« Il y a un risque que nous passions encore des mois et des années à être autocentrés sur nos problèmes » après avoir déjà passé « les dix dernières années » à accoucher du traité de Lisbonne, a-t-il ajouté, en marge d'une réunion à Luxembourg avec ses homologues de l'UE.
Ce traité, censé faire mieux fonctionner les institutions européennes, n'avait été que difficilement ratifié l'an dernier par l'Irlande et la République tchèque, dont le président eurosceptique, Vaclav Klaus, avait longtemps refusé d'apposer sa signature sur le document.
Or, le ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, a lancé une mise en garde hier.
« Dans ce monde tout est possible, mais ce n'est pas très vraisemblable », a-t-il lâché à propos de la faisabilité d'un nouveau changement de traité supposant l'accord unanime des 27 pays de l'UE.
L'attitude de la Grande-Bretagne reste aussi incertaine. Le Premier ministre conservateur David Cameron risque de se retrouver sous la pression des plus eurosceptiques de son camp, qui pourraient en profiter pour demander d'autres modifications du traité allant dans leur sens, comme un rapatriement de compétences de Bruxelles vers Londres.
« Il faut mettre ces risques en balance avec celui que le Fonds de sauvetage de la zone euro n'existe plus après 2013 », souligne de son côté le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche.
L'idée du changement de traité, qui sera discutée lors d'un sommet des dirigeants de l'UE jeudi et vendredi, doit en effet permettre de solidifier les fondements de la zone euro, après la grave crise grecque.
Si on ne fait rien, « l'Europe se rapprochera dangereusement du gouffre », a averti hier le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle.
L'Allemagne s'est laissé convaincre par la France de la nécessité de pérenniser le Fonds de sauvetage, créé au printemps pour les pays de la zone euro qui connaîtraient de graves difficultés financières. Il expire dans trois ans. Mais elle veut en passer par un changement de traité. Berlin redoute, sinon, de se faire censurer par sa Cour constitutionnelle car le traité actuel n'autorise pas qu'un pays soit sauvé de la banqueroute par ses partenaires.
Angela Merkel veut aussi imposer des sanctions « politiques » contre les pays trop laxistes sur le plan budgétaire : la privation des droits de vote dans l'UE.
« Ce ne sera pas facile à faire accepter », a reconnu M. Lellouche, « certains pays ont des réserves sur les sanctions politiques, d'autres s'inquiètent de la réouverture du traité et de ses conséquences ». « Il faut s'assurer qu'on ne va pas créer une nouvelle usine à gaz », ajoute le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, dont le pays préside l'UE.
Selon une source diplomatique, une réunion ministérielle dimanche soir sur le sujet à Luxembourg a montré « des réserves » de plusieurs pays.
La France et l'Allemagne prônent une procédure de changement de traité simplifiée pour éviter des référendums nationaux politiquement risqués, en arguant qu'il s'agit de modifications techniques. Mais d'autres capitales ne sont pas convaincues que ce sera possible, selon une source diplomatique.
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