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Liban - Éclairage

Les conseils de Bachar el-Assad à Saad Hariri...

Les incidents de Bourj Abi Haïdar sont en voie de règlement, mais l'alerte a été chaude, aussi bien pour les habitants de la capitale que pour les parties politiques concernées par les affrontements qui ont duré près de trois heures. Il semble désormais de plus en plus clair que ceux qui ont attaqué la mosquée avaient des précédents judiciaires et ne sont affiliés à aucun mouvement ou parti. Qu'ils aient pu être manipulés par des parties étrangères pour aviver la discorde interne ne rend pas les incidents moins graves. Le Hezbollah, qui se sent actuellement pris pour cible, a perdu deux combattants, dont un cadre, dès les premiers instants de l'affrontement, et malgré cela, il a été considéré comme l'agresseur, faisant face à une véritable levée de boucliers contre « sa présence armée » à Beyrouth. De son côté, le Courant du futur s'est déployé à Bourj Abi Haïdar et dans les quartiers environnants pour empêcher une extension des Ahbache dans ses bastions, sous prétexte que les membres de cette association seraient les victimes d'une agression chiite. De leur côté, les Ahbache ont vu dans ces incidents l'occasion rêvée d'augmenter leur popularité dans les rangs sunnites en se présentant comme leur véritable défenseur, et en même temps, ils ont voulu régler un vieux contentieux avec le Hezbollah, partenaire trop puissant, qui n'a tenu aucun compte de ses alliés sunnites lors des négociations pour les élections législatives de 2009. L'affaire aurait pu rester purement locale, n'était le climat général de suspicion qui règne entre toutes les parties et n'était surtout la conviction du Hezbollah que l'on assiste actuellement à un nouvel épisode du feuilleton visant à ôter toute légitimité à ses armes pour servir les intérêts israélo-américains.
Le ton est donc rapidement monté et le Premier ministre, qui, depuis le début du jeûne du ramadan, ne cessait d'appeler au calme et au dialogue, a brusquement multiplié les promesses d'une réaction ferme et décisive, se rendant lui-même sur les lieux des affrontements en signe de protestation, suivi d'ailleurs de près par le mufti Mohammad Rachid Kabbani. Il a même formé une commission ministérielle pour étudier rapidement les moyens de faire de la capitale une « zone démilitarisée », assurant que cette dernière n'enterrera pas le projet comme c'est souvent le cas des commissions. Bref, le pays était au bord d'un grave conflit..., sur fond de rumeurs insistantes sur la teneur de l'acte d'accusation du TSL.
C'est là que sont intervenus les « parrains arabes » de la nouvelle stabilité au Liban. Les autorités syriennes ont aussitôt convoqué les Ahbache à Damas pour les prier de régler au plus vite leur différend avec le Hezbollah, et sayyed Hassan Nasrallah a ensuite reçu cheikh Qaraqira pour une discussion franche. En même temps, le fils du roi Abdallah, l'émir Abdel Aziz, est intervenu auprès du Premier ministre Saad Hariri et du président syrien pour les pousser à une nouvelle rencontre. C'est ainsi que Bachar el-Assad a invité Saad Hariri à un repas nocturne « pour discuter de la situation en général ». Selon des sources libanaises proches de la Syrie, le Premier ministre libanais aurait commencé par présenter les sunnites comme les victimes d'une agression de la part du Hezbollah, mais il aurait été surpris par le fait que Bachar el-Assad avait été informé de tous les détails des incidents. Assad aurait ensuite assuré à son interlocuteur que l'appui à la Résistance et à l'armée libanaise constitue une ligne rouge pour lui et il lui aurait conseillé de ne rien entreprendre qui puisse remettre en questions les acquis des derniers mois, l'invitant à œuvrer en priorité pour le calme et la stabilité du Liban.
Les premiers résultats concrets de cet entretien, qualifié de « franc et de sincère » par les sources libanaises proches de la Syrie - qui assurent que les relations entre Assad et Hariri sont très cordiales -, ont été d'abord l'appel au calme lancé par Hariri lui-même au cours d'un iftar à l'Association des Makassed, suivi de la convocation d'une réunion du Conseil supérieur de la défense, présidé par le chef de l'État. En même temps, la commission ministérielle formée par le Premier ministre a remis le dossier de « la démilitarisation de Beyrouth » entre les mains de ce même Conseil, lequel a décidé, à la demande du président Michel Sleiman, qui a clairement déclaré qu'il n'est pas question de s'en prendre aux armes de la Résistance, qu'il faut retirer le sujet des armes dans la capitale de la surenchère politique.
Effectivement, depuis la rencontre nocturne de Damas, le Premier ministre et ses adjoints ont cessé de réclamer une campagne de l'armée pour retirer les armes à Beyrouth, et la tension a baissé d'un cran sur la scène politique. Le Conseil des ministres a certes évoqué ce dossier, mais celui-ci n'est plus un sujet de polémique dans les médias. Les incidents de Bourj Abi Haïdar, qui auraient pu déraper et se transformer en nouvelle discorde à grande échelle, ont été circonscrits et le Hezbollah, qui sait qu'il est le principal perdant dans tout affrontement interne, cherche de nouveau à remettre sur le tapis le dossier des « témoins diffamatoires » (c'est la nouvelle appellation des « faux témoins »). Mais cela n'empêchera sans doute pas le secrétaire général du Hezbollah d'évoquer les affrontements de Bourj Abi Haïdar au cours du discours qu'il prononcera demain à l'occasion de la « Journée al-Qods », décrétée par l'ayatollah Khomeyni le dernier vendredi du mois de ramadan. Toutefois, la plus grande partie de son discours devrait être consacrée aux négociations directes entre l'Autorité palestinienne et Israël.
Les incidents de Bourj Abi Haïdar sont en voie de règlement, mais l'alerte a été chaude, aussi bien pour les habitants de la capitale que pour les parties politiques concernées par les affrontements qui ont duré près de trois heures. Il semble désormais de plus en plus clair que ceux qui ont attaqué la mosquée avaient des...
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