Pilar Guarné : la tradition arabo-andalouse comme à la maison

La Fondation Résonnance, dont Pilar Guarné dirige l'antenne barcelonaise depuis 2008, était de la fête. Retour sur une coopération orientalo-andalouse haute en couleur. Et en musique !
«Récital de Música española»! Une annonce prometteuse pour un beau concert qui a permis de redécouvrir le sémillant répertoire classique espagnol, sous l'emprise du piano de Pilar Guarné. Albéniz, Mompou, Halffter, de Falla, Granados ! Que demander de plus? Un magnifique voyage musical dans la péninsule ibérique des XIXe et XXe siècles. L'Espagne classique servie par la très belle virtuosité de Pilar. Douceur et pétillance au programme. Avec ce dénominateur commun que semblent avoir les musiciens de Résonnance et qui est cette indicible légèreté. Ce supplément d'âme. Courant allègrement sur les blanches et les noires, les doigts de la pianiste flottaient comme autant de lucioles de lumière en quête d'élévation.
Il y a probablement là un peu d'Elizabeth Sombart, généreuse fondatrice de Résonnance qui a participé, avec le chef Jordi Mora, au perfectionnement de Pilar à l'étude de la phénoménologie musicale développée par le grand Sergiù Celibidache. Une technique qui compose la partition de base de Résonnance et conjugue la connaissance de la musique à la maîtrise du corps et de la respiration. À l'instar de ses complices en musique, Pilar consacre en outre une partie de son temps à «offrir la musique dans les lieux où elle n'est pas, en jouant pour les personnes qui sont en vulnérabilité sociale». Après la «masterclasse» ouverte au public qu'elle a animée au siège de Résonnance-Liban, dirigé par Shireen Maalouf, un autre talent d'une subtile délicatesse, elle donnera d'ailleurs aujourd'hui, vendredi, à 16h00, un concert à la maison de retraite Longue vie, à Bhersaf.
À l'issue du concert, l'ambassadeur d'Espagne, Juan Carlos Gafo, et l'auditoire, fort de quelque trois cent cinquante personnes, ont, en connaisseurs, chaleureusement salué la performance. Pilar Guarné confiait, elle, sa joie d'être là, «un peu comme à la maison, grâce à l'héritage arabo-andalous qui rapproche nos deux cultures».
Une autre passerelle était jetée côté cuisine. Au-delà du festin néoculinaire concocté par les trois étoiles Michelin de Joan Roca et inscrit parmi les activités de l'Académie libanaise, un autre Espagnol, Rafaël Anson, président d'honneur de l'Académie internationale de gastronomie, annonçait qu'un accord entre les académies libanaise et espagnole devrait bientôt être mis sur pied afin de stimuler les deux traditions de la table.
Au final, la soirée a permis à Jamhour de lever d'indispensables fonds pour ses activités de bienfaisance, tout en faisant un don à Résonnance, son partenaire du moment. Juste avant de laisser la parole au piano de Pilar Guarné, Joumana Hobeika, vice-présidente du CSCS et chef d'orchestre de la soirée, a d'ailleurs dit en substance que «vivre sans musique, ce n'est pas vivre tout à fait». De quoi souligner, encore une fois, la grande vitalité de la société civile libanaise, sa diversité et le rôle primordial qu'elle a à jouer.