une série de têtes en métal, à la fois hyperréalistes dans leur facture et totalement expressionnistes par leurs tensions et leurs rictus.Il commença à les sculpter en 1771 dans la capitale autrichienne où il est membre de l'Académie des Beaux-Arts et portraitiste installé : il réalise des...

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