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Économie - Commerce

Derrière l’apparente abondance à Gaza, une économie sinistrée

Les rayons du tout nouveau centre commercial de Gaza regorgent d'articles importés, mais l'apparente abondance générée par l'assouplissement du blocus israélien étouffe une industrie déjà asphyxiée par plus de trois ans d'interdiction d'exporter.

L’usine de boissons gazeuses Mecca Cola à Gaza. Rappelons que plus d’un tiers de la population active au chômage. Photo AFP/ Mahmud Hams

Ce grand magasin a été ouvert peu après la levée partielle du blocus par Israël sous intense pression internationale à la suite de l'arraisonnement sanglant le 31 mai d'une flottille d'aide pour le territoire palestinien.
Il vend désormais toutes sortes de produits, des jeans aux jouets, en passant par le chocolat, quasiment tous importés d'Israël.
 « À cause de l'afflux de marchandises d'Israël, de Cisjordanie et de Jordanie après l'affaire de la flottille, nous avons dû arrêter une de nos lignes de production », indique Moussa Siyam, propriétaire de l'usine de boissons gazeuses Mecca Cola, près de la ville de Gaza.
 « Nous ne pouvions pas rivaliser sur les prix parce qu'il y a toujours des matières premières que nous ne pouvons pas importer à Gaza, explique-t-il, en référence au dioxyde de carbone, qu'il doit produire lui-même à un coût bien supérieur. J'ai dû licencier 20 employés. »
Dans les coins de l'usine aux murs criblés d'impacts de balles de la dévastatrice opération israélienne « Plomb durci » fin 2008, gisent des machines endommagées.
Les dégâts de la guerre l'avaient déjà contraint à supprimer deux lignes de production, mais il était parvenu à maintenir une partie de l'activité grâce aux matières premières transitant par les tunnels de contrebande sous la frontière avec l'Égypte.
Le Fonds monétaire international a évalué à 16 % le taux de croissance de la bande de Gaza au premier semestre par rapport à la même période de 2009, grâce à des allègements du blocus israélien antérieurs à l'affaire de la flottille, mais à partir d'une « base très basse » et avec un taux de chômage supérieur à 35 %, un des plus élevés au monde.
 « Les producteurs sont toujours entravés du côté des importations comme des exportations », rappelle l'auteur du rapport du FMI, Oussama Kanaan, estimant que ce taux de croissance flatteur s'effritera rapidement sans levée des restrictions subsistantes.
Malgré l'assouplissement significatif du blocus imposé au territoire contrôlé par le Hamas depuis juin 2007, la situation est très loin de la normale, souligne Sari Bashi, directrice de l'organisation israélienne des droits de l'homme Gisha, qui étudie l'impact du bouclage. « Les matières premières remplissent 4 % des 4 000 camions qui passent chaque mois, contre 13,5 % des 10 400 camions transitant mensuellement » avant le blocus, précise-t-elle, jugeant l'amélioration peu sensible. « Les exportations et le mouvement des personnes sont interdits, et la guerre économique d'Israël est loin d'être finie », estime-t-elle. Israël assure ne plus limiter l'importation de biens strictement civils et impute à des « problèmes de coordination » avec l'Autorité palestinienne le fait que le nombre de chargements de camions demeure nettement inférieur à la capacité annoncée de 250 par jour du terminal israélien de Kerem Shalom.
L'Autorité palestinienne rejette sur Israël l'entière responsabilité de cette situation.
À Beit Lahia, dans le nord du territoire, l'usine de textiles Abou Dan employait avant 2006 150 ouvriers et produisait de 2 000 à 3 000 pièces par jour, exclusivement destinées à Israël.
Privée de ce débouché, elle fabrique aujourd'hui dix fois moins, avec 60 à 70 travailleurs, souvent temporaires, pour un marché saturé.
 « Le marché de Gaza est petit, et quand il y a des marchandises venant d'Israël et d'Égypte, il ne peut pas en absorber beaucoup plus », déplore le propriétaire, Jihad Abou Dan.
 « Israël laisse tout entrer mais rien sortir, résume-t-il, donc il ne fait en réalité que prendre notre argent. »

Ce grand magasin a été ouvert peu après la levée partielle du blocus par Israël sous intense pression internationale à la suite de l'arraisonnement sanglant le 31 mai d'une flottille d'aide pour le territoire palestinien.Il vend désormais toutes sortes de produits, des jeans aux jouets, en passant par le chocolat, quasiment tous...

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