Tout cela finit par peser lourdement sur l'économie.
Une façon simple de mesurer la santé économique d'un pays est d'étudier la croissance de son PIB (produit intérieur brut). Le PIB sert aussi de jauge au niveau de vie puisqu'il est la somme de tous les revenus : salaires, bénéfices des entreprises, profits des professions libérales, taxes perçues par l'État. Quand ces revenus sont affectés, les dépenses suivent forcément : les ménages dépensent moins, le secteur privé et l'État investissent moins, l'activité économique se ralentit.
Le dernier rapport du Fonds monétaire international (Lebanon : Real GDP Growth Analysis, juillet 2010) met la croissance réelle cumulée du PIB à 19,4 % de début 2005 à fin 2008 (1 % en 2005, 0,6 % en 2006, 7,5 % en 2007 et 9,3 % en 2008). En y ajoutant la performance de 2009 (estimée à 9 %) et celle de 2010 (prévue initialement à 9 % également, mais réduite depuis à 5,5 % compte tenu des tensions politiques de ces derniers mois et ceci dans la meilleure des hypothèses, c'est-à-dire s'il n'y a pas de soubresauts sécuritaires d'ici à la fin de l'année), nous en arrivons à une croissance réelle cumulée de 37,3 % entre début 2005 et fin 2010.
En comparaison à ce qui aurait dû se produire en l'absence (théorique) de tout ce qu'a vécu le pays depuis cette Saint-Valentin 2005 de triste mémoire jusqu'à aujourd'hui, la perte en croissance réelle est importante. En effet, si nous remplaçons les taux de croissance de 2005 (1 %) et de 2006 (0,6 %) par le taux annuel moyen observé entre 2000 et 2004 (5 %) et qui devait normalement se poursuivre en 2005-2006, et si nous reprenons ce qui était initialement prévu pour 2010 (9 % au lieu de 5,5 %), et ceci sans toucher aux taux des autres années (2007, 2008 et 2009), la croissance réelle cumulée aurait atteint 53,9 % au lieu de 37,3 %, soit une perte de 16,6 %. Sachant que le PIB de 2004 était de 20 milliards de dollars, cette perte de 16,6 % se chiffre à 3,3 milliards de dollars aux prix de 2004. À prix courants (en admettant un taux d'inflation annuel de 4 % entre 2004 et 2010), nous arrivons à une perte sèche de 4,2 milliards de dollars.
Le « profit » engendré par le soutien généreux de l'Iran depuis 2005 compense-t-il toutes ces pertes ? Et ces aides, tant vantées ces derniers jours par certains à l'approche de la visite du président iranien, sont-elles entrées dans les caisses de l'État ?