« Quand tu passes de l'ombre à la lumière en 25 minutes de course, ta vie change complètement », résume Jay, sacré champion olympique de biathlon à la surprise générale le 14 février 2010.
Deux jours plus tard, il décrochait une deuxième médaille avec sa 3e place en poursuite, quelques heures après que sa petite amie Marie-Laure Brunet se fut offert le bronze en poursuite.
La France tient sa belle histoire d'amour olympique et le couple Jay-Brunet apparaît dans les colonnes de Paris Match et fait quelques incursions à la télévision.
« On a été plus médiatisés, les gens nous arrêtent encore au supermarché pour nous témoigner leur sympathie, c'est assez sympa », souligne Marie-Laure Brunet, également vice-championne olympique de relais. « On n'est pas non plus Manaudou et Bousquet, on n'est pas des people », tempère Vincent Jay.
Cela ne s'est jamais fait
En plus de la prime du Comité olympique français (50 000 euros pour un titre), ils ont décroché de nouveaux sponsors et/ou révisé à la hausse leurs contrat avec leurs équipementiers.
« Mes revenus ont doublé, voire triplé, mais ce n'est pas le football, le tennis ou le golf. Après ma carrière, je serai obligé de travailler », prévient le Savoyard de 25 ans qui insiste comme tous les autres sur « la passion de (son) sport comme moteur ».
L'autre champion olympique français de Vancouver, Jason Lamy-Chappuis (combiné nordique), titulaire du brevet de pilote privé d'avion, a été contacté par Air France en vue de sa reconversion, mais « aucun grand financier n'est venu me voir », sourit-il, sans amertume.
Le n° 1 mondial du combiné nordique sait que le plus dur commence : confirmer son titre. « On va attendre de moi que je gagne chaque course », souligne le Jurassien de 24 ans.
« Pour 99 % des Français, tu es champion olympique et tu dois être forcément leader de la Coupe du monde. Il y a 45 courses de Coupe du monde, tu ne peux pas gagner toutes les courses, cela ne s'est jamais fait », renchérit Vincent Jay.
Ils ne se font guère d'illusions : leurs résultats, même s'ils sont probants, auront plus de mal à retenir l'attention cet hiver qu'avant les JO.
Avant et après
Martin Fourcade, médaillé d'argent en biathlon (mass-start), a déjà pu le mesurer : après Vancouver, il a enchaîné trois victoires consécutives en Coupe du monde, un exploit quasi inédit. « Les JO, on en fait une montagne alors que c'est une course comme les autres. J'ai trouvé presque frustrant de voir qu'il y a les JO, et ce que tu fais avant et après ne sert à rien », regrette-t-il.
Le brutal retour à la réalité post-olympique a pris un autre visage, beaucoup moins prévisible.
Les « héros de Vancouver » (11 médailles) n'ont pas été reçus, comme le veut la tradition, par le président de la République à l'Élysée, faute de date compatible dans les emplois du temps des uns et des autres. Jay et Lamy-Chappuis ont bien reçu leur Légion d'honneur, mais des mains de la ministre de la Santé et des Sports de l'époque, Roselyne Bachelot, à Chamonix en septembre.
« C'était magnifique, mais ce qui m'a fait bizarre, c'est de voir certains footballeurs (après le fiasco du Mondial 2010, NDLR) à l'Élysée, puis les athlètes et les nageurs de retour de leurs championnats d'Europe. On a eu l'impression d'être mis à l'écart », regrette Lamy-Chappuis.
« On a bien lancé l'année sportive pour la France », se console-t-il.
commentaires (0)
Commenter