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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Seize ans après sa mort, Kim Il-sung toujours omniprésent dans la vie des Nord-Coréens

Depuis l'enfance, les Nord-Coréens sont bombardés de messages louant la grandeur du « Grand Leader » qui a fondé l'État communiste en 1948.
Il est mort depuis 16 ans et son fils lui a succédé, avant sans doute le petit-fils. Mais Kim Il-sung, « le Grand Leader », président fondateur de la République de Corée du Nord, est toujours vivant grâce à un culte exacerbé de la personnalité aux accents messianiques. Son visage souriant est partout sur les murs, des chants à sa gloire retentissent nuit et jour le long des avenues de Pyongyang et d'immenses monuments dédiés à ses exploits rythment le paysage désolé de la capitale.
« J'ai l'impression qu'il est encore avec nous, parce que le Grand Leader est toujours dans mon cœur », déclare le lieutenant Ri, guide dans un musée dédié à la « grande victoire » de la Corée du Nord lors de la guerre de 1950-53 qui a coupé en deux la péninsule.
Après sa mort en 1994 à l'âge de 82 ans, Kim Il-sung a été déclaré « Président éternel », tandis que son fils est le « Cher Leader ». « Kim Il-sung, Kim Jong-il, Jésus- Christ : voilà en quoi ils croient », note un visiteur asiatique, qui vient régulièrement dans ce pays. Les étrangers, qui ne peuvent se déplacer sans guide, doivent réserver leur première visite à une statue géante de Kim Il-sung. « En mémoire du président Kim Il-sung, inclinons-nous », demande la guide. Les visiteurs déposent des fleurs au pied du monument, au son d'un chant à la gloire du président. Une vieille femme se prosterne, avant de se mettre à balayer autour de la statue.
De l'autre côté de la ville se trouve le mausolée, où tous les Nord-Coréens, de la ville et de la campagne, viennent pour rendre hommage au père de la nation. Tous portent une broche ornée du portrait de Kim Il-sung et leurs plus beaux vêtements. Les touristes aussi doivent bien s'habiller.
Des tapis roulants transportent les visiteurs au sein d'un immense bâtiment aux plafonds élevés, avec lourdes portes en bois et chandeliers aux murs, où le président vivait et travaillait avant sa mort, selon les guides. On s'incline à nouveau devant une statue, blanche cette fois, avant de parcourir le couloir des Lamentations où un commentaire enregistré raconte que le pays a pleuré pendant dix jours après la mort du « fils de l'humanité ».
Son corps embaumé repose dans un cercueil de verre, sur une plateforme noire surélevée, au centre d'une pièce fraîche et sombre. Il porte un costume sombre, sous une couverture rouge. Une guide murmure que visiter ce mausolée renforce à chaque fois sa volonté de suivre l'exemple.
Depuis l'enfance, les Nord-Coréens sont bombardés de messages louant la grandeur de cet homme, qui a fondé l'État communiste en 1948 après avoir combattu les Japonais pendant la guerre. Après une industrialisation poussée dans les années 60, l'économie du pays s'est effondrée et une terrible famine a causé deux millions de morts à la fin des années 90, selon les ONG.
Dans l'école du « 9-Juin », une classe entière est dédiée à l'étude du président, et les murs sont couverts de panneaux relatant sa vie. Une autre salle est consacrée au dirigeant actuel. En entrant dans le bâtiment, la première chose que voient les écoliers est un immense portrait du président éternel. Il est le seul à être représenté via des peintures et des statues, mais la présence de son fils se fait aussi sentir.
Au sommet des immeubles gris, le long des routes et même au milieu des rizières, des slogans rouge vif enjoignent aux habitants de « suivre le général Kim Jong-il jusqu'au bout ».
Des fleurs portent son nom et celui de son père : la Kimilsungia (une fleur rose) et la Kimjongilia (rouge).
« Si l'on entend chaque jour, chaque jour, chaque jour » la propagande sur les Kim, « on finit peut-être par y croire », soupire le visiteur asiatique, qui n'a pas souhaité donner son nom. Mais un touriste suédois est exaspéré : « Cela fait cinq jours que je n'entends parler que de ces deux hommes ! » lâche-t-il en montant dans l'avion.

Ian TIMBERLAKE (AFP)
Il est mort depuis 16 ans et son fils lui a succédé, avant sans doute le petit-fils. Mais Kim Il-sung, « le Grand Leader », président fondateur de la République de Corée du Nord, est toujours vivant grâce à un culte exacerbé de la personnalité aux accents messianiques. Son visage souriant est partout...

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