Sur les réfugiés, ils réclament la « reconnaissance par Israël du droit au retour des réfugiés », avec le « choix » pour chaque réfugié de la manière dont il l'exercera, assurant néanmoins que l'application de ce droit ne « créera pas une crise existentielle pour Israël ». Les dossiers internes publiés par al-Jazira indiquaient plutôt une résignation palestinienne au retour d'une fraction infime des réfugiés de 1948 et leurs descendants, au nombre d'environ 5 millions.
Dans un courrier électronique daté du 24 juillet 2008, Ziyad Clot, alors membre du département des négociations, notait que le négociateur Saëb Erakat avait « décidé de communiquer notre position sur les réfugiés très tôt dans le processus de négociations avec les Israéliens » et que « le président Mahmoud Abbas avait présenté une proposition très basse pour le nombre de retours en Israël quelques semaines seulement après le début du processus ».
Le document sur Jérusalem auquel l'AFP a eu accès réaffirme que les discussions doivent partir des lignes de 1967, moyennant des « modifications mineures » et exige le rétablissement des connexions entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie, excluant a priori une annexion globale par Israël des quartiers de colonisation qui encerclent la ville. Les fuites d'al-Jazira présentent les négociateurs palestiniens comme prêts à renoncer « au quartier juif et à une partie du quartier arménien » de la vieille ville, et à accepter l'annexion de la quasi-totalité des quartiers de colonisation.
Les deux textes dont l'AFP a obtenu copie débutent par un avertissement, qui se retrouve dans les propos de MM. Abbas et Erakat cités dans les documents d'al-Jazira : « Il n'y a d'accord sur rien tant qu'il n'y a pas d'accord sur tout. » En d'autres termes, comme le rappelle l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell à M. Erakat, selon le compte rendu d'un entretien le 2 octobre 2009, aucun des compromis, concessions ou formules évoqués, aussi iconoclastes puissent-ils paraître, n'engage les parties.
L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, envoyé spécial du quartette pour le Proche-Orient, a jugé hier que les fuites massives sur al-Jazira risquaient de « faire beaucoup de dégâts ». « Nous n'aurions pas pu mener à bien les négociations en Irlande du Nord si tout avait été mis sur la place publique tout le temps », a-t-il souligné.
En plus de cette dimension, après les concessions envisagées face au centriste Ehud Olmert en 2008, la fermeté affichée envers l'actuel Premier ministre israélien de droite Netanyahu pourrait s'expliquer par la méfiance des Palestiniens, qui se sont lancés dans une campagne internationale pour obtenir la reconnaissance du plus grand nombre possible de pays. Signe que les fuites n'ont pas brisé cette dynamique, le Pérou et le Paraguay se sont ajoutés cette semaine à la liste grandissante des pays latino-américains qui reconnaissent la Palestine sur les frontières de 1967.