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Économie - Consommation

L’ouzo, victime de la hausse des taxes en Grèce

Les ventes de la boisson préférée des Grecs sont en chute libre.

Avec la hausse des prix, les bouteilles d’ouzo restent alignées sur les rayons. Louisa Gouliamaki/AFP

Dans ce bar-distillerie du quartier touristique de Plaka à Athènes, tout près de l'Acropole, les bouteilles d'ouzo en verre teinté restent alignées sur les rayons et s'entassent jusqu'au plafond : « Les ventes sont en baisse de 15 % » s'inquiète le barman, Tareq Abdel Samad. « Et encore, nous avons la chance d'être une adresse très connue, dans les autres bars, les ventes ont chuté de 30 à 40 % » ajoute le barman du « Brettos ».
La Grèce, durement touchée par la crise financière depuis deux ans et un relèvement des taxes sur l'alcool destiné à renflouer les caisses de l'État, a vu chuter la consommation de sa boisson préférée. Certains bars connaissent des difficultés financières et les distilleries se tournent vers l'étranger pour trouver de nouveaux débouchés.
Aucune autre boisson alcoolisée n'est plus intimement liée à la Grèce que l'ouzo. Fabriquée à partir de fruits distillés, raisins ou figues, puis parfumée avec des graines d'anis et des herbes aromatiques, cette boisson est protégée par l'Union européenne qui en a reconnu la spécificité grecque.
Traditionnellement, cette boisson rafraîchissante se consomme dans une « ouzeria », autour de pistaches et de mezzé locaux.
Pour 2010, la Fédération des spiritueux grecs (SEAOP) a prévu une chute de 30 % de la consommation d'ouzo en Grèce et de 25 % de l'ensemble des alcools.
Or, en 17 mois, la Grèce a augmenté de 124 % les taxes sur l'alcool, notamment dans le cadre des mesures d'austérité destinées à réduire la dette et le déficit publics du pays, en échange d'un soutien financier de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI).
Sur une bouteille vendue 6,25 euros, le consommateur grec paie désormais près de 60 % de taxes, c'est-à-dire 3,57 euros, l'un des niveaux de taxe sur l'alcool les plus élevés d'Europe.
En Allemagne, pour le même produit, la taxe s'élève à 40 %.
Ces hausses ont « sérieusement touché l'industrie : la consommation et les ventes ont chuté », indique à l'AFP Haris Mavrakis, secrétaire général du SEAOP.
L'une des premières chaînes de supermarché grecques AB Vassilopoulos a ainsi vu ses ventes chuter d'un cinquième en juin, le mois le plus porteur pour la consommation, et prévoit un recul d'un tiers de l'ensemble de ses ventes d'alcool sur l'année.
L'ouzo représente près des deux tiers de tout l'alcool pur produit en Grèce. L'industrie des spiritueux emploie directement quelque 2 000 personnes, et près de 100 000 indirectement, selon M. Mavrakis.
« Nous luttons pour maintenir l'emploi, et la viabilité des entreprises de taille moyenne est menacée » ajoute-t-il.
« Il s'agit d'un vrai déclin », acquiesce Stasi Barbayannis, occupé à inspecter les étiquettes sur chaque bouteille dans sa distillerie, située sur l'île de Lesbos, en mer Egée, où sa famille produit l'ouzo Barbayanni depuis 150 ans.
Avec la crise « certains se rabattent sur la bière ou le vin », dit-il. « Cette année, les consommateurs (grecs) ont acheté l'ouzo au double du prix qu'ils avaient l'habitude de payer l'an dernier », renchérit Zoi Dokou, chargée de l'exportation pour la marque Kastaros Nikolaos. Ses ventes locales ont reculé de 3 %, mais à l'exportation elles ont pratiquement doublé et représentent maintenant près du quart de son chiffre d'affaires annuel.
Actuellement, plus de 60 % de la production grecque d'ouzo est vendue à l'étranger, essentiellement en Europe du Nord, aux États-Unis et au Canada, mais aussi en Australie, et, en petites quantités, en Chine. Entre 2003 et 2008, les exportations ont progressé de 87 %, selon la SEAOP, qui prédit un marché en « croissance continue » tout en déplorant un manque de soutien gouvernemental pour la promotion du produit à l'étranger.
Dans ce bar-distillerie du quartier touristique de Plaka à Athènes, tout près de l'Acropole, les bouteilles d'ouzo en verre teinté restent alignées sur les rayons et s'entassent jusqu'au plafond : « Les ventes sont en baisse de 15 % » s'inquiète le barman, Tareq Abdel Samad. « Et encore, nous avons la chance d'être une adresse très connue, dans les autres bars, les...

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