Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui s'exprimait en tant que porte-parole du groupe des principales Banques centrales, a de son côté estimé nécessaire hier d'avoir plus de « flexibilité » en matière de taux de change. Il a ajouté que les principaux banquiers centraux, réunis durant deux jours au siège de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, avaient « mentionné le fait qu'ils ne poursuivent aucune politique de monnaie faible ». M. Juncker, dans le sillage du gouvernement allemand, a par ailleurs critiqué les récentes mesures de relance de la Réserve fédérale américaine (Fed).
« Les récentes décisions de la Banque centrale américaine ne me paraissent pas répondre à tous les éléments d'attente que nous aurions pu nourrir », a-t-il indiqué. « Je vois plus de risques et plus de possibilités de dérapages globaux dans les décisions qui ont été prises par la Fed que de bienfaits », a-t-il encore dit, ajoutant que « les Européens qui seront autour de la table » du prochain sommet du G20 à Séoul « ne manqueront pas de poser un certain nombre de questions à nos amis américains ».
La Banque centrale américaine a décidé la semaine dernière d'injecter massivement des liquidités en dollars dans le circuit économique, via le rachat d'obligations d'État, afin de soutenir la croissance fragile aux États-Unis. Une décision qui a pour effet de diluer la valeur du billet vert. À la suite de cette annonce, l'euro était monté à 1,4282 dollar jeudi, son niveau le plus élevé depuis le 20 janvier. Il est redescendu depuis et évoluait hier autour de 1,39 dollar. La décision a suscité des critiques dans le monde, au moment où l'on craint une « guerre des changes » et des dévaluations compétitives entre grands pays. L'Europe souhaite en discuter lors du prochain sommet du G20 de Séoul les 11 et 12 novembre.
« La décision de la Fed ne me paraît pas être la bonne. On combat la dette par la dette. On s'érige en critique sévère de la politique monétaire chinoise, alors que d'une certaine façon et d'une façon certaine, on fait par des moyens détournés exactement la même politique », a encore accusé M. Juncker. Il a dit douter de la capacité des mesures de la Fed à relancer l'investissement et la consommation aux États-Unis, s'inquiétant à l'inverse de son impact inflationniste car elle fait fonctionner la planche à billets. « Je vois le risque de voir déferler vers les pays émergents des volumes de liquidités que ces pays ne pourront pas absorber », a-t-il soutenu.
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