Parallèlement, la Chine est en train de développer ses relations avec de nombreux pays, notamment les pays en développement. Le volume du commerce bilatéral avec le continent africain a, par exemple, augmenté de 10 milliards de dollars en 2000 à 90 milliards en 2009, comparé aux 86 milliards de dollars avec les États-Unis l'année passée. En outre, la Chine investit aujourd'hui au Congo (l'ancien Zaïre), qui a vécu 32 ans sous le pouvoir Mobutu et qui n'attire toujours pas les investisseurs occidentaux. La Chine investit de même en Algérie, au Nigeria, en Angola, au Soudan et en Afrique du Sud. Ces investissements sont notamment orientés vers les secteurs du pétrole, des métaux et de l'infrastructure.
Quelles sont toutefois les raisons pour lesquelles les pays émergents sont attirés par les capitaux chinois ?
1. Le modèle de développement chinois attire les pays pauvres étant donné le développement rapide de l'économie chinoise dans le cadre d'un régime politique « non démocratique », c'est-à-dire similaire aux leurs. Les zones économiques attirantes sont d'un attrait particulier pour ces pays. En outre, de nombreux pays ont été impressionnés par la résilience de l'économie chinoise face à la crise financière internationale qui avait bouleversé toutes les économies occidentales.
2. La politique de risque chinoise est complètement différente de la politique de risque occidentale. Les chinois sont souvent attirés par les projets à haut risque étant donné qu'ils visent la haute rentabilité.
3. La Chine a contribué au changement de l'image de l'Afrique dans le monde. D'un continent baignant dans la pauvreté et toujours en besoin d'aide étrangère, l'Afrique attire aujourd'hui les meilleurs investisseurs grâce, entre autres, aux Chinois. En 2006 et pour la première fois dans l'histoire contemporaine du continent noir, les investissements directs étrangers (IDE) ont dépassé le montant des aides internationales (48 contre 40 milliards de dollars respectivement). Les Africains sont reconnaissants aux Chinois quant à cette aide de marque.
Cette politique, loin d'être complètement anodine, contraste avec le passé colonial du continent africain, chargé de « mauvais souvenirs », ce qui semble faciliter l'implantation des investisseurs chinois en Afrique comme dans d'autres régions du monde. Si ces derniers sont aujourd'hui à l'assaut des marchés étrangers, ils n'en reste pas moins que les investisseurs étrangers, eux, se tournent également de plus en plus vers le marché chinois, en pleine croissance.
Pour mieux pénétrer le marché chinois et prendre de l'avance sur d'autres investisseurs, certains ont même décidé d'apprendre la langue chinoise - une condition qui semble désormais incontournable pour les générations futures qui souhaitent se lancer dans des affaires en Chine ou établir, à partir de leur pays, des liens avec des commerçants ou investisseurs chinois.
Certes, la langue chinoise ne pourra jamais dépasser les langues latines et anglo-saxonnes en termes de popularité, étant donné qu'elle est régionale et qu'elle ne séduit pas jusqu'à ce jour l'ensemble des populations.
Avec le temps, elle pourrait toutefois gagner du terrain, vu la croissance et la diversification de l'économie chinoise. Au Liban et bien que le chinois commence à séduire la jeunesse, la demande reste bien modeste comparée aux langues traditionnelles.
*Professeur d'économie et de finance à la Notre Dame University (NDU).