Invité à se produire, à l'occasion de l'inauguration des souks de Beyrouth, par le We Group et Solidere, le mythique - et dynamique ! - compositeur français a offert à un public de 4 500 personnes (sans compter la foule aux alentours) un concert de plus de deux heures trente minutes mêlant sonorités électroniques, jeux de lumières, projections géantes et effets pyrotechniques.
Un « spectacle total » qui s'inscrit d'ailleurs dans le cadre de la première tournée internationale, baptisée « 2010 », de ce musicien showman qui a popularisé, dès la fin des années soixante-dix, le concept des megaconcerts donnés dans des lieux souvent emblématiques, comme les places de la Concorde à Paris, Tian'anmen à Pékin dans la Chine postmaoïste, les chantiers navals de Gdansk, le site de l'Acropole à Athènes, les pyramides de Gizeh, la nuit du passage au deuxième millénaire, pour n'en citer que quelques-uns...
Cet artiste qui déplace les foules en masse (trois millions et demi de spectateurs à Moscou, l'un de ses records consignés dans le Guinness Book) s'est livré à Beyrouth à une performance magistrale, n'épargnant ni son temps ni son énergie pour satisfaire un auditoire qui, proportionnellement à ceux auxquels il est habitué, pouvait passer pour restreint.
Homme-orchestre et artiste engagé
Charismatique et d'une simplicité que l'on sent authentique, en dépit de son statut d'icône de la musique du XXe siècle, Jean-Michel Jarre, tenue noire légèrement scintillante, allure juvénile et cheveux dans les yeux, déboule des gradins pour rejoindre la scène. Là, c'est à la fois en homme-orchestre - concentré sur ses multiples et véloces manipulations de touches, de boutons, de faisceaux et d'ondes - et en éternel jeune homme sautillant -encourageant des bras le public à se lever et faire de même - qu'il s'active pour immerger son auditoire dans son univers magique. Et l'entraîner à sa suite dans une odyssée sonore et visuelle assez singulière. Une promenade à travers des morceaux de ses plus fameux albums qui, d'Equinoxe à Rendez-vous, en passant par le fameux Oxygène (son premier succès planétaire en 1976), Chants magnétiques, Souvenirs de Chine ou encore Zoolook... ont emporté un public plutôt quarantenaire - au premier rang duquel se trouvait un grand nombre de politiques et de diplomates - dans un étonnant voyage sensoriel, où se mêlaient les réminiscences nostalgiques des années quatre-vingts (certains morceaux sont évocateurs de génériques d'émissions télévisées de cette période) avec ce son indéniablement griffé « 3e millénaire ». Même quand il a été créé trois décennies plus tôt !
C'est ce mélange nostalgico-futuriste (à l'image de Beyrouth ? De ses souks?) que l'on retiendra de la performance de ce musicien précurseur, showman de grand talent (il faut saluer ici la qualité de la mise en scène et celle des images simultanées qui défilaient sur écran), mais aussi artiste d'une belle générosité dans tous les sens du terme. Car s'il ne s'économise pas sur scène, JMJ, ambassadeur de bonne volonté auprès de l'Unesco et porte-parole pour l'environnement et l'éducation, profite aussi de son art et de sa popularité pour sensibiliser ses publics à ses engagements écologiques et humains. En faisant défiler notamment sur l'écran, entre deux morceaux, quelques chiffres alarmants sur l'état de la planète. Histoire de rappeler, par exemple, qu'un sixième des habitants de la terre n'a pas accès à l'eau potable !
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