"El-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa) est le groupe terroriste le plus innovant en matière technologique et en matière de propagande", souligne-t-il, citant l'exemple du jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait échoué en 2009 dans sa tentative de faire sauter le vol 253 de la Northwest Airlines à l'aide du même explosif (penthrite) que celui découvert dans les colis piégés, dissimulé dans son slip.
Le groupe est aussi soupçonné d'avoir travaillé sur des implants mammaires bourrés d'explosif.
L'utilisation du fret pose un nouveau défi. "Le fret a toujours été vu comme le talon d'Achille du transport aérien", a estimé l'expert de la revue Jane's aviation Chris Yates dans les médias britanniques. "Il est très difficile d'examiner en profondeur des conteneurs de grande taille, compte tenu des technologies utilisées", estime-t-il.
"Le succès de ces compagnies (de fret) impose des limites à leur capacité de surveillance, car ils ont un trafic de centaines de millions de colis par jour", a indiqué à l'AFP Mustafa Alani, directeur à l'institut de Dubaï Gulf Research Center.
La penthrite (PETN) placée dans l'imprimante à la place de la poudre à imprimer dans le colis découvert à Dubaï est un produit extrêmement difficile à détecter, note-t-il.
"Le colis a été inspecté au Yémen par la compagnie FedEx, qui possède comme UPS son propre système de détection, puis vérifié de nouveau à l'aéroport de Sanaa. Donc ce n'était la faute ni de la compagnie ni des autorités de l'aéroport", estime-t-il.
Selon les autorités britanniques, l'autre engin explosif, découvert à l'aéroport anglais d'East Midlands en provenance du Yémen via Cologne, en Allemagne, était également opérationnel. Aucun détail n'a été donné sur l'explosif et le détonateur utilisés.
La ministre de l'Intérieur britannique Theresa May a reconnu samedi que l'engin aurait pu exploser n'importe où. "Nous ne croyons pas que les auteurs de l'attaque pouvaient savoir où se trouvait l'engin au moment de l'explosion planifiée", a indiqué la ministre.
"Il y a une menace immense et continue du terrorisme", a estimé l'ancien ministre de l'intérieur britannique John Reid samedi matin, appelant à maintenir la vigilance dans les aéroports. Le patron de British Airways Martin Broughton avait appelé la semaine dernière à un allègement des contraintes de sécurité pour les voyageurs.
"Qu'il s'agisse d'un test, d'une répétition en vue d'un attentat, ou que le colis ait été destiné à exploser à bord ou à destination aux États-Unis - on peut spéculer sur tout celà, mais on ne doit pas spéculer sur la nature terrible de la menace", a souligné l'ancien ministre.
"Cette attaque est par nature bizarre, elle est très difficile à interpréter", a observé un ancien membre du comité d'urgence britannique, le colonel Richard Kemp, sur la BBC : "Celà montre une faiblesse dans la sécurité aérienne (...) mais celà montre aussi, de mon point de vue, une faiblesse d'el-Qaëda-- c'est encore un complot qui échoue".
"Ce n'est pas le genre d'attaque spectaculaire qu'el-Qaëda souhaite accomplir. Et celà montre qu'ils en ont peut-être l'intention, mais qu'il leur manque en ce moment la capacité de le faire".
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