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Culture - Exposition

Le passé recomposé de Gérard Avédissian

Ancêtres arméniens et femmes de harem, Orient sobre et exubérant, c'est un univers fantaisiste et fantasque qui se déploie en couleurs chaudes et chatoyantes à la galerie Aïda Cherfan dès ce soir jusqu'au 29 octobre*.

Odalisque d’après Renoir, orientalisée par Gérard Avédissian

Des années passées au Liban à estampiller le théâtre libanais de son sceau (qui ne connaît pas Gérard Avédissian, ou son nom du moins ?), aux séjours dans les pays arabes travaillant dans la publicité - à Paris fondant sa propre boîte de 1987 à 1995 ou au Caire à la direction de Grey jusqu'en 2009 -, l'acteur et metteur en scène ne chôme pas. Passant du monde de la scène à celui des images et des logos, surfant avec aisance sur toutes les palettes, Avédissian dévoile aujourd'hui son jardin secret, celui du dessin et de la peinture. Un univers haut en couleur qui se nourrit des différentes strates de sa vie.
Tout a commencé en 2005 avec un petit soldat venant de Smyrne. Une fabuleuse histoire, puisque ce garçonnet, entouré d'un halo de couleurs vives, entre fièrement au musée Sursock. «C'était un pari, et je l'ai gagné» dit Avédissian en rigolant. Mais plus qu'un pari, c'était un déclic pour ouvrir la boîte de Pandore et révéler au public toutes les autres œuvres travaillées et entassées chez lui.

Une grande aventure
Pour Gérard Avédissian, tout est enchantement. À la quête du «beau et non du joli», précise-t-il, et à la recherche d'un passé jauni et flétri, l'artiste traque les miniatures dans les musées et églises, photographie assiettes, broderies et kilims, capte le passé volatile et le fixe, non sur une toile mais sur du «flex » (matériau des panneaux publicitaires), car plus endurant et plus malléable. Les personnages, qui semblent tous poser sur fond d'arabesques et de dessins animaliers et végétaux, sont réveillés du tréfonds de la mémoire par l'artiste, peints et habillés.
Avec persévérance et acharnement, il copie, assemble, coud et brode des dentelles chinées dans tous les souks orientaux, cisèle, puis colle et accroche des bijoux à ses caractères. Un travail de recherche, mais aussi de recomposition et surtout de mise en scène qui propulse des personnages communs et ordinaires.
«Ce n'est pas l'authenticité historique que j'ai recherchée ni le réalisme, mais la simple esthétique, avoue Avédissian. Tout se mélange dans ces œuvres aux couleurs luxuriantes. Ainsi, danseuses et prostituées se mêlent harmonieusement aux soldats et bachi-bouzouks ; femmes du monde et mendiantes, profane et sacré, mais aussi époques et pays d'Orient différents. Du Maghreb à la Turquie en passant par différents siècles, tout se marie, en harmonie dans une abondance de sens. Dans ce monde fantasmagorique, à la limite du rêve, la femme de basses mœurs devient madone et les batailles ont une odeur d'encens. On a envie de toucher et de caresser les personnages figés dans des poses hiératiques, ces voilettes et ces plumes de paon qui garnissent les figures féminines ou ces sabres rutilants qui ornent les ceintures des hommes. Ici, le tactile n'est pas interdit.» «Allez-y touchez, dit-il, c'est permis.» Fait assez rare chez un peintre qui n'admet pas en général qu'une main passe sur la toile. «Je n'ai pas peur du regard des autres et de leur jugement, le théâtre m'a appris à m'exposer aux critiques. Par contre, je suis curieux de voir comment ce travail sera perçu», poursuit-il amusé.
Dans ce va-et-vient entre le théâtre et la publicité, Gérard Avédissian a ouvert des parenthèses picturales, libres et colorées. Des parenthèses qui pourraient ne pas se refermer.
* Galerie Aïda Cherfan, place de l'Étoile. Tél : 01/983111-222. Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 19h30.
Des années passées au Liban à estampiller le théâtre libanais de son sceau (qui ne connaît pas Gérard Avédissian, ou son nom du moins ?), aux séjours dans les pays arabes travaillant dans la publicité - à Paris fondant sa propre boîte de 1987 à 1995 ou au Caire à la direction de Grey jusqu'en...

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